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Message : Re: Renfoncement

(Alain Hurtig) - Mardi 13 Mai 1997
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Subject:    Re: Renfoncement
Date:    Tue, 13 May 1997 15:35:19 +0200
From:    Alain Hurtig <alain.hurtig@xxxxxx>

At 13:42 -0700 13/05/97, Paul Pichaureau wrote:
>  Tu discutes avec les auteurs, toi ?
>
Ça m'arrive encore de temps en temps. J'ai travaillé pendant 3 ans pour un
labo d'anthropologie historique et d'histoire des religions, j'étais donc
en contact direct avec les auteurs. Je m'y suis formé (énormément), j'y ai
formé deux ou trois personnes (un peu) avec qui je suis resté en contact
tant amical que professionnel.

J'avais dans l'idée que mettre en pages, c'est produire du sens, et
qu'outre les connaissance théoriques et pratiques qui sont les miennes,
seul un dialogue, un aller et retour avec les auteurs, permettrait de
produire ce sens correctement. Dans l'ensemble, j'ai dû déchanter. Ou bien
les auteurs se contrefichent de la mise en pages, refusent d'en discuter,
ou bien ils savent mieux que moi ce que je dois faire, me renvoyant à un
simple rôle d'exécution (sauf quelques contre-exemples, cités plus haut).

>mais en discutant avec des gens qui font de la mise en page, j'ai été
>très surpris d'apprendre que les auteurs n'ont pas leur mot à dire en la
>matière. La charte typo est toujours respectée à la lettre, et pour le
>reste, c'est au maquetiste de décider, il a toutes latitudes pour cela.
>
Ça dépend de la taille, donc de la puissance, de la maison d'édition. Dans
les petites boîtes, les auteurs ont beaucoup de marge de manoeuvre (parfois
au détriment du pauvre maquetiste !). Dans les grosses usines, l'auteur
n'est qu'une pièce parmi les autres, et n'est plus maître de rien une fois
qu'il a livré son texte. Ça dépend aussi du type de texte (littéraire,
scientifique, etc.)

Ça dépend surtout du fonctionnement de la collection. Parfois, le directeur
de collection est tout à fait autonome, y compris pour la fabrication (sauf
l'impression, évidemment). C'est tout à fait agréable quand le directeur à
« l'oeil typo » (ici, un souvenir tout frais d'un boulot fait ce matin avec
un de mes meilleurs clients : on a résolu un casse-tête au mieux des
intérêts des deux parties :-).

Parfois (trop souvent, hélas !), l'éditeur veut du fichier XPress ou Word,
ou même une sortie laser « Camera ready copy ». Là, ça dépend : ou bien les
auteurs ont l'habitude de faire les mises en pages, et ils ont alors pleins
d'idées (parfois nulles, parfois géniales, souvent très bonnes parce qu'à
force, ils ont appris), soit ils refusent de faire ce boulot et en ce cas
là ils laissent à leur sous-traitant une paix royale.

>  À la réflexion, ça me semble très logique.
>
Pas forcément. Comme je le disais plus haut, ce serait plus satisfaisant de
travailler en collaboration étroite. Et puis, le typo fait aussi des
erreurs, ou bien ne comprend rien à ce qu'il doit mettre en forme. Et qui
mieux que l'auteur, qui surveille la naissance de son bébé chéri, saura le
voir, même s'il n'apporte pas de solution toute faite ?

>Mais quel est exactement
>ton boulot : tu fait des mises en page pour des auteurs à la demande, ou
>est-ce que tu travailles dans le cadre plus « professionel » d'une
>maison d'édition ?
>
Je suis free-lance. Je travaille (un peu) pour la pub, et beaucoup pour
quelques maisons d'éditions, dans des secteurs très variés, du roman aux
maths, en passant par le grec et le latin, l'économie. Un peu de tout, quoi.

Bon, j'ai raconté ma vie, là ;-)

On est loin du sujet de la liste ? Ben non, pas tellement, je trouve : les
conditions _réelles_ de travail font le quotidien de la typo.

Alain Hurtig         alain.hurtig@xxxxxx
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« Quand on n'a plus rien à désirer, tout est à craindre ; c'est une
félicité malheureuse. La crainte commence où finit le désir. »
   Baltasar Gracian, L'homme de cour.