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Message : Re: [typo] Rencontre du 4e type

(Thomas Linard) - Jeudi 22 Décembre 2016
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Subject:    Re: [typo] Rencontre du 4e type
Date:    Thu, 22 Dec 2016 18:39:12 +0100
From:    Thomas Linard <thlinard@xxxxxxxxx>

Bonjour,

Merci pour votre réponse. Oui, en effet, j’y vois un certain degré de contradiction. L’idée qu’un petit nombre réussirait à infléchir, à manipuler une langue si et seulement si ce groupe est "représentatif" me semble trop simple.

Je perçois que l’effet et la cause sont plus emmêlés, plus en interaction, que « lorsque les deux genres se rencontrent, il faut que le plus noble l’emporte » n’est pas simplement un constat amplement partagé, mais énonce une nouvelle norme qui vient appuyer l’ordre social promu. Et l’ordre social en retour veille à promouvoir la langue qui le sert.

D’où aussi que je ne juge pas totalement vain tout énoncé normatif en matière de grammaire ou d’orthographe, que cet énoncé s’appuie sur les structures du pouvoir en place ou pas.

Cordialement,
Thomas Linard

Le 22 décembre 2016 à 17:52, Yoann LE BARS <yoann@xxxxxxxxxxx> a écrit :

        Bonjour à tous !

Le 22/12/2016 à 17:29, Thomas Linard a écrit :
> Est-ce que nos règles actuelles d’accord de l’adjectif sont tout à fait
> exemptes d’un soupçon de manipulation au XVIIe et XVIIIe siècles ?
>
> Je lis dans https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A8gle_de_proximit%C3%A9 :
>
> Au XVIIIe siècle, la primauté du masculin sur le féminin et celle du
> pluriel sur le singulier finissent par s’imposer, du moins concernant
> l’accord entre un sujet pluriel et son attribut. Pour justifier la
> primauté du masculin, le motif, tel qu’énoncé par l’abbé Bouhours en
> 1675, en est que « lorsque les deux genres se rencontrent, il faut que
> le plus noble l’emporte » ; étant entendu que, comme l’explique le
> grammairien Beauzée en 1767, « le genre masculin est réputé plus noble
> que le féminin à cause de la supériorité du mâle sur la femelle. »

        La culture de l’époque était fortement aristocratique et paternaliste,
ceci pas seulement dans les milieux aristocratiques – d’ailleurs, la
remise en cause de l’ordre aristocratique était bien plus le fait de la
minorité bourgeoise qui avait un intérêt à remettre cet ordre en cause
afin d’obtenir le pouvoir que de la majorité du tiers état. Le langage
est tant une structuration de la culture qu’une émanation de cette
culture et reflète donc cet état d’esprit. L’évolution du langage est
donc en accord avec la culture commune des locuteurs.

        Pourtant, j’ai l’impression que cet exemple a été pris en réponse, si
j’ai bien compris comme contradiction, au fait que je juge douteux qu’un
groupe non représentatif puisse durablement modifier la langue.
Cependant, j’ai beau le retourner dans tout les sens, tout ce que je
vois c’est que cet exemple confirme mon propos… Qu’est-ce que j’ai raté ?

        Sinon, je suis d’accord avec l’intervention d’Olivier RANDIER.

        À bientôt.

--
Yoann LE BARS
http://le-bars.net/yoann/
Diaspora* : ylebars@xxxxxxxxxxxxxxx


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