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Message : Re: [typo] Especes d'espaces... (Thierry Bouche) - Jeudi 05 Août 2004 |
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Subject: | Re: [typo] Especes d'espaces... |
Date: | Thu, 5 Aug 2004 13:43:52 +0200 |
From: | Thierry Bouche <tbouche@xxxxxxx> |
Le mercredi 4 août 2004 à 09:54:14, Alain écrivit : >>espaces mot invariables : typiquement après une puce en début de >>ligne (en fait on utilise en général une insécable, mais ça ne devrait >>pas être utile), >> AH> J'avais rectifié mon lapsus sur la variance ! AH> Un autre cas, c'est l'espace après le tiret d'incise qui précède une réplique AH> dans un dialogue. s'appelle-t-il encore le tiret d'incise dans ce cas ? Oui, c'est le même cas (si ce n'est que dans une liste où la « puce » est le tiret ou dans des dialogues, l'espace après est nécessairement l'espace mot, tandis qu'avec une puce dingbat, on peut très bien vouloir d'autres espacements : il me semble que le coup de la tabulation convient bien dans ce deuxième cas) > Espace AH> invariable, donc, et placement automatique d'icelle (est-ce que T*X*** sait AH> faire ça automatiquement ? Pas XP*****, ni à ma connaissance ID***) pas vraiment de réponse à ça : soit tu saisis le dialogue comme une liste, et tu as dans tes paramètres de liste comme ça, soit tu insères l'espace que tu veux au bon endroit : ---\Kr Oui ?... je ne vois pas trop ce que ça pourrait vouloir dire, automatique, dans ce cas : il faut bien que quelqu'un dise qu'il s'agit d'un dialogue et qu'il faut un tiret suivi d'une espace fixe. >>en revanche, on peut préférer disons une >>espace insécable qui se rétrécit à la même vitesse que les >>justifiantes de la même ligne >> AH> Là aussi, je suis d'accord : un genre d'insécable variable, mais qui rétrécit AH> moins que la sécable. Que se passe-t-il quand les espaces s'élargissent ? ça AH> arrive aussi, tu sais ? Bon, tu as lu en diagonale et supprimé de ta citation la réponse à ta question... je proposais : rétrécissement aussi rapide (pour pas se retrouver avec une espace plus forte là où le lien devrait justement être plus serré), élongation plus lente (pour la même raison). Il se trouve que je peux faire une telle espace en un rien de temps avec tex (ce que j'appelle fondre mes semijustifiantes), et l'utiliser sans même attendre que le plomb refroidisse ! C'est même cadeau en standard dans l'espacement des guillemets pour les utilisateurs de latex via frenchb/babel. (et on peut évidemment s'en fondre quelques-unes et les employer automatiquement devant certaines classes de ponctuation). Je vais me permettre une petite digression sur les espaces dans TeX parce que je crois que ça en vaut la peine pour le sujet. La grande question, ensuite, c'est comment on met une chose pareille dans une interface wysiwyg (mais en fait, il suffirait de pouvoir ouvrir une boite dans laquelle on définisse l'espace en question en lui donnant un nom, et de pouvoir lui associer un raccourci clavier). De façon générale, ce genre de possibilité dans les logiciels de PAO pourrait faire exploser le niveau de qualité possible. Je persiste à penser que l'interface wysiwyg est un carcan qui rend souvent impossible à l'utilisateur de paramétrer un moteur de composition beaucoup plus flexible que ce que l'interface autorise à faire. Analogie toujours avec les synthétiseurs qui peuvent faire toute la gamme micro-tonale, et qui sont livrés avec un clavier bien tempéré ! Donc, tex a d'abord un ensemble de dimensions dans lesquelles l'utilisateur peut piocher pour définir des espaces, ces dimensions sont notamment : le petit point (il en faut quelques millions pour faire un pouce), le point pica (72,27 pour un pouce), le gros point (ou point PAO : 72 pour un pouce), le point didot, le millimètre et le pouce. Ce sont des dimensions « fixes » à cela près qu'on peut zoomer la page produite, évidemment. Ensuite, tex fournit à ses utilisateurs des dimensions extrêmement pratiques pour créer des blancs qui survivent aux changements de corps ou de police : ex (hauteur d'x de la police *courante*), em (cadratin de la police *courante* ou, si l'on préfère, valeur du corps utilisé -- mais c'est une valeur déclarée dans la police, et c'est donc au dessinateur de la police de choisir s'il donne une valeur différente du corps). Ensuite de cet ensuite, il y a des dimensions infinies : fil et fill qui suivent les règles d'arithmétique : fini + infini = infini (fill est infiniment plus infini que fil, ça permet de mettre un blanc infini quelque part dans une