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Message : Re: [typo] Rencontre du 4e type

(Patrick) - Jeudi 22 Décembre 2016
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Subject:    Re: [typo] Rencontre du 4e type
Date:    Thu, 22 Dec 2016 17:08:26 +0100
From:    Patrick <patlist@xxxxxxxxxxxxx>

Oh ! Que je suis d'accord avec Olivier !

Ce qui m'étonne est d'un côté la volonté de simplifier, parfois en abandonnant la racine ou le sens (mots composés notamment), et d'un autre côté un désir de complexité pour, si je comprends bien, augmenter la précision.
Masculin, féminin, neutre et maintenant « autre ». Jusqu'à présent le Français a pu exprimer toutes ses finesses avec seulement deux genres grammaticaux. L'un ou l'autre pouvant exprimer une neutre généralisation à l'espèce, selon le contexte, le féminin n'étant utilisé que lors d'une volonté précise de désigner le féminin.
Lorsque je regarde passer des chevaux, il n'y a pas plus d'indication sexuée que lorsque ce sont les cigognes qui passent.

Tant qu'à revendiquer, je trouve totalement injuste que les femmes disposent d'un genre qui leur est propre alors que les hommes se perdent et se diluent parfois dans la généralisation de l'espèce. Un quérulent quelconque pourrait proposer une forme qui ne concernerait que les hommes et eux seuls. Non mais, merde alors !

Deux balles de plus.



Le 22/12/2016 à 16:05, Olivier Randier a écrit :
Juste un mot sur cette question de genre : ça fait longtemps que j'explique, quand le sujet vient sur le tapis, que tous les artifices typographiques du type candidat(e)s ou candidat·e·s sont essentiellement contre-productifs. Il n'y a qu'une bataille à mener, c'est celle de la non-discrimination à travers le neutre. Lorsqu'on publie une offre d'emploi, le « h/f » n'a pas à figurer, puisque la loi spécifie qu'il ne peut y avoir de discrimination sur la base du genre (entre autres). Et ce, que la fonction soit exprimée au masculin-neutre ou, plus rarement, au féminin-neutre (cas des sages-femmes, par ex.). Vouloir compenser avec la typographie ou, pire, la déformation de la langue, le défaut d'application de la loi, c'est du même ordre que réduire le nombre de chômeurs en les désinscrivant. C'est en tous cas prêter à la typographie ou à la langue des pouvoirs exorbitants et fallacieux.

Mes deux balles.
_______________
Olivier Randier

----- Mail original -----
De: "Yoann LE BARS" <yoann@xxxxxxxxxxx>
À: typographie@xxxxxxxxxxxxxxx
Envoyé: Jeudi 22 Décembre 2016 03:53:05
Objet: Re: [typo] Rencontre du 4e type


	Salut à tous !

Le 21/12/2016 à 21:28, Thomas Savary a écrit :
Une anecdote pour
abonder dans votre sens: mon frère m’a raconté comment à Madagascar,
lors d’une projection du «Retour du Jedi», il a été supris par les rires
des spectateurs entendant certaines paroles des Ewoks: du malgache! Mon
frère ne parlait pas encore cette langue, à l’époque.
	Toujours pour l’anecdote, le français a servi comme l’une de ces
langues extra-terrestres dans /Return of the Jedi/ : dans l’antre de
Jabba, Oola, la danseuse qui va être sacrifiée, s’écrie – en français y
compris dans la version originale – « Non, ne me tuez pas. Ce n’était
pas de ma faute ! »

Le détournement
du mot «gay», par exemple, n’a rien apporté aux homosexuels. «Gay» est
désormais une insulte comme une autre, au même titre que notre «pédé» ou
«fiotte»: «It is so gay», «Your brother’s gay»… Si les homosexuels n’ont
rien gagné, l’anglophone de la rue a perdu quant à lui un synonyme de
«merry».
	En anglais, l’origine du mot « gay » ne m’apparaît pas très claire,
mais il semble bien que ce soit un emprunt au vieux français apparu en
anglais au XIIe siècle (http://www.etymonline.com/index.php?term=gay),
lequel terme français aurait une origine germanique (via le franc). Je
ne suis pas certain de quand il a pris le sens d’homosexuel (masculin),
mais il semble que cela provienne de certaines variantes de l’anglais
américain et qu’il ait été en usage dès la fin du XIXe siècle. En tout
cas, son usage en français semble assez clairement être un anglicisme et
n’avoir lieu progressivement que dans la deuxième moitié du XXe siècle.
Il semble bien que dans un premier temps le terme ait été utilisé par
les homosexuels eux-mêmes et qu’il a lentement infusé dans la langue
courante, selon le même processus qui fait que certains mots de
vocabulaires spécialisés intègrent la langue courante.

	Cela dit, votre intervention présente un autre intérêt qu’étymologique,
en ce qu’elle propose de reprendre la question dans l’autre sens : si
j’estime douteux qu’un groupe non représentatif des locuteurs soit en
mesure d’imposer un changement durable à une langue, là on en vient à la
question de savoir si cela a de toute façon un sens de vouloir changer
la langue sans changer au préalable sociologie – après, encore une fois,
le changement peut éventuellement s’avérer bénéfique ou non, mais c’est
encore une autre question.

	À bientôt.



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Patrick