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Message : Re: [code typo/formel?]

(Jacques Melot) - Vendredi 30 Mai 1997
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Subject:    Re: [code typo/formel?]
Date:    Fri, 30 May 1997 13:37:00 GMT
From:    Jacques Melot <melot@xxxxxx>

Le 30/05/97, à 12:22 -0000, nous recevons de Jacques Andre :

>Sous le sujet « A l'aide ! (ponctuation...) » a débuté une discusssion,
>d'ailleurs loin d'être close, sur la place d'un point de suspension par
>rapport à une parenthèse fermante et à  la capitale ouvrant la
>phrase suivante.
>
>Ce qui me plait, c'est la variété des réponses fournies, ou plutôt de leur
>justification :
>- certains ont des critères de lisibilité, mais je les met
>  toujours en doute : nous Français écrivons (en gros) xxx ; alors que
>  nos voisins anglais écirvent xxx; nous avons pourtant le même oeil, non ?


   (J'espère que vous ne pensez pas systématiquement qu'il n'existe pas
d'autre typographie que la française et l'anglaise !)

   Nous avons peut-être -- probablement, je vous le concède -- le même
oeil, mais pas nécessairement les mêmes goûts ni le même passé
typographique (ou autre).

   La typographie anglaise, est plus marquée que la française par un soucis
pragmatique que l'on observe dans la suppression des espaces devant les
deux points et le point-virgule, l'adoption de guillemet droits sans espace
autour du mot entre guillemets, etc.
   La typographie française est plus aérée, mais cela se traduit par des
coûts plus élevés.

>
>- donc, c'est une problème de culture ? Mais alors, peut-on définir
> ces règles rigoureusement ?


   J'en suis persuadé, mais dans des cas complexes, l'usage peut ne pas
suffire : il faut trancher, et trancher intelligemment si l'on assume la
très lourde responsabilité de fournir des normes.


>
>- d'autres emploients des règles de cohérence, de simplification, etc.
>
>- quant à moi (je ne dis pas avoir raison, simplement je parle avec la
>  culture d'un matheux/informaticien/linguiste etc.), je suis très marqué
>  par les définitions formelles (à la Chomsky) et en tout cas par des
>  règles d'écriture du style :
>    Phrase => Groupe Nominal + Groupe verbal + marqueur de fin de phrase
>  dans lesquelles on aurait beaucoup de mal à accepter des phrases sans
>  ponctuation _in fine_ du type M.........(......)


   Là, vous adopter un point de vue réducteur dangereux à mon avis. Afin
d'appliquer une théorie séduisante, vous adoptez des limitations ou des
règles pour le langage écrit : je ne peux vous suivre dans cette voie. Et
d'ailleurs que deviennent les effets de la poésie dans tout cela ?


>  Dans le cas précis de l'exemple de Piaf, je ne vois pas pourquoi on ne
>  mettrait pas un point (normal, d'exclamation ou tout autre marqueur de
>  fin de phrase -- les parenthèses n'en sont pas -- après cette parenthèse
>  (comme dans un arbre, je me moque complètement de ce qu'il y a à
>l'intérieur
>  de la parenthèse).
>
>Mais bien au delà de ce cas précis, pour moi qui travaille depuis quelques
>années sur l'écriture d'un correcteur automatique de typographie (voulant
>aller beaucoup plus loin que les trucs style espace avant le point-virgule -
>on s'appuie notamment sur la structure, style SGML, des documents ce qui
>permet de traiter un titre complètement différemment d'un corps d'alinéa),
>pour moi donc il y a 2 choses très importantes : la connaissance linguistique
>(syntaxe et sémantique) du texte, mais aussi, et je dirais bien
>surtout, la formalisation des règles du code typo, pardon des codes typo
>(français, anglais, mais aussi Hachette, Dunod, etc.)


   (Mais enfin, il n'y pas que le monde anglo-saxon hors de France !) Je
pense qu'il est possible de parvenir à ce but intéressant (si vous ne le
faites pas, d'autres le feront !) mais attention de ne pas imposer des
normes ou des limitations qui ne seront que le reflet des difficultés
rencontrées.

   Cela me rappelle un article du journal Le Monde (« Le coût de la
cédille. »), paru il y a une bonne dizaine d'années, dans lequel un
professeur d'université parisien s'est ridiculisé en proposant de supprimer
la cédille en français pour l'ultime raison que les ROM (ou les PRAM ?) des
ordinateurs de l'époque, encore trop étriquées, ne pouvaient pas contenir
tous les caractères utilisés pour l'écriture du français en plus des
caractères et signes nécessaires -- ben voyons -- à l'anglais. Quelques
mois plus tard, comme on le sait, cette limitation tombait.


>
>Tout ça pour dire que je ne suis pas le seul à penser à ce genre de formalisme
>(le Syndicat des Correcteurs aussi est intéressé par exemple) et que donc
>s'il y a des gens compétents qui veulent nous rejoindre vers cette utopie...


   Que vous en parliez comme d'une utopie présage plutôt une grande chose !
Bonne chance.

Jacques Melot, Reykjavík
melot@xxxxxx



>
>
>
> Jacques Andre          email: jandre@xxxxxxxx
> IRISA/INRIA-Rennes     tel: +33 (0)2 99 84 73 50
> Campus de Beaulieu     FAX: +33 (0)2 99 84 71 71
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