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Message : Re: Usage des tirets

(Alain Hurtig) - Mercredi 18 Juin 1997
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Subject:    Re: Usage des tirets
Date:    Wed, 18 Jun 1997 06:27:31 +0200
From:    Alain Hurtig <alain.hurtig@xxxxxx>

At 0:43 +0100 18/06/97, Gilles Perez wrote:
>Les guides typographiques sont assez peu bavards sur la différence entre le
>tiret d'un demi-cadratin (« tiret N ») et le tiret d'un cadratin (« tiret
>M »). Personnellement, j'utilise exclusivement le tiret d'un cadratin parce
>que je trouve celui d'un demi vraiment trop court. Mais certains trouvent que
>le grand tiret brise le gris typographique...
>
Je réagis comme Gilles. Il y a des exceptions bien entendu, ça peut
dépendre de la nature des textes, de l'empagement, de l'oeil de la lettre
(pour un tout petit oeil, le grand tiret risque de faire vraiment très
grand).

Mais dans l'ensemble, le tiret moyen me parait trop court pour marquer
vraiment l'incise, la suspension dans la phrase.

>Je vois aussi souvent -- surtout chez ceux qui utilisent TeX -- une tendance à
>utiliser le tiret d'un demi-cadratin pour séparer deux nombres (comme dans :
>pages 233-234 [usage anglais]). Je ne crois pas que cet usage soit conforme à
>l'usage typographique français mais peut-être me trompé-je.
>
Je vois ça aussi, et j'ai même vu pire. Les textes anciens sont souvent
divisés (par les critiques) en chapitres et versets (ou en grandes
subdivisions et petites subdivisions) - NB : vu le chapp d'activité, les
auteurs ne fréquentent pas TeX ;-). Pour indiquer qu'on parle de la portion
de texte qui va du chap. 2 verset 4 au chap. 5 verset 2, on écrit
classiquement « 2,4-5,2 » [1]. L'habitude se prend maintenant, lorsqu'il
s'agit de parler de la portion de texte allant du chapitre 2 au chapitre 5
d'écrire « 2[espace][tiret moyen][espace]5 ».

D'une part c'est laid et ça romps le gris de la phrase (du coup, l'oeil
« flotte » au dessus des chiffres et ne les perçoit pas vraiment), d'autre
part c'est peu compréhensible et il faut faire un effort pour distinguer
qu'est-ce qui est quoi quand on tombe sur une grande série de références
(mais je suppose que c'est une question d'habitude !). Je ne sais
absolument pas d'où vient cette funeste tendance (sans doute, comme pour
l'exemple cité par Gilles, simplement d'une ignorance entraînant un mauvais
usage), mais je préconise quand même « chap. 2 à 5, cités p. 233-244 ».

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[1] J'ai longtemps été partisan d'appliquer le code typographique et de
mettre une espace après la vigule. J'en suis revenu, et j'ai fini par
comprendre que cette absence d'espace a sa raison d'être : qu'on s'imagine
combien est blanche la portion de ligne :
« cf. 2, 45 ; 3, 2-77 ; 6, 1-7, 2 »
tandis que la même chose :
« cf. 2,45 ; 3,2-77 ; 6,1-7,2 »
fait un bloc plus homogène et donc plus lisible (comme le fait d'ailleurs
la Bible en Livre de poche, traduction de la TOB qui fait référence).

Alain Hurtig         mailto:alain.hurtig@xxxxxx
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« Quand on n'a plus rien à désirer, tout est à craindre ; c'est une
félicité malheureuse. La crainte commence où finit le désir. »
   Baltasar Gracian, L'homme de cour.