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Message : Re: Typo de la ponctuation : logique vs esthetique

(Olivier RANDIER) - Mardi 27 Janvier 1998
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Subject:    Re: Typo de la ponctuation : logique vs esthetique
Date:    Tue, 27 Jan 1998 03:59:35 +0100
From:    Olivier RANDIER <orandier@xxxxxxxxxxx>

>Thierry Bouche écrit:
>> D'autre part la question se pose aussi pour les points (jamais vu la
>> différence entre un point de futura et futura oblique ?).
>----
>Si, et pas que pour le futura... dont les points, ronds en romain,
>s'« ovalisent » légèrement en ital ; il y a plus net, par exemple les
>caractères dont les points romains carrés deviennent en ital des
>parallélogrammes (helvetica, univers...). C'est franchement désastreux
>dans des corps de titrage, c'est encore perceptible et  gênant du corps
>10 au corps 12... pour les jeunes lynx, en corps 8 ou 9. Ou alors, en
>corps 5 à 8, avec un compte-fils (tu peux supprimer le « s », si tu veux
>faire plaisir aux binaires du Conseil supérieur de la langue française).
>Problème (encore une mouche qui va souffrir...) : supposons une phrase
>(pas un titre, sinon la question ne se poserait pas...) en helvetica
>romain corps 14 (!) s'achevant sur un titre d'?uvre en ital qui s'achève
>lui-même par un point abréviatif... par exemple
>« l'Abbé C. » de Bataille. Le point sera-t-il en romain ou en
>ital ? À mon sens, en ital (pour indiquer que le point appartient au
>titre), et ça se verra ! (Il serait toutefois plus efficace que l'auteur
>mette un petit quelque chose après le point abréviatif...)

Je rebondis sur cette question, après avoir lu avec attention les
interventions à ce sujet, sur lequel je m'interrogeai depuis pas mal de
temps.
J'ai remarqué que, même chez les grands fondeurs, on rencontre une certaine
incohérence sur le traitement d'un certain nombre de signes de la police
(j'entend police, ici, au sens traditionnel) usuelle qui, à mon sens, n'ont
pas lieu de prendre la marque de l'italique ou du gras.
Le plus absurde, ce sont les copyright et registered, que l'on rencontre
fréquemment italisés dans la version italique ou oblique de la fonte, ce
qui impose une gymnastique insupportable pour les repasser en romain dans
un texte en italique (sans compter, ensuite, les problèmes de crénage).

J'avais fait une petite étude sur les signes particuliers, en ce sens.

Signes mathématiques ou informatiques ne prenant pas l'italique :
"+" (plus), "-" (moins), "±" (plus ou moins), "=" (égal), "?" (différent),
"<" (inférieur), ">" (supérieur), "¬" (non logique), "^" (circonflexe
ASCII), "~" (tilde ASCII), "#" (octothorpe ?) "·" (point centré), "°"
(degré), "%" (pour cent)*, "?" (pour mille)*.

Signes bibliographiques considérés "hors texte"** :
"*" (astérisque), "Ý" (obèle), "ý" (double obèle ?), "§" (section),
"¶" (pied-de-mouche) """ (double quote), "'" (quote simple).

Signes de ponctuation dont l'italisation n'apporte rien, généralement** :
"-" (tiret demi-cadratin), "-" (tiret cadratin), "*" (puce), "." (point),
"?" points de suspension, "_" (soulignement).

Signes légaux ne prenant pas l'italique :
"©" (copyright), "®" (registered), "?" (trade mark).

N'ont pas à prendre l'italique, car déjà en italique :
"#" (octothorpe ?), "?" (florin ?), "£" (livre), "@" (arobace)***.

N'ont pas à prendre le gras, car déjà en gras :
"*" (puce -- point gras, selon l'I.N.)

* Pour cent et pour mille sont ici des exceptions, puisqu'ils ont
généralement une variante italique, dont il serait dommage de se priver,
évidemment. Ceci est sans doute dû au fait qu'ils sont fréquemment employés
dans un contexte textuel, et non mathématique.

** Là, il convient d'être prudent, car la plupart de ces signes ont une
version italique, souvent très élégante et parfaitement appropriée au
contexte. L'italisation de certains signes me paraît toutefois inutile, et
source d'incohérence (elle n'est parfois même pas visible à l'écran), quand
elle n'est pas inesthétique. Je pense notamment à la puce, dont l'ovale, en
italique, semble souvent incongru à l'impression et passe généralement
inaperçu à l'écran.

*** Par souci d'unité, on pourrait estimer que les autres symboles d'unités
ne devraient pas changer de "pente" non plus, à savoir :
"$" (dollar), "¢" (cent), "¥" (yen) et... l'Euro, que je ne peux
représenter ici.

Concernant plus spécifiquement le problème des points, il me semble que le
problème varie beaucoup selon la forme du point. Dans une linéale à point
carré, l'italisation est inévitable, pour ne pas jurer avec l'angle des
futs de lettres. Pour les caractères à points ronds, je trouve qu'un
créateur malin gagnerait beaucoup à faire ses points identiques à
l'italique et au romain, dans la mesure où c'est compatible avec le dessin
général du caractère et notamment de la ponctuation haute.
Attention, le fait de considérer les caractères comme identiques n'implique
pas qu'il suffit de recopier le caractère du romain dans l'ital., il faut
d'abord italiser le signe normalement, puis le remplacer par le signe
romain, à la place que l'italisation lui a définie. Mais je m'égare...

P.S. : les paris sont ouverts : combien, des signes exotiques dont j'ai
parsemé ma copie avec délectation, passeront l'épreuve du "quoted
printable" ou de l'ISO-machin ? :)

Olivier RANDIER -- Experluette		mailto:orandier@xxxxxxxxxxx
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