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Message : Re: ligature «ae»

(Alain LaBonté ) - Mercredi 15 Avril 1998
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Subject:    Re: ligature «ae»
Date:    Wed, 15 Apr 1998 16:32:46 -0400
From:    Alain LaBonté  <alb@xxxxxxxxxxxxxx>

A 20:56 98-04-15 +0200, Eric Mertens a écrit :
>Alain LaBonté  notait que :
>> 
>>       « o » (comme dans « or », ou aussi comme dans « le »)
>>             dans le très riche exemple « gr?nendael » (notez aussi le >>
            « ae » non ligaturé, prononcé « a » tout court) ;

[Éric] :
>Bonjour,
>
>Je me permets d'apporter ma modeste contribution ici. 
>
>Je suppose que le groenendael auquel tu fais allusion est le chien de
>berger belge à poils longs et noirs.
>Groenendael étant une localité belge, qui se prononce (origine flamande)
>"Groune'ndaal", il me semble que le "e dans l'o" n'est pas le meilleur
>choix. Par ailleurs, et toujours dans la gamme phonétique, le "a" n'est
>pas "tout court" (comme dans cheval), mais au contraire "allongé" par le
>"e" qui suit (comme dans mâle). 
>
>C'était mes 2 premiers centimes dans cette liste.


   [Alain] :
   Ce n'est pas le seul cas en français où l'on ne respecte ni
l'orthographe ni la prononciation d'origine, mais le franco-français n'est
pas la seule langue ou le seul dialecte qui fait cela non plus. 

   Autre exemple en français : le mot angström (ou « angstroem », 2e
épellation admise en français) massacre complètement l'orthographe
« Ångström » d'origine, tout en introduisant un « ö » (O UMLAUT), pour
faire faux-savant, lettre qui n'existe pas autrement dans notre langue.
Cela veut donc dire, si l'on admet cette graphie :

1 que le mot « angtröm » est un mot qui n'existe qu'en français, puisque, 
  en Suède d'où nous vient ce mot par l'intermédiaire d'un nom propre, il 
  serait hérétique de remplacer la lettre « å » (prononcé comme le « a » 
  dans l'anglais « all ») par un « a », prononcé comme le « a » dans le 
  français « à »).

2 et qu'il contient donc une lettre qui n'existe traditionnellement pas 
  dans notre langue, mais qui serait nécessaire à son écriture si l'on ne 
  disposait pas d'une alternative.

   Pour ce qui est de la prononciation de « gr?nendael » en français, ce
n'est pas moi qui l'ai inventée, elle est dans tous les dictionnaires qui
se respectent... Ce n'est certainement pas pire que la prononciation
anglaise de « fleur-de-lis », qui devient... « fleur de lit »...

   Comme je viens d'un pays où l'on massacre la prononciation de certains
mots français en les prononçant par ignorance à l'anglaise (*) ou celle de
certains mots anglais en les prononçant par ignorance à la française (**),
ou encore où l'on se fait un devoir de prononcer avec des sons purement
anglais (***) des mots anglais dans une conversation française (ce qui
m'horripile) [et, plus à l'ouest au Canada, rarement l'inverse], je
comprend parfaitement bien votre frustration et je vous approuve de l'avoir
exprimée.

Alain LaBonté
Québec

* La ville de Québec, aujourd'hui francophone à 97 %, a été à 
  prédominance anglaise une partie du XIXe siècle, après avoir été 
  française auparavant pendant plus de deux siècles ; résultat :
  on prononce « Côte SALABERRY » comme « Côte Salabeurré » alors que 
  Charles-Michel de Salaberry était bien d'origine française, et de la 
  région de Québec...

** Toujours à Québec, on prononce localement « Terrasse Dufferin » comme
   « Terrasse du frein », alors que Lord Dufferin, un des rares 
   gouverneurs très francophiles de l'Amérique du nord britannique, ce qui 
   l'honore, était tout ce qu'il y a de plus anglais... On prononce aussi 
   « rue Dalhousie » comme « rue Dalouzi » alors que mon voisin (que je 
   « covoiture » tous les jours en me rendant au bureau), un francophone 
   né au Manitoba, ne se faisait pas comprendre quand il prononçait « De 
   le hhhhâôsssie » quand il est arrivé à Québec (imprononçable et 
   incompréhensible pour un Québécois (; ), même si c'est la bonne 
   prononciation anglaise et la seule prononciation comprise partout en 
   Amérique du Nord sauf à Québec !!!

*** comme dans le mot « party », entendu encore ce matin à la 
    radio, utilisé abusivement en français québécois et prononcé par certains 
    de mes compatriotes « påou888té », ce qui est d'une élégance rare (;   
    (inutile de dire que je n'ai jamais trouvé très beau le son « r » 
    anglais, je n'y peux rien... et en tout cas en français, je le trouve 
    horriblement écorchant pour mes oreilles sensibles).