maquette et de l'écraser à l'utilisation). C'est comme ça qu'on implémenterait l'« espace sans alinéa » d'ID. Ensuite de tout ça, tex stocke dans des registres les valeurs en cours d'utilisation, comme par exemple toutes les métriques d'une police, or c'est chaque police qui définit elle-même le bon usage qu'on doit en faire : espace mot idéale, valeurs minimale et maximale, on peut donc également récupérer ces valeurs d'abord parce qu'on peut très bien décider de les modifier (on charge la fonte, et on définit les registres correspondants à 80 % de ceux lus dans la police, p. ex., ou on double l'espace mot idéale sans toucher à ses paramètres d'élasticité, etc.) Par exemple, la définition de \Kr comme espace fixe insécable de la valeur de l'espace mot idéale de la police en cours pourrait être : \def\Kr{\kern\fondimen2\font} (un \kern est un crénage fixe, à utiliser avec parcimonie et de façon insécable, car il ne disparaît pas en début de ligne si ça coupe !) l'espace semijustifiante insécable pour les guillemets français est celle-ci : \def\guill@spacing{% % insécable : pénalité maximum en cas de coupure \penalty\@M % \hskip fait une espace horizontale élastique \hskip % valeur « au repos » : 80 % de la deuxième dimension enregistrée % dans la fonte courante : espace mot idéale de ladite fonte .8\fontdimen2\font % qui peut s'élargir jusqu'à 30 % de l'élasticité autorisée pour % l'espace mot standard plus.3\fontdimen3\font % et qui se contracte comme l'espace mot (réduite à 80 %) minus.8\fontdimen4\font} Vu comme ça, c'est un peu effrayant, mais j'ai désormais un nom de macro (p. ex. \Kr) que je peux saisir dans mon texte là où je veux l'espace en question : pas plus compliqué que de taper sur une touche spéciale ou aller dans un sous-menu pour sélectionner un glyphe étrange ; et je peux évidemment lui allouer un raccourci clavier dans mon éditeur de texte si je dois m'en servir souvent. [la valeur de la fine] AH> Il y aurait de quoi en faire un long article, mais je doute qu'il intéresse AH> beaucoup le vaste peuple. on devient consuméristes, sur cette liste ? >>Chose acquise : >> >>du temps du plomb (Lefevre, disons) : fine = 1 pt, pouvant aller à 2, >> AH> Ça me semble difficile de comparer. AH> En compo froide, que nos grands anciens me détrompent si nécessaire, la AH> justification se faisait à l'aide des espaces. Un typo habile, pour une compo AH> élégante, équilibrait les espaces, les fines et tout le toutim pour leur donner AH> des valeurs équivalentes au moins au sein d'une même page : résultats AH> magnifiques. Dans une compo pourrie, il faisait ce qu'il voulait (et c'était AH> parfois un peu... étrange, au final). AH> De nos jours, le problème se pose tout à fait différement puisque les logiciels AH> agissent sur tout un tas de paramètres évidemment innaccessibles quand la AH> composition était « matérialisée ». euh, je comprends rien à ton doux sabir. Le moteur de composition est supposé être un « système expert » qui a modélisé le fameux travail du typo plomb et cherche donc à faire la même chose. La grosse vraie question est simplement comment on prépare la « copie » pour que ce système sache ce qu'il faut faire, et comment. Si je veux une fine de 0,5 pt avant la virgule, mais qui soit autorisée à se réduire en cas d'urgence, mais pas à se dilater, je suis dans la position du prote qui dit ça au compositeur, et qui attend qu'il applique avec sagacité ces règles. Donc, non, le paradigme est le même, sauf qu'on a une flexibilité supplémentaire due à la dématérialisation des caractères, et une communication plus difficile avec le ventre de l'ordinateur (due à des interfaces conçues pour des mal comprenants informatiques pas forcément au courant de la notion de copie préparée). AH> Autre élément : nous faisons désormais considérablement varier les forces de AH> corps, selon les boulots et parfois au sein d'une même page AH> Moyennant quoi, nous avons désormais besoin d'une définition _générale_ de la AH> fine, quel que soit la force de corps. Lefevre naviguait en composition AH> courante entre du corps 10 et du corps 12 : une fine d'un ou deux points lui AH> allait fort bien (surtout avant les virgules, surtout si le but du jeu était de AH> pouvoir les ôter en cas de problème avec la justification, etc.) ben tu traduis donc 1 pt par em/10 et hop (ou em/9 si t'es Tschicholdien) AH> Dernier point : les temps changent, la perception du gris typographique aussi. AH> Pas sûr que de nos jours, seraient admis comme simplement _acceptables_ les AH> espaces et les fines de la compo bas de gamme