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Re: [typo] alphabet islandais |
Date: |
Sun, 9 Aug 2009 17:21:40 +0000 |
From: |
Jacques Melot <jacques.melot@xxxxxxxxx> |
Title: Re: [typo] alphabet islandais
Le 2009-08-09, à 18:46 +0200, nous recevions de Anne
Marie Lauras :
Bonjour,
En allemand, nous trouvons la lettre ß,
à qui l'on donne dans un index la place de ss (grosse, Größe,
Grossist).
On ignore en français les diacritiques
dans le classement alphabétique; enfin je veux dire par là qu'on
ne considère pas par exemple le ñ comme une lettre à part
entière contrairement à l'espagnol, mais comme une simple variante
du n (Nino, niño, Ninon). Comme les polonaises
½, ?, etc. Cela marche pour la majeure
partie des lettres, y compris le ©¢ serbe (dont la majuscule est
?).
Mais je trouve le nom islandais
suivant : Þeódóra
Il existe aussi le
ð (dont la majuscule est aussi ?).
[J. M.] La majuscule est Ð,
qui n'est utilisée que lorsqu'un mot est entièrement
capitalisé : ð n'est jamais la première lettre d'un mot en
islandais (contrairement à ce qui se passe en vieil
anglais).
Où dois-je les
classer dans un index ? Si je leur conserve la place qu'ils occupent
dans l'alphabet islandais (Þ après le y, ð après le d),
ou vais-je classer Æsgerðar, sachant que Æ en est
l'avant-dernière lettre ? Peut-on les
remplacer Þ et ð par th dans les deux cas ? Et si
l'on a choisi de maintenir les diacritiques, peut-on faire exception
pour ces caractères ?
[J. M.] Dans ce domaine, les
décisions prises sont souvent timorées, comme si l'on ménageait la
chèvre et le chou : voyez par exemple ce que les lettres et
diacritées proprement islandaises deviennent dans des romans
traduits de l'islandais comme ceux de Arnaldur Indriðason. Très
souvent on note même une absence d'esprit de suite dans la
translittération, comme dans cet article du
Monde :
http://www.lemonde.fr/la-crise-financiere/article/2009/08/04/l-islande-face-a-un-scandale-bancaire-de-plusieurs-milliards-d-euros_1225749_1101386.html
Il faut commencer par
réfléchir, car en ce qui concerne l'islandais, il n'y a guère de
précédents, hormis les ouvrages didactiques (où d'ailleurs chacun
adopte des conventions à sa guise).
Tient-on à conserver intacte
la graphie originale, quitte à fournir un guide de lecture, où
souhaite-t-on que le lecteur, sans guide, puisse prononcer à peu
près correctement l'islandais qu'on lui donne à lire ? Une
troisième voie, consiste à déformer le moins possible la graphie
originale, n'en supprimant que les caractères spéciaux inconnus du
français, ð et þ, et les remplaçant par une
translittération : dh pour ð, th pour þ.
æ, ö, þ sont placés à
la fin de l'alphabet pour des raisons historiques ou plutôt
économiques : les pays nordiques étaient fournis par
l'Allemagne qui rajoutait à la fin des intercalaires alphabétiques
les caractères propres à chaque pays, ce qui était plus
économique que de fournir des intercalaires plus personnalisés où
le ö serait à la suite du o, le æ à la suite du a, etc. Nous
qui, en principe, ne sommes pas censés connaître l'ordre
alphabétique particulier à chaque pays nordique, nous pouvons
rectifier cet ordre en ce qu'il aurait dû toujours être sans
être gêné par le poids de la tradition. Si cela va sans difficulté
pour les voyelles, il n'en va pas de même avec ð et þ qui ne
sont pas familier au lecteur français : il se demandera on
chercher un mot commençant par þ, et ne le trouvera qu'en
feuilletant plus ou moins longuement l'index ou après avoir
cherché, puis trouvé des explications concernant la place de cette
lettre. Il faut donc bien réfléchir à tout cela avant de prendre
une décision !
La translittération de ð
en dh et de þ en th a essentiellement pour raison d'être l'absence
de ces lettres dans les casses traditionnelles non nordiques, pas, ou
seulement secondairement, le souci d'aider la prononciation. Si, aider
la prononciation, était la seule justification, alors on
translittérerait systématiquement á en ao, ö en eu, ú en ou,
etc., ce qui n'est pas le cas. Cela irait d'ailleurs encore plus loin
puisque rn est toujours prononcé rtn, fn prononcé pn, ll proncé
tl, etc. Le résultat serait quelque chose de défiguré au point
d'en être inutilisable.
En pratique donc, mettre les
voyelles diacrités (á, é, í, ó, ú, ÿ, ö) à la suite
de voyelles non diacritées correspondantes. Le þ, à la fin,
après z. Quant au ð, qui n'apparaît jamais en début de mot, cela
n'a pas grande importance, car une fois rendu à la page ou portion
de page contenant les mots commençant pas la ou les mêmes lettres
que celui qui comporte un ð, ce dernier mot sera repéré au
premier coup d'oeil, qu'on le classe à la suite de d ou à la fin
de l'alphabet.
J. M.
Merci
d'avance.
AML