Archive Liste Typographie
Message : Re: [typo] Erreur de typographie ?

(malic) - Mardi 08 Novembre 2005
Navigation par date [ Précédent    Index    Suivant ]
Navigation par sujet [ Précédent    Index    Suivant ]

Subject:    Re: [typo] Erreur de typographie ?
Date:    Tue, 8 Nov 2005 15:02:20 +0100
From:    malic <amalric.oriet@xxxxxxxxxxxxx>


Le 8 nov. 2005, à 11:56, laurence de lalu a écrit :

Marrant cette éternelle querelle, la règle est pourtant simple,
la langue française comporte des accents, la question des
capitales et des bas de casse ne fait rien à l'affaire, on met
des accents partout, point.
C'est juste une question d'orthographe.

La querelle vient simplement du fait que l'on constate à l'usage,
depuis des siècles, qu'il arrive souvent que des capitales ne soient
pas accentuées. À ceci plusieurs raisons, fainéantise, ignorance,
impossibilités techniques, étourderie, etc. Aucune de ces raisons
ne rend légitime l'absence d'accent sur les capitales, ni sur les bas-de-casse,
d'ailleurs.

Il y a d'autres raisons de ne pas accentuer les capitales, des raisons
de goût, d'esthétique, de fantaisie, ces termes n'étant aucunement synonymes
dans mon esprit. Ce sont de bonnes raisons, qui légitiment tout à fait
un usage ponctuel de capitales non accentuées, dans la mesure, et
uniquement dans la mesure où cette absence n'entraîne pas d'ambigüité
sur le sens des mots.

Il y a donc une règle et des exceptions, ce qui me paraît conforme
à une longue tradition de l'esprit français ( ou franchouillard si on déteste
la France ce qui est le droit de tout homme libre ), tradition qui allie
la rigueur rationnelle dans la construction et l'énoncé des principes
à une mise en œuvre non dénuée de souplesse.

Pour finir, il est vrai que dans un contexte de domination culturelle
et économique d'un pays sur l'ensemble de la planète, il arrive
que certaine réactions semblent défensives et déboucher sur un repli
identitaire. Personnellement je considère que la défense d'une identité
quelle qu'elle soit, se justifie si l'identité défendue est l'identité vivante,
de ceux qui l'incarnent ici et maintenant. Et pas au nom d'une
origine idéale et fantasmée. Alors, vive la France, vive l'Amérique,
le Burkina Faso, l'Afrique et tous leurs habitants de toutes les couleurs,
de toutes opinions et préférences sexuelles. et, allez, j'ose, ... vive ausi
les U. S. A. et surtout Jodie Foster, qui parle le français presque sans accent.

Et si j'ai fait des fautes de frappes, leave me alone, j'ai pas relu.



Parfaitement d'accord avec vous! Pour en rajouter une petite couche (sans en avoir les capacités) et en guise d'hommage, voici une prosopopée de ma référence orthotypographique : Jean-Pierre Lacroux.

[…]

[JPL] Autre chose, que l'on oublie parfois... La non-accentuation des
majuscules est également dangereuse pour les majuscules non accentuées !
Elle est à l'origine de nombreuses graphies fautives ! À force de voir des
« Etienne » ou des « Etats » pour « Étienne » ou « États », le lecteur,
pas contrariant, se dit que « Eluard » ou « Eliade » sont là pour
« Éluard » ou « Éliade »...  Je ne le blâme pas : certains font tout pour
qu'il se plante, et c'est eux que je blâme...

[…]

[JPL] Au fait ? quelle est la véritable question, sinon celle de la validité d'une
recommandation ? D'une recommandation d'aujourdhui, pour les scripteurs et les
compositeurs d'aujourd'hui et de demain matin.
À vue de nez, il n'y en a que trois :
-- accentuez systématiquement toutes les caps ;
-- n'accentuez jamais les caps ;
-- accentuez selon les circonstances.
Éliminons la deuxième, que personne ne défend, et renonçons
à opposer les deux survivantes à coups d'approximations et d'erreurs
historiques ou techniques.
Dans un premier temps, je propose aux tenants des  « circonstances » de nous
décrire celles-ci, précisément, toutes (techniques, éditoriales,
linguistiques). Une recommandation se doit d'être précise et, si possible, non
équivoque, tout en restant opérationnelle. Inutile de se donner la peine de
justifier l'invocation de telle ou telle circonstance : cela pourrait faire
l'objet d'une passionnante deuxième étape.
Les tenants du « systématisme » ont eux aussi à justifier leur parti, c'est
une évidence. [...] Dès qu'ils sauront ce que sont toutes les « circonstances »
qu'on leur oppose implicitement (seules quelques bribes sont explicites), ils
se feront un plaisir d'en dire un peu plus.
Où sont les réponses à l'argument des
noms propres, à celui de l'amusante accentuation alternative, à celui du
changement de casse et de la perte irrémédiable d'information, etc. ? Ils ne
vous inspirent pas ? En voici un autre, on ne sait jamais... Que pensez-vous
des problèmes posés par l'indexation (mais aussi par le tri, par la recherche
hypertextuelle ou toilesque...) d'Eden et d'Eden ? Nous nommerons cet argument
« Anthony croqueur de pommes ».


Article complet sur:

http://users.skynet.be/typographie/faq/Capac.html

Cordialement

Malic