du XIXe siècle. ça... c'est vrai qu'on voit moins de lézardes, au final, mais pour les espaces, il semblerait que le lecteur de Libé avale vraiment tout, non ? [Tsch**] AH> Mon souvenir est quand même qu'il parle de la beauté de l'espace égale au _i_, AH> de sa parfaite adaptation au texte courant et au livre (en tout cas en allemand AH> : mots longs et problèmes de césures). Qu'il milite pour un rétrécissement de la AH> valeur de l'espace, remarquant la tendance générale (et hélas ! pas démentie : AH> plus ça va, plus elles sont grandes) d'un élargissement parfaitement AH> regrettable. oui. AH> M/3, tu dis ? Ça dépend de la chasse du M, évidemment Non, non : ici M = em = cadratin. (qui n'est *pas* la chasse du M, combien de fois ai-je lu cette erreur !) AH> Quand à _em_, bien malin qui nous dira combien il vaut : c'est AH> écrit dans la BoudingBox, c'est ça ? non, em dans la plupart des logiciels, c'est juste le corps de la police en cours, chez tex, c'est choisi par le dessinateur, il doit aussi y avoir des trucs de ce genre dans les tables OT. AH> Autant dire qu'on en sait rien et que ça AH> change selon les polices... justement, c'est l'intérêt ! La fine *dépend* de la police !! AH> 2) soit du double de la chasse du 0 (zéro), autrement dit une fine serait un AH> demi-zéro, autrement dit pas grand chose - vu que diviser 0 par deux ça donne AH> presque rien (on dirait du Raymond Devos, mais je dois à l'honnêté d'informer AH> les béotiens, les InDesigniens, les TeXiens, que je n'invente rien : cette AH> absurdité est la valeur _par défaut_ que XP**** propose à ses utilisateurs.) bon, à part le jeu de mot, ça te fait un quart de cadratin dans les cas généraux (en particulier avec les polices linotype) AH> Reste qu'on a besoin d'une fine (valeur à définir par l'utilisateur) ET d'une AH> micro-fine (pour mettre avant les appels de note par exemple). Pas trop AH> dilatable, la fine. Juste un tout petit peu. Pas dilatable du tout, la AH> micro-fine : elle n'est pas faite pour ça. on a besoin de se fondre ses espaces pour chaque boulot, je pense. En avoir une tripotée pour écrire une lettre à sa chérie encombre les menus, Et il y en aura toujours une qui manque dans l'interface si elle a été conçue une fois pour toute par quelqu'un qui n'a pas les mêmes idées que toi sur le sujet. AH> À une époque, toujours extrémiste, tu voulais _en plus_ une fine négative pour AH> bidouiller des maths : ah ! jeunesse, fougueuse jeunesse, comme tu nous sembles AH> lointaine. je l'ai en standard, et quelques autres... (et je peux évidemment m'en faire autant que je veux !) >>Mais Indesign doit coller plus près d'unicode, et ces espaces-là sont >>des caractères dans unicode... Donc probablement définis par une >>police OT. >> AH> On rejoint ici un vieux débat, mais z'enfin : Unicode est là pour nous servir, AH> et non pas nous pour servir Unicode. Qu'un technocrate de l'ISO, ou de AH> l'industrie, ou de n'importe où, ait l'idée saugrenue d'introduire dans cette AH> usine à gaz des « espaces chiffres » est parfaitement possible (s'il ne l'a pas AH> eu, il l'aura un jour ou l'autre, il en fera un cas d'espèce, un motif de AH> rupture, l'annonce probable de la fin des temps si le consortium s'y refuse, AH> etc.) AH> Qu'on se plie à ce genre de caprices (« On » : les utilisateurs, les AH> programmeurs, les concepteurs) me paraît insensé. Ben moi je trouve pas ça idiot : les espaces dans une police sont des glyphes sans oeil avec une chasse. Si le dessinateur a pris le temps de définir un glyphe « espace fine » et un autre « feuille de papier à cigarette » (qu'unicode appelle hair thin à cause des risques de procès des associations anti-nicotine), je peux bien récupérer cette chasse comme valeur au repos de ma fine, etc. Thierry
- Re: [typo] [ID] Espace fine et espace de lisibilite et les autres, (continued)
- Re: [typo] [ID] Espace fine et espace de lisibilite et les autres, Jean-Denis Rondinet (30/07/2004)
- Re: [typo] [ID] Espace fine et espace de lisibilite et les autres, Thierry Bouche (03/08/2004)
- Especes d'espaces..., Alain Hurtig (04/08/2004)
- Re: [typo] Especes d'espaces..., Thierry Bouche <=
- Re: [typo] Especes d'espaces..., Alain Hurtig (06/08/2004)
- Re: [typo] Especes d'espaces..., Thierry Bouche (09/08/2004)
- Dictionnaire des noms propres, Fateh (06/08/2004)
- Re: [typo] Dictionnaire des noms propres, Jef Tombeur (06/08/2004)
- Re: Dictionnaire des noms propres, Fateh (07/08/2004)
- Re: [typo] Especes d'espaces..., Alain Hurtig (07/08/2004)
- Re: [typo] Especes d'espaces..., Alain Hurtig (10/08/2004)