Re: [typo] intervenants de bonne volonté

[Jean-François Roberts <jean-francois.roberts@xxxxxxxxxx>]

Ma foi, c'est Roland Barthes lui-même qui déclarait, dans sa leçon
inaugurale au Collège de France, que la langue est "fasciste"...

Prenez donc les débats philosophiques un peu moins au pied de la lettre, et
vous verrez que le débat politique (et philosophique) sur ces questions est
largement ouvert, et depuis longtemps.

Et méfiez-vous de termes come "pureté", qui charrient en effet beaucoup de
choses peu ragoutantes...

A part ça, en tant que correcteur salarié (disons que c'est l'une de mes
incarnations), je suis bien évidemment payé pour appliquer, fascistement le
Grevisse et autre Bescherelle (et le Larousse, bien sûr, et quelques
autres...).

Mais enfin, au _Journal officiel_ (où j'officie à cet égard), on a publié
depuis longtemps la décision du Conseil constitutionnel (1994), rappelant
que la langue française est, par excellence, un lieu où le législateur n'a
pas son mot à dire, que ce soit pour la correction grammaticale ou la
correction lexicale... Déclaration des droits de l'homme oblige.

Le correcteur lui-même doit donc toujours s'incliner, en dernier ressort,
devant la volonté de l'auteur, s'il a choisi telle expression (voire telle
graphie) en connaissance de cause - quitte à faire valoir ses arguments.
C'est la seule déontologie qui puisse exister, en la matière.

A part ça, sur une liste où les interventions sont (le plus souvent)
rédigées "à chaud", on peu quand même montrer une certaine indulgence "de
principe" pour les bévues usuelles.


> De : Angel Bernardo Schiavetta <bernardo.schiavetta@xxxxxxxxxx>
> Répondre à : typographie@xxxxxxxxxxxxxxx
> Date : Sun, 10 Dec 2006 16:47:17 +0100
> À : typographie@xxxxxxxxxxxxxxx
> Objet : [typo] intervenants de bonne volonté
> 
> Le 10 déc. 06, à 15:58,  Christian MARICOURT a écrit :
> 
>> Surpris quand même par l'agressivité de la réponse je me vois
>> contraint de revenir sur mon intervention. Je m'intéresse à la langue
>> française. Je pense que ce n'est pas un crime,
> 
> Cher Monsieur Christian MARICOURT,
> 
> Je vous félicite de votre courage, et j'aimerais bien vous avoir à mes
> côtés pour me corriger, pauvre métèque que je suis. Mais vous êtes sans
> doute un criminel.
> 
> Il n'est pas de bon ton de rappeler les normes de la langue, qui est
> fasciste. Du moins selon certains qui n'avaient pas compris que ses
> normes sont constitutives, et non répressives.  Une autre plus digne
> professeur de Collège de France, M. Bouveresse le rappelait à propos
> des normes constitutives de la pensée (dont le principe de non
> contradiction)). Il s'adressait à ceux qui appelaient "flics"  Sokal &
> Bricmont, délicieux démolisseurs de tant de théories "so French"
> 
> J'ai vu autrefois sur cette liste une dame s'émouvoir et écrire:
> 
> et "pureté" ça ne vous rappelle pas quelque chose?
> 
> elle stigmatisait un autre imprudent qui avait osé parler de la
> sauvegarde de la pureté de la langue française.
> 
> Quant à moi, étranger que je suis, plus elle pure, plus j'ai envie de
> lui faire l'hamour.
> 
> vôtre
> 
> Bernardo Schiavetta
> 79, rue Manin
> 75019 PARIS
> http://monsite.wanadoo.fr/schiavetta
> http://www.raphel.net
> 
> 
> 
>