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Message : Re: [typo] Gentleman-cambrioleur / est un vrai seigneur...

(Jacques Melot) - Dimanche 21 Janvier 2007
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Subject:    Re: [typo] Gentleman-cambrioleur / est un vrai seigneur...
Date:    Sun, 21 Jan 2007 11:57:08 +0000
From:    Jacques Melot <jacques.melot@xxxxxxxxx>

Title: Re: [typo] Gentleman-cambrioleur / est un vrai seigneur...
 Le 2007-01-21, à 6:17 +0100, nous recevions de Alain Hurtig :

>>    En anglais ce ne serait pas gentle-/man qu'il serait souhaitable
>>d'utiliser ? Alors pourquoi ne pas en faire autant ?
>
Si dans une compo en français, on se met à césurer les mots étrangers ou
d'origine étrangère selon les règles de leur langue d'origine, on n'est pas
sorti de l'auberge.


[J. M.]   C'est en effet ce que j'ai écrit en citant, entre autres, l'exemple du mongol. (Entre nous soit dit, la coupure des mots dans cette langue, lorsqu'elle est écrite à l'aide de ses caractères traditionnels, cela doit être un bel exercice... virtuel.)

   Les mots français d'origine étrangère doivent en principe être coupés suivant les règles du français, qui, par bonheur, permettent de tenir compte de l'étymologie, dans une certaine mesure, constatation qui ne nous avance guère : la décision à prendre dépend du public auquel est destiné le texte.


Hormis dans un long passage (citation, titre d'oeuvre à
rallonge, etc.) où ça peut s'envisager, les règles qui s'appliquent sont
celles du texte environnant.


[J. M.]   Il est difficile de traiter efficacement cette question dans l'abstrait. Comme dit plus haut,la réponse dépend en bonne partie du public auquel le texte est destiné. Je pense qu'il faut s'efforcer de ménager la chèvre et le chou : le chou, parce que c'est très désagréable pour un étranger de lire un mot de sa langue mal coupé - ça m'arrive presque tous les jours (oui je suis un étranger, et alors ?) -, la chèvre, c'est le lecteur français, qu'il faut aussi respecter. Autant dire que le résultat n'est pas toujours entièrement satisfaisant.


Mais de toute façon...
>[J. M.]   Feriez-vous la même remarque pour un mot russe, arabe ou
>mongol ?
>
De toute façon, gentleman est un mot français, cher Jacques.


[J. M.]   Mouuuuais... Je dirais plutôt que c'est un mot anglais utilisé en français, tout comme le mot curry est le nom anglais d'un mélange d'épice utilisé la plupart du temps - la tendance est en train de s'inverser, le snobisme tuant le snobisme ! - pour le français cari (parfois écrit cary), terme qui a l'avantage - peu important, il est vrai - d'être plus près de l'original dans sa prononciation (l'anglais curry n'est que le même mot déformé par une bouche anglaise, ce que montre clairement l'évolution phonétique qu'a subi ce mot en anglais : carree, carrye, curree, kerry, currie, curry).


Je suppose que tu as entendu parler d'Arsène Lupin (un héros franchouillard
s'il en fut !), mais en fait le mot est attesté dans notre idiome depuis
fort longtemps, bien avant que Maurice Leblanc vienne au monde. Et il n'est
pas interchangeable avec gentilhomme, loin s'en faut.


[J. M.]   Je n'ai pas le temps, pour cette fois, de développer la thèse contraire. L'exemple d'Arsène Lupin n'est pas des meilleurs, car le mot « gentleman » y est attaché de manière quasi lexicalisée.


Par ailleurs, notre boulot est de composer des textes, pas de les récrire,
surtout pour des raisons aussi idéologiques que fumeuses.


[J. M.]   Merci, mon vieux. Bon, cela dit, c'est tout à fait exact - enfin, le début de ta phrase - et je crois même qu'à l'avenir il faut s'attendre à devoir en rappeler le contenu de plus en plus souvent. Est-il besoin de préciser que le remplacement proposé (gentleman en gentilhomme) ne l'a été que par boutade ?


Il est de générer


[J. M.]   Excuse-moi (mon allergie me reprend, tu comprends... aaa... aaaaaa... atchoum !) : de produire...


des gris typo à peu près corrects, de césurer là où il faut, de mettre en
ital ce qui doit l'être, etc., et pas d'imposer aux gens d'écrire comme ils
n'ont pas envie d'écrire - surtout quand ils écrivent très exactement comme
il faut.

> Tout le monde n'est pas censé comprendre l'anglais.
>
Quand bien même le mot serait anglais, je serais curieux de savoir ce qui
empêcherait d'utiliser des mots anglais, russes, italiens, arabes et même
mongols dans une compo.


[J. M.]   Non seulement ce n'est pas ce que j'ai voulu dire, mais encore ce n'est pas ce que j'ai écrit. Pas du tout même.


Il se trouve qu'on compose généralement ce qu'on
vous donne à composer : si l'auteur utilise le koïné, si l'éditeur veut du
quechua, c'est bien leur droit et c'est ça qu'on compose, pas autre chose.

-------
Pour la césure : gent-leman est évidement inadmissible :


[J. M.]    Gare ! Lorsqu'on me parle d'évidence, je sors mon revolver ! Ce n'est à l'évidence impossible qu'en supposant, comme l'Allègre de triste mémoire - donc allègrement dirons-nous -, que l'anglais n'est plus une langue étrangère. Une coupure qui respecte l'étymologie, suppose une certaine connaissance de la langue en question. Bref, on en revient à la case de départ.

   Bon après-midi,

   J. M.


gen-tleman ou
gentle-man iront bien mieux (avec, en ce qui me concerne, une petite
préférence pour la première solution).