Archive Liste Typographie
Message : Re: [typo] Guillemets italiques

(Thierry Bouche) - Jeudi 03 Mars 2016
Navigation par date [ Précédent    Index    Suivant ]
Navigation par sujet [ Précédent    Index    Suivant ]

Subject:    Re: [typo] Guillemets italiques
Date:    Thu, 3 Mar 2016 09:47:54 +0100
From:    Thierry Bouche <thierry.bouche@xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx>

Bonjour,

Le jeudi 3 mars 2016 à 09:14:19, Oriet Amalric écrivit :

O> Il est bien clair que la question de départ ne porte pas sur
O> l’emploi concomittant des guillemets et de l’italique, mais sur
O> l’existence, l’attestation (et l’usage) des guillemets italiques.
O> Partant, la problématique ne se réduit pas aux seules citations. Si
O> l’on considère par exemple un titre (fictif) de livre : Les «
O> grands » de ce monde. Oc, le titre est nul, mais ça n’est pas le
O> sujet. Comment se traitent les guillemets lorsque l’on parle de ce
O> titre et que, par voie de conséquence, l’emploi de l’italique est
O> obligatoire (dans une bibliographie, typiquement) ?


O> À la lecture de quelques codes typos historiques, on a
O> furieusement l’impression que les guillemets italiques n’existaient
O> simplement pas. Du coup, les codes en question évitent
O> soigneusement de traiter des cas comme celui ci-dessus. Il faut
O> croire aussi que jadis, personne n’aurait eu l’idée de recourir à des guillemets dans un titre…

Il y a tout un tas de signes qui n'avaient pas de version italique (ce
qui inclue les capitales aux premiers temps !), puis ont été créés au
fil du temps. On est bien obligé de constater que les polices
numériques d'italiques comportent désormais à peu près les mêmes
signes que les polices romaines. il est évident que si on a à taper
des guillemets dans un contexte italique, on ne va pas revenir en
romain pour le faire. Donc la question qui s'impose n'est pas celle de
l'existence ou de l'utilisation des guilllemets italiques, mais
seulement la forme que devraient avoir de certains signes dans un
contexte en italique. Bringhurst défend avec raison l'idée qu'un
crochet italique (plus sérieusement : incliné ou oblique) par exemple
est une absurdité graphique. On peut penser la même chose de pas mal
de signes, dont les parenthèses et les guillemets (on voit aussi des
points ronds devenus ovoïdes, des tirets devenus
parallélépipédiques...). Mais il n'y a aucune norme en la matière : un
dessinateur de caractères peut décider qu'il faut proscrire des
guillemets déformés avec sa police, ou inclure des alternatives.
Bringhurst peut s'asseoir sur ce que pense le dessinateur en modifiant
lui-même les fontes qu'il utilise.


O> Dans les codes « modernes », lorsque l’on évoque la question,
O> c’est pour dire qu’une citation en langue étrangère soit ne se met
O> pas entre guillemets sous prétexte que l’italique suffit (dans le
O> sens de ce que dit Anne, donc),

les guillemets et l'italique ne sont pas redondants (sauf dans des cas
très particuliers où on n'a pas la possibilité de souligner et on peut être amené à
utiliser des guillemets pour le faire), chacun apporte
une nuance différente (je ne sais plus d'où je tiens la maxime « le
guillemet connote, l'italique dénote » mais elle m'est très utile). Et
se souvenir aussi qu'on cherche à ne modifier qu'un attribut
typographique à la fois : il vaut donc mieux choisir. Par exemple, si
je parle du mot _quote_, je serais tenté si j'étais Jean-Luc Blary de
mettre
* 1 italique because mot étranger non encore absorbé
* 1 italique d'autonymie
* éventuellement une paire de guillemets pour faire bon poids vu que
j'en parle.

Toujours sous la même hypothèses je dirais : le souligné est une
notion binaire donc comme je souligne pour autonymie un mot qui l'est
déjà pour son origine, je le mets en fait en romain.

Parmi tout ça il faut donc n'en choisir qu'un, le bon (l'italique) et
ne pas considérer le lecteur comme un parseur de code assembleur.


Th. B.