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Message : Re: @

(Jacques Melot) - Mercredi 11 Mars 1998
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Subject:    Re: @
Date:    Wed, 11 Mar 1998 09:10:25 +0000
From:    Jacques Melot <melot@xxxxxx>

 Le 10/03/98, à 16:35 +0000, nous recevions de Jean-Pierre Lacroux :

>Jacques Andre écrit:
>> Mais Deberny et Peignot l'écrivai(en)t bien (en 1926 en fait) Arobas !
>----
>Eh ben, ils étaient bien seuls (à l'époque...) ! Ce qui est normal,
>puisqu'ils se fourvoyaient (comme le Petit Larousse aujourd'hui... mais
>pas encore Little Bob). « Arobas », ce n'est ni français ni espagnol.
>D'où sort ce
>« s » final après un singulier (l'unité, en espagnol, c'est l'arroba) ?
>Je m'avance imprudemment, je n'ai pas vraiment étudié la question sur ce
>point, mais... à vue de nez, cela doit tenir à ce petit fait : avant le
>symbole, rares étaient les occurrences de nombres égaux ou inférieurs à
>l'unité... Alors, forcément... Un peu comme si £ était le symbole de la
>pounds...
>
>Parmi d'autres, voici ce que l'on peut lire dans les manuels de Dumont
>(1915) et de Leduc (1948) :
>@ arrobe
>(Il s'agit de l'unité, évidemment.)
>Pour l'anecdote, voici ce que je découvre chez ce cher Théotiste L.
>(1850, 1883), dans le chapitre consacré à la composition de l'espagnol :
>(a.)      alias, arroba
>Ça ressemble fichtrement à du bricolage : les deux parenthèses tentent
>de restituer la boucle de l'abréviation manuscrite latine...
>
>Pour revenir au problème posé par la rue de la Manutention...
>Le symbole @ a eu et a encore plusieurs emplois.
>Il est inutile de chercher un nom à l'unité et au symbole qui la
>représente, c'est une affaire réglée depuis longtemps, y compris en
>français.
>Il s'agit donc de nommer le même signe dans son emploi aujourd'hui le
>plus fréquent. Mais le nommer pour quoi faire ? Pour le désigner
>(« à commercial » [quatre syllabes], légitime depuis fort longtemps, est
>tout indiqué, en couple avec « arrobe ») ou pour l'exprimer à l'oral,
>par exemple dans les adresses électroniques ? Ici, autant faire court...
>et arrobe (deux syllabes), de ce point de vue également, est bien
>meilleur que les improbables arrobas, arrobase ou arobace (trois
>syllabes)... mais « à rond » n'est pas idiot non plus...


   D'autant plus que, par exemple, le symbole de dérivation partielle (?),
ou edh (ð [désolé pour les heureux possesseurs de Mac]) sans barre, est
appelé « d ronde », en mathématiques du moins.


>Ce que je crains, sans plaisanter, le sujet ne s'y prête pas, c'est que
>les « arobes » gênent un certain nombre de locuteurs.


   Apropå (comme on dit en suédois, comme quoi ma langue mythique, pour
reprendre la terminologie de Gobard, n'est pas l'anglais ;  non je
plaisante, ma langue mythique n'est rien d'autre que le français, comme le
montre d'ailleurs l'emploi de ce terme suédois... si on veut, bien qu'il
soit très fréquent), apropå, disais-je, quoi, ah oui, le petit Robert (él.)
nous propose les deux variantes « arrobe » et « arobe » (dans cet ordre).
Si l'on veut rester plus étymologique, ce qui n'est pas une mauvaise idée
en ces temps de barbarie galopante et puisqu'il est encore temps de le
faire, la première variante est préférable (1555; esp. arroba, ar. ar-roub
« le quart »). Pour les personnes souffrant plus de pragmatisme ou ayant
peut être des raisons très valables que j'ignore, la seconde peut aussi
être adoptée. Après tout, en français, et c'est une des difficultés de son
apprentissage par les germaniques qui prononcent tout, on entend peu (et je
suis généreux) de différence entre un r et deux.

   Amicalement,

Jacques Melot, Reykjavík
melot@xxxxxx


>Bref, contre le Petit Larousse, restons typophiles, restons fidèles à la
>trilogie
>@, arrobe, à commercial !
>Cordialement,
>Jean-Pierre Lacroux
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>Bibliographies, citations (langue française, orthotypographie) :
>http://users.skynet.be/sky37816/Lx.html
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