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Message : Re: Abréviations

(Jacques Melot) - Jeudi 21 Février 2002
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Subject:    Re: Abréviations
Date:    Thu, 21 Feb 2002 16:58:46 +0000
From:    Jacques Melot <jacques.melot@xxxxxxxxx>

 Le 21/02/02, à 11:02 -0500, nous recevions de Aurel Ramat :

A 12:12 02-02-21 +0100, vous avez écrit :
* Jacques Melot <jacques.melot@xxxxxxxxx> [020221 11:44]:

 [guide Ramat]
 c/o pour compte ouvert

 entre en conflit avec une abréviation anglo-saxonne, malheureusement
 très fréquente en France (et, je pense, plus que dans le sens de
 compte ouvert, que, encore une fois je ne me souviens pas avoir
 rencontrée), à savoir « care of », compris, le plus souvent, dans le
 sens de « à l'attention de ».

J'ai utilisé c/o pour "compte ouvert", car je ne parle que de règles
"françaises". Je sais que c/o est l'abréviation anglaise de "care of", mais
en français nous avons a/s (aux soins de, à l'attention de).

Quant à la barre oblique, moi non plus je ne suis pas très chaud pour son
emploi. Mais l'usage est installé depuis longtemps dans des abréviations
comme N/Réf. (notre référence) ou V/O (votre ordre). La barre oblique est
utilisée pour différencier deux abréviations qui sinon auraient la même
graphie. Exemples : c/c (compte courant) et c.c. (copie conforme). Ou
encore : V/O (votre ordre) et VO (version originale).

Je sais qu'il y aurait un ménage à faire dans les listes d'abréviations
courantes. Il faudrait tout reprendre à zéro. Mais il faudrait que ce soit
fait par un organisme officiel.



Il est sûr que ce que nous pouvons faire ici ne va guère au-delà d'une prise de conscience collective. Quant à changer quelque chose aux abréviations, c'est bien difficile, puisqu'elles sont habituellement listées en fonction d'un usage, comme c'est le cas dans votre ouvrage par exemple (soit dit en passant, l'absence de c/o dans le sens anglais m'a plus, car au moins quelqu'un ne pourra pas s'appuyer sur votre ouvrage pour soutenir mordicus « c'est bien correct en français, c'est dans le Ramat ! »), à moins justement d'être en position de pouvoir publier quelque chose ayant un caractère officiel et donc valeur de norme. Et même alors... Ce que l'on peut faire en revanche est lister les usages, comme le font les dictionnaires, tout en émettant une opinion défavorable dans certains cas (si possible argumentée, et bien). C'est ce que l'on trouve par exemple dans le Petit Robert à « taxinomie » où la variante « taxonomie » est signalée tout en étant explicitement déconseillée.

Je pense que beaucoup plus de gens qu'on l'imagine habituellement ont finalement à coeur de respecter les règles de la typographie dès l'instant où elles ont l'occasion de remplir tant soit peu le rôle de rédacteur, ne serait-ce qu'en rapport avec le sentiment, sans doute plus ou moins inconscient, d'acquérir par là un pouvoir sur l'autre. Et il est facile de se prendre au jeu. Si donc nous savons fournir des règles claires assorties d'explications convaincantes, il est, je pense, tout à fait possible d'induire certaines modifications de l'usage, dans un sens ou dans un autre. Des explications claires, assorties d'exemples, concernant l'emploi de la barre oblique, pourraient permettre une évolution dans les usages, par l'intermédiaire de ceux qui publient. On sait à quel point le lecteur est influençable : l'anarchie typographique issue de publications faites sans respecter les règles de typographie, ou suivant des règles contradictoires, a pour résultat une anarchie au pro rata, lorsque le lecteur devient occasionnellement rédacteur. Il y a là un cercle vicieux. Une amélioration dans le milieu relativement restreint et nécessairement plus conscient de ceux qui ont des responsabilités rédactionnelles (je ne parle pas ici des professionnels de l'édition, presse comprise, encore que de nos jours...) devrait se traduire par une amélioration générale dans le public.

Une difficulté bien réelle est que les premiers intéressés (professionnels exceptés), c'est-à-dire les personnes qui rédigent des textes destinés à être diffusés, ignorent souvent jusqu'à l'existence des codes typographiques ou documents assimilables. J'ai encore dû informer récemment un collègue qui reprend la direction d'un périodique scientifique de leur existence ! D'autres, en place, ont vaguement vent de leur existence ou se doutent qu'il en existe, mais s'en passent parce qu'ils ne savent pas où les trouver. L'information du public dans ce domaine est tout à fait insuffisante.

   Jacques Melot


Aurel Ramat

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   Aurel Ramat
   (514) 499-1142
   ramat@xxxxxxxxxxxx
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