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Message : Re: Titre d'oeuvre inséré dans la phrase

(Jean-Pierre Lacroux) - Mardi 17 Février 1998
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Subject:    Re: Titre d'oeuvre inséré dans la phrase
Date:    Tue, 17 Feb 1998 16:51:45 +0100
From:    Jean-Pierre Lacroux <lacroux@xxxxxxxxx>

Jean Fontaine wrote:
>    Là on ne parle plus de titres d'oeuvres à proprement parler, mais de
> journaux, dont plusieurs codes typo font un cas spécial. Par exemple, ceux
> qui préconisent de supprimer les capitales en général font souvent une
> exception dans le cas des journaux.
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La question est : pourquoi ? Or, ceux qui préconisent ce traitement
distinct se gardent bien d'y répondre précisément...
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>    Autre chose, le fait qu'on puisse composer à peu près n'importe comment
> le titre en page couverture [...]
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Oui... c'est un fait... Reste à l'analyser...
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> pourrait parfois induire en erreur les
>  fétichistes » de l'intégrté du titre. Par exemple, la page couverture de la
> douzième édition (de poche) du Grevisse porte comme titre « le bon usage »,
> tout en bas-de-casse, ce qui va évdemment à l'encontre de ce que l'auteur
> préconise (pas de ce qu'il préconise pour les pages couvertures, mais de ce
> qu'il préconise quand on cite un titre dans un texte courant).
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Le fait en question est en partie dû à un autre fait : les titres des
couvertures sont souvent l'?uvre de graphistes ou de typographistes pour
lesquels aucune entrave mesquine ne saurait entraver la liberté du
créateur... Nous sommes ici
aux confins de la typographie et déjà sur le terrain peu sûr de la
communication visuelle.
Pour être vraiment méchant : dans bien des cas, le bas de casse
téméraire est le seul élément qui justifie la facture...
Cette « liberté » va très loin, elle va même jusqu'à réduire à néant les
plus admirables finesses. Prenez l'exemple du bouquin d'André Chervel
(Payot, 1977) :
... et il fallut apprendre à écrire à tous les petits français
Bon livre, beau titre et, ce qui ne gâche rien, en couverture, terrible
et hérétique subtilité du « et » bas de casse, si plein de « sens »
après les points de suspension initiaux... (Un vrai cas d'école pour un
titre d'ouvrage... Que feront les « simplificateurs » et les
« orthodoxes » ?...)
Eh bien, tout est foutu en l'air avec
l'extension (volonté graphique...) du bas de casse au « petits
Français » ! L'étrangeté et la beauté du « ... et » initial sont
dissoutes dans l'uniformité du parti-pris visuel.
Comme disait Gide (à peu près...), il y a des gens qui s'imaginent que
c'est le fil qui empêche le cerf-volant de voler librement...

Le plus ennuyeux dans l'histoire, c'est que les petites audaces
graphiques se répercutent de plus en plus souvent dans les pages de faux
titre et de titre... Économie oblige... Les jaquettes et les
couvertures, on s'en fout, elles sont conçues pour faire vendre,
obéissent aux « lois » et aux
modes du genre, et les jaquettes sont en principe destinées à la
poubelle... mais
les pages de titre ? Y a d'l'abus !
Cordialement, 
Jean-Pierre Lacroux
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Bibliographies, citations (langue française, orthotypographie) :
http://users.skynet.be/sky37816/Lx.html
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