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Message : Re: calligraphie d'enseignant ou pathologie ?

(Olivier Randier) - Dimanche 29 Septembre 2002
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Subject:    Re: calligraphie d'enseignant ou pathologie ?
Date:    Sun, 29 Sep 2002 21:14:49 +0200
From:    Olivier Randier <orandier@xxxxxxxxxxxx>

>Le dimanche 29 septembre 2002 (13:14:13), Michel Bovani :
>
>> Le problème qui est derrière, c'est la façon dont les institutions
>> maîtrisent (ou ne maîtrisent pas) la qualité des écrits qu'elles produisent
>> : on en a déjà parlé... Et ça, ça n'est pas hors charte !
>
>  Le problème est assez général. Il y a deux mille ans, à Rome ou en
>Grèce la base de la rhétorique était une base essentielle de
>l'enseignement. La rhétorique, c'est-à-dire l'art de convaincre, qui
>était aussi l'art de parler en public, de "communiquer" (pour utiliser
>un mot moderne un peu passe-partout).

Sans aller chercher aussi loin, Richaudeau fait remarquer qu'à la
Renaissance un enseignant, donc un lettré, avait forcément suivi une
formation de clerc : il maîtrisait aussi bien l'écriture sous toutes ses
formes élaborées (un grand nombre de styles calligraphiques) qu'une bonne
partie des étapes du processus de production des livres. Mais, évidemment,
ça ne touchait qu'une infime élite.

>  A mon avis, un bon équivalent moderne serait justement l'écriture ou
>la typographie. Mais en France, ni l'une ni l'autre n'est considérée
>comme essentielle dans la formation d'un individu. Pourtant les
>occasions de produire un texte écrit à l'intention d'un groupe de
>personne sont nombreuses, de plus en plus nombreuses même, avec
>Internet.

Oui. J'ai déjà exprimé à maintes reprises mon souci de constater que tout
un chacun soit aujourd'hui en mesure de produire des documents imprimés,
sans recevoir à aucun moment de formation en ce sens. Je crois que c'est
une lacune grave. Et, d'après ce que certains enseignants ont raconté ici,
cette lacune semble aujourd'hui s'étendre à la lecture. Parce que
l'habitude de lire des documents mal composés par des profanes induit une
mauvaise compréhension des bases de la lecture typographique. Par exemple,
l'irruption croissante du gras et du souligné pour marquer l'emphase semble
faire perdre la compréhension du sens de l'italique. Il risque de s'établir
une sorte de dichotomie entre la typographie « pauvre » de ceux qui ne
lisent que les cours et la typographie « riche » de ceux qui savent encore
lire des livres.
C'est d'autant plus dommage qu'exploiter la fascination de nombreux jeunes
pour l'informatique serait souvent un bon moyen de susciter leur intérêt
pour d'autres matières. Et, dans ce domaine, la typographie et la mise en
pages sont à la croisée de nombreux chemins.

>  De là à dire qu'on devrait enseigner les secrets du quoted printable
>en cours de français... :-)

Le quoted printable, certainement pas, c'est un problème technique passager
(enfin, peut-être...) sans grand intérêt. Mais apprendre aux élèves et aux
enseignants l'usage des capitales, des guillemets, de l'italique,
certainement.

Pour en revenir à l'exemple cité, une bonne approche serait peut-être de
proposer de l'aide à l'enseignant pour composer quelques documents
proprement et tenter de susciter son intérêt pour l'apprentissage de la
typographie et de la calligraphie. Peut-être même faut-il s'adresser à
l'ensemble des enseignants pour toucher celui-ci de façon détournée sans le
braquer.
Par ailleurs, sa calligraphie, si elle est illisible, ne manque pas
d'intérêt : j'ai rarement vu (hors cas volontaires) des graphies latines
évoquant autant le coufique ou le karmatique ! Des origines arabes,
peut-être ?