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Message : Re: [typo] Recherche Didot désespérément

(Thomas Savary) - Mercredi 04 Septembre 2024
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Subject:    Re: [typo] Recherche Didot désespérément
Date:    Wed, 4 Sep 2024 12:13:49 +0200
From:    Thomas Savary <thomas.savary@xxxxxxxxxxxxxxxx>

Bonjour, Éric,


> je me dis qu'on ne peut plus

> comparer une police du 19e avec une d'aujourd'hui: les chimies de

> l'encre et du papier ne sont pas du tout pareilles: dans l'exemple,

> l'encre bave (ou le papier fait buvard), ce qui devait induire en

> amont d'autres paramètres, par exemple pour différencier les formes

> grasses et maigres. Pour le dire autrement, l'expérience (tests

> d'impression) devait avoir autant d'influence que le design

> proprement dit. Aujourd'hui, avec une imprimante laser et du papier

> beaucoup plus "glacé", les effets (et donc les prémisses, les choix

> initiaux) et la définition (le Didot de 1804 ne semble pas dépasser

> le 100 dpi) changent radicalement la donne.


Absolument, et ce fut d’ailleurs au début l’erreur des créateurs de caractères numériques désireux de faire revivre les caractères anciens : baser leur travail sur les poinçons sans prendre en compte (ou pas suffisamment) les imprimés d’époque — d’où, notamment, tous ces Garamond numériques trop maigres ou Didot aux contrastes trop prononcés dans les corps inférieurs à 14.


> 2. Thomas, pourquoi ne pas dessiner vous-même le Didot de vos rêves?

Parce qu’en matière de dessin je n’ai guère dépassé le stade de la tête à Toto :-) Évidemment, je pourrais toujours scanner des caractères imprimés, les vectoriser et m’en servir ensuite comme base dans FontForge. Mais c’est surtout que je n’ai pas suffisamment de connaissances pour finir le travail. Comme vous l’écrivez d’ailleurs plus loin, je suis « effaré par l’ampleur de la tâche ». L’occasion d’apprendre, certes, et je ne demande pas mieux, mais le temps… Je suis en train de finaliser la création d’une entreprise, et il s’agira ensuite de trouver suffisamment de travail pour faire vivre trois personnes.


Amicalement,


Thomas Savary

1 le Grand-Plessis

F-85340 L’Île-d’Olonne

Tél. 06 22 82 61 34

https://correctionpro.fr/

https://compo85.fr/

Le mercredi 4 septembre 2024, 11:30:04 CEST Eric Guichard a écrit :

> Bonjour, je suis profane en la matière et j'apprécie la qualité de ces

> échanges.

>

> Sur ce thème de Didot, j'ai deux remarques/propositions.

>

> 1. En regardant

> https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/0/03/Code_civil_des_Fra

> n%C3%A7ais_%28Firmin-Didot%29.jpg, je me dis qu'on ne peut plus

> comparer une police du 19e avec une d'aujourd'hui: les chimies de

> l'encre et du papier ne sont pas du tout pareilles: dans l'exemple,

> l'encre bave (ou le papier fait buvard), ce qui devait induire en

> amont d'autres paramètres, par exemple pour différencier les formes

> grasses et maigres. Pour le dire autrement, l'expérience (tests

> d'impression) devait avoir autant d'influence que le design

> proprement dit. Aujourd'hui, avec une imprimante laser et du papier

> beaucoup plus "glacé", les effets (et donc les prémisses, les choix

> initiaux) et la définition (le Didot de 1804 ne semble pas dépasser

> le 100 dpi) changent radicalement la donne.

>

> 2. Thomas, pourquoi ne pas dessiner vous-même le Didot de vos rêves?

> Ce qui m'amène vite à une autre question. Michel, j'ai l'impression

> que c'est vous qui avez dessiné ou redessiné le fourier.

> Pourriez-vous nous parler de cette aventure? Ce pourrait être sous

> forme humoristique et ramassée (façon "Les Assis"), ou plus

> anthropologique (façon "comment aléser un cylindre de 4CV avec les

> outils de l'époque"). Je ne blague pas.

>

> Car j'ai l'impression que sur cette liste, nombre d'entre nous sont à

> la fois fascinés par l'idée de "créer" ou détourner une police, et en

> même temps effarés par l'ampleur de la tâche. Si nous pouvions

> disposer de cette culture, ne serait-ce que de façon profane et

> grand-public, nous en serions certainement tous et toutes ravis. Par

> ailleurs, la démarche intellectuelle et méthodologique frise

> l'épistémologie et j'ai l'intuition que son explicitation serait

> fascinante.

>

> Bien amicalement

> Eric

>

> Le 04/09/2024 à 11:03, Thomas Savary a écrit :

> > Bonjour, Thierry,

> >

> >  > Alors,  le dessin du Linotype Didot est parfait.

> >

> > Oui, pour les gros titres, superbe, et je l’utilise volontiers pour

> > des couvertures. Mais inutilisable comme police de labeur.

> >

> >  > L'espacement souffre des pratiques en la matière de la fonderie.

> >

> > Comme je ne compose jamais plus de quelques mots en LT Didot,

> > j’avoue

> > que je n’avais pas encore noté de problèmes de crénage, mais merci

> > de

> > l’évoquer, je ferai attention, au cas où…

> >

> >  > Et pour finir comme Michel, un Didot libéré de son caractère

> >  > excessif,

> >  >

> >  > inimprimable sur du papier ou avec une presse ayant le moindre

> >  >

> >  > défaut, ça n'est pas un Didot (ni un Bodoni!)

> >

> > Et pourtant… Je remets le lien vers cette page du Code civil :

> >

> > https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/0/03/Code_civil_des_F

> > rançais_%28Firmin-Didot%29.jpg

> > <https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/0/03/Code_civil_des

> > _Français_%28Firmin-Didot%29.jpg>. On voit bien que dans les petits

> > corps, le contraste entre pleins et déliés est considérablement

> > réduit — et c’est bien imprimé chez Firmin :-)