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Message : Re : [typo] accent

(Jean-François Roberts) - Vendredi 20 Mai 2005
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Subject:    Re : [typo] accent
Date:    Fri, 20 May 2005 08:40:22 +0200
From:    Jean-François Roberts <jean-francois.roberts@xxxxxxxxxx>


> De : Philippe Jallon <philippe.jallon@xxxxxxxxxxxxxx>
> Répondre à : typographie@xxxxxxxxxxxxxxx
> Date : Fri, 20 May 2005 07:52:15 +0200
> À : typographie@xxxxxxxxxxxxxxx
> Objet : Re : [typo] accent
> 
> Jean-François Roberts écrivit, précisément le 20/5/05 :
> 
>> Encore fera-t-on bien de citer des exemples *réels*, et non de pures
>> fictions : qui croira que "L'HOMME TUE !" sera jamais un titre plausible de
>> journal ?
> 
> Voici un exemple bien réel, que je citais dans un message du 12 mars
> 1999 (tu n'étais pas encore membre de cet aréopage, me semble-t-il) :

De fait (j'y suis depuis un peu plus de 2 ans).

> 
> ========
> Sur cette affaire, voici la manchette d'un mensuel panafricain :
> 
> NORBERT ZONGO ASSASSINE
> BLAISE COMPAORE MENACE
> 
> Autrement dit, l'assassiné devient assassin et le menacé devient menaçant !
> ========

C'est précisément le cas que je vise, quand je rappelle que, *en réalité*,
le contexte désambiguïse complètement le message. Ce titre n'est ambigu *que
pour nous qui le lisons hors contexte*, justement. Les lecteurs auxquels il
était (par définition) destiné n'ont eu aucun mal, bien évidemment, à
comprendre instantanément de quoi il retournait.

A vous entendre, la règle d'or serait donc : un titre doit toujours être
rédigé de manière à éviter toute ambiguïté pour l'ensemble des lecteurs
potentiels (d'ailleurs et/ou futurs) de ce titre. Sitôt énoncé, vous voyez
l'absurdité d'un tel principe, et l'impossibilité à la rigueur d'appliquer
dans les faits pareille norme.

Non : la règle d'or est toujours : rédiger un titre pour qu'il soit
immédiatement intelligible *pour le lecteur auquel on le destine*. Sinon,
soit dit en passant, vous ne permettrez jamais le double-entendre qui seul
permet de déjouer censeurs et dictateurs. La transparence n'est pas le bien
suprême en tout temps et en tout lieu.

En revanche, je le répète, "L'HOMME TUE !" est bel et bien un pseudo-titre,
que rien ne permet de désambiguïser, et d'ailleurs livré (bien entendu) sans
aucun *contexte* (et pour cause) : c'est le type même de l'exemple
artificiel, donc, qui ne prouve rien par définition.

> 
>> L'instituteur ne fait que parler de bon sens, et d'évidence : on n'écrit pas
>> dans la vie comme dans un dictionnaire ;
> 
> C'est assez vrai. Tout comme on est rarement fringué avec la dernière
> élégance quand on reste dans ses pénates. Mais pour un rendez-vous
> d'affaires, on fait de nouveau un petit effort vestimentaire. Sinon,
> à quoi serviraient les costards-cravates, hein ?
> Et pour l'institutrice : sinon, à quoi serviraient les capitales
> accentuées, hein ?
> 

Comme je l'ai déjà dit : accentuez donc les cap., si ça vous chante. Vous
aurez juste l'air du travailleur endimanché pour impressionner l'instit.,
qui n'en a rien à battre, franchement.

Elle vous fera simplement remarquer que ce n'est pas parce que vous avez
quelque chose que vous devez vous en servir à tout propos, et hors de propos
(c'est le genre de principe qui rentre dans le cadre d'une éducation bien
comprise, justement).


>> que le dictionnaire soit contraint
>> *par la loi du genre* à mettre en évidence le moindre accent ne signifie
>> nullement qu'il faille servilement copier cet usage dans un écrit courant.
> 
> Marc-Olivier Fogiel a très bien compris ce genre de précepte : il ne
> fait presque plus aucune liaison. Il aura vingt heuros en poche à
> quatre-vingts hans. Seule exception : prêt-à-porter -- on se demande
> d'ailleurs pourquoi il fait la liaison, là, car ça fout en l'air son
> implacable logique...
> 

Ne mélangeons pas tout. Les fautes des uns ne justifient en rien les fautes
que prônent ceux qui les condamnent. Les dictionnaires ne comportent aucune
liaison (bien évidemment). Si vous voyez des cap. accentuées dans un ouvrage
de référence dont la raison d'être est précisément de vous indiquer en toute
circonstance si l'accent (et quel accent) existe sur une lettre, ça ne vous
condamne pas au même style obsessionel dans la vie courante. A moins d'être
attiré par la rétention anale.


>> Quand on a l'expérience de la correction professionnelle, la première
>> question que l'on pose à un client ou donneur d'ouvrage est donc : cap.
>> accentuées ? ou non ?
> 
> Papy JiDé a-t-il une autre expérience de ce bô métié ?
> -- 
> Philippe Jallon
>