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Message : [typo] Indicatifs de langue

(B.Gaudin) - Jeudi 02 Octobre 2003
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Subject:    [typo] Indicatifs de langue
Date:    Thu, 2 Oct 2003 08:52:44 +0200
From:    "B.Gaudin" <B.GAUDIN@xxxxxxxx>

Eh bien, que de commentaires intéressants !
Merci à tous ceux qui ont répondu. Jean-Marie, vous êtes pardonné, votre
remarque et le doute engendré ont été plutôt fructueux.
Merci Jacques d'avoir fait appel à Alain.
Merci Alain pour cette réponse étoffée.

Et enfin, que préférez-vous : bdc ou cap ? ;-))
--
Brigitte Gaudin
Traductrice es, ca, fr
Traductora ES, CA, FR
BGG_FranceTrad@xxxxxxxxxxx


From: Jacques Melot <jacques.melot@xxxxxxxxx>
>
>    Hélas, pour les langues, je ne sais pas, mais Alain LaBonté (ISO,
> Québec), que je mets en copie, lui saura sans aucun doute.
>
>    Bonne fin de soirée,
>    Jacques Melot

From: "Alain LaBonté" <alb@xxxxxxxxxxx>

[Alain] Pour les codes de langue, voir la norme internationale ISO 639-1,
qui comporte un code dont les codets ont deux lettres minuscules (ce qui
nous limite à 676 langues -- or il y en a plus de 3000 bien vivantes sur
les 6000 qui sont encore parlées ou écrites). Les standards Internet
utilisent en pratique ces codets pour le choix de la langue car ils sont
uniques.

   La même norme (en fait la partie 2 de la norme internationale ISO 639)
prévoit aussi une version à trois lettres, ce qui serait amplement
suffisant pour les besoins passés et présents. Hélas, deux codes à trois
lettres sont normalisés par l'ISO 639 (à cause de la bibliothèque du
Congrès américain, qui avait déjà son propre code à trois lettres, mais
avec des abréviations anglaises, et jamais cet organisme, ni les pays non
anglo-saxons, n'ont voulu faire de compromis).

   « On » s'est entendu pour la mascarade suivante : un des codes à trois
lettres est dit bibliographique (ISO 639-2/B -- c'est celui de la
bibliothèque du Congrès -- pour le français, le codet est « fre » [pour «
French »] ; pour le chinois le codet est « chi » pour « Chinese »), et
l'autre est dit terminologique (ISO 639-2/T -- les codets sont basés sur
l'abréviation en caractères latins du nom de la langue dans cette langue
lorsque cela est possible [il y a des collisions] -- pour le français, le
codet est fra [pour « français » ; pour le chinois le codet est « zho »
pour « zhongwen »]). Il existe une vingtaine de différences de codets entre
la 639-2/B et la 639-2/T. Certaines langues ne sont pas encore codées, et
c'est le cas -- de mémoire -- de sept des dix langues amérindiennes du
Québec.

   Il existe une autre norme internationale analogue pour les codes de
devise, l'ISO 4217, qui précise des codets à trois lettres pour identifier
les devises et autres unités de change. Les deux premières lettres sont
généralement basées sur les codets ISO 3166 de pays (sauf pour quelques
devises dont l'euro, qui a comme codet EUR), la troisième lettre apportant
une précision de plus -- CAD pour dollar canadien, GBP pour livre
britannique, DZD pour dinar algérien).

   Il est curieux que cette question arrive aujourd'hui, car il y a eu une
polémique soulevée par les Américains (polémique basée sur une nouvelle mal
rapportée par Newsweek et que deux consortiums n'ont pas vérifiée). La
polémique a trait à deux problèmes, l'un réel, l'autre potentiel.

    Le premier problème, réel, c'est que pour les codets de pays, l'ONU --
d'où l'ISO tire sa source -- réattribue des codets qui sont désuets depuis
au moins dix ans... Actuellement, on a réattribué à la Yougoslavie l'ancien
codet de la Tchécoslovaquie, qui a cessé d'exister il y a une décennie. Ce
problème est bien réel, et s'ajoute au problème déjà identifié par Jacques
Melot.

    Le deuxième problème -- une fausse nouvelle véhiculée par Business Week
et CNET, apparemment -- voulait que dorénavant l'ISO exige des redevances
pour l'utilisation de tous ces codets. Au moins deux consortiums -- et non
des moindres, Unicode et le W3C -- ont prêté foi à cette nouvelle créé pour
faire sensation, et en ont fait une véritable crise d'hystérie sans avoir
vérifié à la source... La nouvelle a pris des proportions mondiales telles
que l'ISO a dû publier un communiqué pour rétablir les faits. Voir
http://www.iso.org/iso/fr/commcentre/pressreleases/2003/Ref871.html

Alain LaBonté
Québec