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Message : Re: ligature «ae»

(Alain LaBonté ) - Mercredi 15 Avril 1998
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Subject:    Re: ligature «ae»
Date:    Wed, 15 Apr 1998 14:35:25 -0400
From:    Alain LaBonté  <alb@xxxxxxxxxxxxxx>

A 12:49 98-04-15 -0400, Éditions Anne Sigier a écrit :
>J'aimerais savoir quel est l'usage concernant les mots latins comportant
>les lettres «ae» (ex.: rosae).
>Doit-on écrire «ae» ou doit-on utiliser la ligature «æ»?
>
>En passant, dans quelles circonstances utilise-t-on cette ligature?


   [Alain] :
   Uniquement lorsque le digramme <ae> représente le son « é » (en fait
quand le son « a » est absent serait plus juste, car la pronociation en
« é » n'est pas universelle en France, certains prononçant plutôt « è »
dans certains cas).

   Ex. : interdit pour « Caen » (prononcé « quand ») ou « caennais » 
         (prononcé « cannè ») ;

         obligatoire dans « cæsium » (prononcé « sézihomme »), 
         l'orthographe préférée de ce mot étant d'ailleurs « césium »,
         pour éviter l'emploi de la ligature æ, assez archaïque en 
         français, bien qu'encore utilisée.

   Par ailleurs la ligature « ? » (digramme soudé <oe>), beaucoup plus
fréquente en français, comporte des règles analogues, et agit comme
anti-tréma dans tous les cas :

   « ?/? » (la ligature <OE>/<oe>) est :

   1 stricto sensu, obligatoire partout où le digramme représente un seul 
     son (voyelle), non diphtongué. Mais attention, ce son n'est pas toujours 
     le même :
  
      « é » dans ?sophage, 

      « eu » (comme dans « le ») dans « ?il »,

      « eu » (comme dans « euh! ») dans « b?ufs »,

      « o » (comme dans « or », ou aussi comme dans « le »)
            dans le très riche exemple « gr?nendael » (notez aussi le « ae » 
            non ligaturé, prononcé « a » tout court) ;

   2 et interdit dans les cas où le o et le e sont prononcés distinctement, 
     comme dans « coexistence »). La raison en est que sa présence facilite
la 
     prononciation en évitant les hésitations de lecture, parce qu'il est 
     historiquement très rare de trouver un tréma sur le e d'un digramme 
     « oe » (cas rares : « Joël, Joelle, Noël, Noëlle, Noëlla » ; même 
     Groenland, groenlandais[e] -- c'était une colle d'une dictée de Pivot -- 
     s'écrit sans tréma sur le « e »).
     

Alain LaBonté
Québec