Archive Liste Typographie
Message : Re: [typo] alphabet islandais

(Jacques Melot) - Lundi 10 Août 2009
Navigation par date [ Précédent    Index    Suivant ]
Navigation par sujet [ Précédent    Index    Suivant ]

Subject:    Re: [typo] alphabet islandais
Date:    Mon, 10 Aug 2009 11:24:34 +0000
From:    Jacques Melot <jacques.melot@xxxxxxxxx>

Title: Re: [typo] alphabet islandais
 Le 2009-08-09, à 17:21 +0000, nous recevions de Jacques Melot :

 Le 2009-08-09, à 18:46 +0200, nous recevions de Anne Marie Lauras :

Bonjour,

En allemand, nous trouvons la lettre ß, à qui l'on donne dans un index la place de ss (grosse, Größe, Grossist).
On ignore en français les diacritiques dans le classement alphabétique; enfin je veux dire par là qu'on ne considère pas  par exemple le ñ comme une lettre à part entière contrairement à l'espagnol, mais comme une simple variante du n (Nino, niño, Ninon). Comme les polonaises  ½,  ?, etc. Cela marche pour la majeure partie des lettres, y compris le ©¢ serbe (dont la majuscule est ?).

Mais je trouve le nom islandais suivant  : Þeódóra
Il existe aussi le ð (dont la majuscule est aussi ?).


[J. M.]   La majuscule est Ð, qui n'est utilisée que lorsqu'un mot est entièrement capitalisé : ð n'est jamais la première lettre d'un mot en islandais (contrairement à ce qui se passe en vieil anglais).


Où dois-je les classer dans un index ? Si je leur conserve la place qu'ils occupent dans l'alphabet islandais (Þ après le y,  ð après le d), ou vais-je classer Æsgerðar, sachant que Æ en est l'avant-dernière lettre ? Peut-on les remplacer Þ et ð par th dans les deux cas ? Et si l'on a choisi de maintenir les diacritiques, peut-on faire exception pour ces caractères ?


[J. M.]   Dans ce domaine, les décisions prises sont souvent timorées, comme si l'on ménageait la chèvre et le chou : voyez par exemple ce que les lettres et diacritées proprement islandaises deviennent dans des romans traduits de l'islandais comme ceux de Arnaldur Indriðason. Très souvent on note même une absence d'esprit de suite dans la translittération, comme dans cet article du Monde :

http://www.lemonde.fr/la-crise-financiere/article/2009/08/04/l-islande-face-a-un-scandale-bancaire-de-plusieurs-milliards-d-euros_1225749_1101386.html


   Il faut commencer par réfléchir, car en ce qui concerne l'islandais, il n'y a guère de précédents, hormis les ouvrages didactiques (où d'ailleurs chacun adopte des conventions à sa guise).

   Tient-on à conserver intacte la graphie originale, quitte à fournir un guide de lecture, où souhaite-t-on que le lecteur, sans guide, puisse prononcer à peu près correctement l'islandais qu'on lui donne à lire ? Une troisième voie, consiste à déformer le moins possible la graphie originale, n'en supprimant que les caractères spéciaux inconnus du français, ð et þ, et les remplaçant par une translittération : dh pour ð, th pour þ.

   æ, ö, þ sont placés à la fin de l'alphabet pour des raisons historiques ou plutôt économiques : les pays nordiques étaient fournis par l'Allemagne qui rajoutait à la fin des intercalaires ou des répertoires alphabétiques les caractères propres à chaque pays, ce qui était plus économique que de fournir des intercalaires plus personnalisés où le ö serait à la suite du o, le æ à la suite du a, etc. Nous qui, en principe, ne sommes pas censés connaître l'ordre alphabétique particulier à chaque pays nordique, nous pouvons rectifier cet ordre en ce qu'il aurait dû toujours être, sans être gêné par le poids de la tradition. Si cela va sans difficulté pour les voyelles, il n'en va pas de même avec ð et þ qui ne sont pas familier au lecteur français : il se demandera on chercher un mot commençant par þ, et ne le trouvera qu'en feuilletant plus ou moins longuement l'index ou après avoir cherché, puis trouvé des explications concernant la place de cette lettre. Il faut donc bien réfléchir à tout cela avant de prendre une décision !

   La translittération de ð en dh et de þ en th a essentiellement pour raison d'être l'absence de ces lettres dans les casses traditionnelles non nordiques, pas, ou seulement secondairement, le souci d'aider la prononciation. Si, aider la prononciation, était la seule justification, alors on translittérerait systématiquement á en ao, ö en eu, ú en ou, etc., ce qui n'est pas le cas. Cela irait d'ailleurs encore plus loin puisque rn est toujours prononcé rtn, fn prononcé pn, ll proncé tl, etc. Le résultat serait quelque chose de défiguré au point d'en être inutilisable.

   En pratique donc, mettre les voyelles diacrités (á, é, í, ó, ú, ÿ, ö)


[J. M.]   Pardon, non pas ÿ, mais ý (y accent aigu, en espérant qu'il passe sur toutes les machines, ce qui n'est probablement pas le cas).


à la suite de voyelles non diacritées correspondantes. Le þ, à la fin, après z. Quant au ð, qui n'apparaît jamais en début de mot, cela n'a pas grande importance, car une fois rendu à la page ou portion de page contenant les mots commençant pas la ou les mêmes lettres que celui qui comporte un ð, ce dernier mot sera repéré au premier coup d'oeil, qu'on le classe à la suite de d ou à la fin de l'alphabet.


[J. M.]   Il n'est bien sûr pas impossible qu'à certains endroits l'index soit si pléthorique que les mots contenant un èdhe (ð, prononcé aithe, ou th est la fricative apico-alvéolaire th de l'anglais « the ») ne seront peut-être pas localisés aussi facilement que je l'ai écrit. Comme il est d'usage de faire commencer un index par une note indiquant, par exemple, ce à quoi renvoient les nombres en caractères romains, en italique, etc., cette note, placée à un endroit où elle ne peut échapper et où l'on ira naturellement la chercher est aussi l'occasion d'apporter toute précision quant aux caractères inhabituels et leur localisation dans l'index, tout spécialement le thorn (þ, prononcé thotn, mot norrois qui veut dire « épine » et où le th est celui de l'anglais « think ») et donc, par la même occasion le èdhe (ð).

   J. M.

P.-.S.  Le rôle des translittération est limité, servant essentiellement à fournir un caractère de remplacement à des lettres inconnues aux utilisateurs d'un alphabet donné, non ou certainement beaucoup moins à aider la prononciation : le l barré du polonais est très généralement laissé tel quel par les puristes ou ceux qui ont les connaissances informatiques nécessaire à faire apparaître cette lettre, ou, sinon, remplacé par l, voisin visuellement, jamais, que je sache, par une lettre ou un groupe de lettre aidant la prononciation (par exemple w). Cela est confirmé par le fait - on n'y pense pas spontanément, mais c'est tout de même patent - qu'on ne remplace pas ni systématiquement ni ponctuellement le v de l'allemand par f (Carl fon Linné... non merci !), ni le g du hongrois magyar par d, etc., et que dès qu'il s'agit de remplacer les caractères d'un alphabet aux caractères visuellement en moyenne nettement différents du nôtre, on se sent beaucoup beaucoup moins contraint dans le choix de la translittération (caractères grecs, cyrilliques, etc.).


   J. M.





Merci d'avance.

AML