Archive Liste Typographie
Message : Re: Renfoncement

(Alain Hurtig) - Lundi 12 Mai 1997
Navigation par date [ Précédent    Index    Suivant ]
Navigation par sujet [ Précédent    Index    Suivant ]

Subject:    Re: Renfoncement
Date:    Mon, 12 May 1997 20:55:41 +0200
From:    Alain Hurtig <alain.hurtig@xxxxxx>

At 18:54 +0100 12/05/97, Jean-Pierre Lacroux wrote:
>Elle vient de la définition même du paragraphe, du moins de sa
>définition traditionnelle. Un paragraphe EST séparé du paragraphe
>suivant par une ligne de blanc. Cela le distingue de l'alinéa, qui se
>contente du renfoncement.
>
Voilà une distinction un peu bizarre, et qui ne tombe pas sous le sens
commun. Mais admettons, alors je repose ma question :

Le blanc (ou la demi ligne) entre deux « alinéas » ;-), ça vient d'où ? (de
la dactylographie peut-être, je me revois en train de faire le geste de
tourner un peu le rouleau de la machine à écrire...)


>Ce n'est pas un problème proprement typographique : ce choix appartient
>aux auteurs, du moins à ceux qui maîtrisent cette possibilité d'enrichir
>l'articulation des textes.
>
Le choix _appartient_ aux auteurs ? Bigre !

J'ai longtemps essayé de discuter avec les auteurs de l'articulation de
leurs texte, de leur essayer que le blanc avait du sens, que blanchir une
page, c'était donner du sens, et qu'on ne pouvait pas le faire à tort et à
travers.

De leur expliquer aussi que c'était un risque, que la page pouvait en
devenir moins lisible. Que mieux vaut un beau et vrai blanc quelque part
plutôt que plusieurs petits blancs partout. Je me suis épuisé à répéter que
le blanc est signifiant. Qu'un texte, c'est « du feu noir sur du feu blanc »

J'ai renoncé. Je crois que ces gens ne parlent simplement pas la même
langue que moi. Donc mes auteurs et moi, nous avons adopté un modus
vivendi : ils m'ignorent et je les ignore : ça fait les mariages paisibles.

En pratique, pour les indications de mise en pages fournies par les
auteurs, j'écarte par principe celles qui ne rentrent de toute façon pas
dans la charte graphique de la collection (du genre plein d'espaces entre
les par... les alinéas, pardon, du genre gras-italique-souligné-relief,
etc.), et les fantaisies que rien ne vient justifier (dues uniquement à
l'ivresse de la puissance de traitement que donnent les traitement de
textes et autres outils de présentation). Je regarde avec attention les
suggestions qui font sens (à quoi bon réinventer ce qui l'a déjà été ?)

Je constate souvent avec intérêt que les auteurs ne sont pas « bridés »,
corsetés, par de grands principes typographiques, et trouvent des solutions
logiques et parfois élégantes, pour présenter des listes compliquées par
exemple. Pourquoi ne pas en profiter ?

Je constate aussi que leur ignorance (naturelle, c'est pas leur métier) du
langage typographique est immense.

Je préfère ne pas leur « laisser le choix », mais décider en dernier
ressort (c'est pour cela qu'on me paye, d'ailleurs).



Alain Hurtig         alain.hurtig@xxxxxx
-------------------------------------------------------------------
« Quand on n'a plus rien à désirer, tout est à craindre ; c'est une
félicité malheureuse. La crainte commence où finit le désir. »
   Baltasar Gracian, L'homme de cour.