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Message : Re: [typo] Le ou la Covid-19 ?...

(Yoann LE BARS) - Vendredi 08 Mai 2020
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Subject:    Re: [typo] Le ou la Covid-19 ?...
Date:    Fri, 8 May 2020 23:52:33 +0200
From:    Yoann LE BARS <yoann@xxxxxxxxxxx>

	Salut à tous !

Le 08/05/2020 à 19:00, Jacques Melot a écrit :
> j'avais déjà
> essentiellement en vue le langage courant.

	Sur cette liste et sur ce sujet, en ce qui me concerne, je n’avais en
vu que le langage courant. Par contre, clairement j’ai une perspective
de médiation scientifique.

> En l'occurrence, le vague qui entoure le
> syntagme « le covid[-19] » n'est pas ressenti par les personnes et,
> surtout, ne gêne pas sensiblement la communication.

	Sur ce point, je ne suis pas d’accord : je crains en effet que le vague
n’est pas ressentit, mais mon constat c’est qu’il gène fortement la
communication.

>    Les exemples que vous donnez ci-dessous sont à mes yeux des exemples
> que l'on pourrait dire ad hoc (comme cette histoire de « gateaux sales »
> obtenu en supprimant les accents des capitales en guise de démonstration
> comme quoi l'on doitaccentuer systématiquement ces dernières).

	Justement, non, pas du tout. J’ai donné des exemples concrets portant
sur la Covid-19 parce que c’est le sujet de ce fil de discussion, mais
mon constat c’est que c’est un problème généralisé.

	Au cours de ma thèse, je me suis retrouvé face au climato-scepticisme.
Je me suis rapidement rendu compte que le climato-scepticisme fait un
mauvais usage de la terminologie, créant notamment une grande confusion
entre climat et météorologie. Il y a également des problèmes de mauvais
usage du vocabulaire méthodologique, conduisant à de gros malentendus.

	Lorsque je me suis penché sur le cas des frères BOGDANOFF, je me suis
rendu compte que leurs propos reposent beaucoup sur un problème de
mauvaise compréhension d’expressions ambiguës que l’on trouve dans Une
Brève histoire du temps de Stephen HAWKINGS.

	En ce moment, je travaille sur les thérapies quantique et il ressort
clairement que dans ce courant, il y a un gros problème de mauvais usage
de la terminologie. Les simples mots « dimension » et « densité » sont
utilisés de manière extrêmement ambiguë, conduisant à un discours qui
veut se donner des atours de profondeurs, mais qui est tout simplement
vide de sens.

	Avec le Café des sciences, je travaille sur la médiation scientifique.
Ce que je ressors, c’est que bien souvent les incompréhensions trouvent
leur origine sur une terminologie imprécise. Sans aller jusqu’à dire que
les problèmes de terminologies forment l’intégralité des problèmes de
compréhensions, clairement on évite bien des problèmes en prenant garde
à éviter autant que possible les formulations ambiguës.

	Sur la question inverse, il ressort clairement que dès qu’il y a
pseudo-science, il y a vocabulaire ambigu. Les pseudos sciences forment
un réservoir virtuellement infini d’exemples montrant qu’il est
essentiel sur ces questions de préciser le plus possible le vocabulaire.

	Non, ce ne sont pas des exemples /ad hoc/, ce sont juste des exemples
parmi beaucoup, vraiment beaucoup, d’autres.

> En
> réalité, suivant les circonstances (nature de l'auditoire, etc.), le
> spécialiste, eu égard à l'usage de tous les jours, évitera spontanément
> de s'exprimer d'une façon qui ferait qu'il risque d'être mal compris.

	Dans l’absolu, on aimerait qu’il en soit ainsi. Dans les faits, ce
n’est pas le cas. Réussir une communication dédiée à des
non-spécialistes quand on est soi-même spécialiste, que ce soit dans un
contexte de cours ou de médiation scientifique, n’est pas quelque chose
d’évident. C’est une compétence qui se travaille. En tout état de cause,
mon expérience tend à indiquer que si l’on croit qu’user d’un
vocabulaire imprécis dans ce cadre ne pose pas de problème, on va au
devant de créer des cas important d’incompréhensions.

	À bientôt.

-- 
Yoann LE BARS
http://le-bars.net/yoann/
Diaspora* : ylebars@xxxxxxxxxxxxxxx