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Message : Encre et papier électroniques - Extrait du Petit Bouquet n° 340

(Alain LaBonté ) - Mardi 15 Septembre 1998
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Subject:    Encre et papier électroniques - Extrait du Petit Bouquet n° 340
Date:    Tue, 15 Sep 1998 08:54:50 -0400
From:    Alain LaBonté  <alb@xxxxxxxxxxxxxx>

Chronique « Tranche de tech » du Petit Bouquet, n° 340, de ce jour.

>Le papier est l'avenir de l'écran. Cette proposition iconoclaste, un rien 
>anachronique, est le credo de quelques hurluberlus nippons et américains. 
>Dès le début des années 80, chimistes et informaticiens cherchent à 
>démontrer que ni l'écran cathodique ni son cousin à cristaux liquides ne 
>sont indépassables. Exxon, le géant du pétrole, investit 100 millions de 
>dollars pour explorer des technologies futuristes qui réconcilieraient 
>papier et informatique. En vain. Xerox ne fait guère mieux et abandonne le 
>Gyricon. Cet écran hyper-plat développé au PARC par Nicolas Sheridon 
>n'avait qu'un objectif : être un concurrent du papier. C'est dans les 
>années 90 que, l'internet et le nomadisme réticulaire faisant leur chemin, 
>les dirigeants du centre de recherche de Xerox ont demandé à la petite 
>équipe de Sheridon de se remettre au travail. Entre temps, d'autres avaient 
>fait des progrès. Au sein des fameux Bell Labs, Paul Kolodner et Denis 
>Rousseau misent sur une protéine, la bactériorhodopsine, pour concocter des 
>écrans biologiques. L'idée est aussi simple que la mise en ?uvre 
>industrielle est complexe. Sous l'action d'un choc électrique, la 
>bactériorhodopsine contenue dans le corps frêle d'une bactérie mutante 
>change de couleur, passant du jaune au bleu. Le hic, admet Paul Kolodner, 
>c'est qu'il faut 4000 volts pour stimuler la bactérie. Moins futuriste et 
>probablement plus réaliste est le projet de E Ink, une start-up de 
>Cambridge, sise à quelques centaines de mètres du MIT. C'est d'ailleurs de 
>cette université et plus précisément du Media Lab que provient l'idée 
>d'écrire avec de l'encre électronique formée de micro-billes en suspension 
>dans de l'huile. Chaque bille est composée d'une demi-sphère blanche et 
>d'une demi-sphère noire. Sous l'effet d'un champ électrique, une 
>micro-bille peut basculer et montrer soit sa face noire, soit sa face 
>blanche. Due au physicien Joseph Jacobson qui explique par le menu sa 
>technique dans la livraison du 16 juillet dernier de Nature, cette 
>découverte pourrait rapidement être convertie en un produit commercial. 
>C'est l'ambition du PDG de E Ink qui vise initialement le marché des 
>enseignes avant de s'attaquer à celui de l'imprimerie traditionnelle. 
>Pourquoi, rêve cet émule de l'auteur du livre des sables, ne pas imaginer 
>un livre imprimable à l'infini, dont l'encre des pages serait contrôlée par 
>un microprocesseur dissimulé dans la reliure ? Probablement un rien plus 
>pragmatiques, les ingénieurs d'IBM ont mis au point un écran plat, le 
>Roentgen, dont la définition est égale ou supérieure à celle du bon vieux 
>papier. Montré à la presse la semaine dernière à New York, il sera 
>officiellement exhibé en public à Tokyo ce mercredi alors que de nombreux 
>quotidiens de l'Archipel envisagent d'avoir recours à des tablettes de 
>lecture électronique pour satisfaire la boulimie journalophile des lecteurs 
>japonais. Avec 16,3 pouces de diagonale (un peu plus de 41 cm), le Roentgen 
>n'est plus un gadget. Il devrait trouver sa place dans des équipements 
>médicaux et, à moyen terme, équiper les ordinateurs portables de la marque. 
>[Harry Gato]