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Message : Re: [typo] discographie

(Thierry Bouche) - Vendredi 07 Février 2003
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Subject:    Re: [typo] discographie
Date:    Fri, 7 Feb 2003 12:12:33 +0100
From:    Thierry Bouche <thierry.bouche@xxxxxxxxxxxxxxx>

Le jeudi 6 février 2003 à 23:25:37, Luc Bentz écrivit :


LB> Ce qui est significatif, c'est que le traitement typographique (ital ou
LB> romain) est très variable. « A priori » est traité, par le Lexique de
LB> l'I.N., comme une locution latine dénuée d'accent mais à traiter... en
LB> italique (ce que contestait J.-P. L.)

contestation logique, mais contestable...

On l'a déjà beaucoup dit, mais comme la question revient régulièrement,
n'hésitons pas à le répéter... l'italique dénote (il est plus objectif
que le guillemet) certes, mais dénote souvent un commentaire subjectif
sur l'état de la langue ; un peu comme le trait d'union permet de forger
des syntagmes au petit bonheur : c'est de la responsabilité du couple
auteur-typo, ça porte un sens, il suffit de savoir lequel.

Dans le cas d'_a priori_, le dilemme est simple : ça fait tellement
longtemps que cette locution erre dans notre langue, dans laquelle elle
a peut-être en outre trouvé sa forme définitive ou du moins ses
utilisateurs les plus fidèles, qu'on peut la considérer à bon droit
française plus que latine. Si c'est ce que je veux « dire » avec mes
outils typographiques que sont l'italique et le romain, il me faut donc
la composer en romain. Mais en romain, ça coince sous sa graphie
standard : le seul _a_ flottant inaccentué de notre langue est le verbe
avoir à la troisième personne de l'indicatif ; ça perturbe tellement
d'en trouver d'autres qu'on a inventé l'accent sur son cousin le _à_. À
partir de là (je pense avoir suivi jusqu'ici le chemin relativement
univoque qui conduit à l'étude d'une réforme pour la graphie d'_a
priori_ dans l'optique où la langue française déciderait de reconnaître
cet enfant bâtard) les divergences s'accumulent : à priori, à-priori,
a-priori, apriori... Si on se souvient que l'accent sur le _à_ est
uniquement là pour nous dire qu'il ne s'agit pas du verbe avoir, _à
priori_ est en effet la solution la plus satisfaisante. Mais voilà, les
lecteurs on pris l'habitude d'identifier _à_ et « la préposition à »,
donc, n'hésitant pas à Jefifier courageusement en cette fin de semaine,
je proposerais d'utiliser un autre accent : á priori, â priori, å príorÿ
(ce qui, en outre, aurait pour avantage d'élargir le champ des vocables
susceptibles de figurer dans les pangrammes, qui en deviennent brabants,
à la longue !).

Dans l'attente d'un consensus sur l'une des infinies possibilités de
francisation de cette locution bien française, je continuerai à employer
la seule graphie évidente et qui ne pose aucun problème (à part
« moral ») : _a priori_.



 Thierry Bouche