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Message : ponctuation

(Oudin-Shannon) - Mardi 17 Octobre 2000
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Subject:    ponctuation
Date:    Tue, 17 Oct 2000 16:44:30 +0200
From:    "Oudin-Shannon" <liberman@xxxxxxxxxxxxx>

« La responsabilité portée par les typographes du XIXe siècle, Didot en
tête, n'en est que plus lourde. En ponctuant de la même manière tous les
textes qui leur étaient confiés, ils en modifiaient l'apparence, comme un
chef d'Etat qui exigerait de l'émisaire soudanais qu'il se vête de la même
manière que le japonais, et du japonais qu'il adopte le costume parisien.
Les Didot ont proprement travesti les auteurs anciens en les faisant passer
pour ce qu'ils n'étaient pas ; notamment, ils conféraient de la rigueur aux
styles les plus relâchés, tels ces chirurgiens d'aujourd'hui, capables de
vous faire croire que ce visage doit son lisse à sa jeunesse, tels ces
nécrophages de la musicologie qui s'empressent comme de mauvaises fées
autour des symphonies inachevées, s'efforçants de leur procurer une fin
digne de ce nom, cette fin que le compositeur n'avait pu, ou su, trouver. »

Jacques Drillon, page 69.

Drillon n'a pas écrit un code, un manuel ou un dictionnaire des règles mais
un traité de la ponctuation. On ne trouve pas dans son ouvrage des réponses
définitives comme dans le Code typographique (qui est d'une laideur
typographique absolue).
Savoir employer le plus justement possible la ponctuation (ce que je ne sais
pas faire), est beaucoup plus important que le choix des espaces liés à la
ponctuation.

Pour moi, mettre une espace mot insécable, un quart de quadratin insécable,
une espace fine ou pas de blanc avant le point virgule est secondaire.
Chacune de ses propositions valable et il en est de même pour la présence ou
l'absence d'accents sur les capitales.
Ce qui importe c'est l'esthétique et la lisibilité.
Pour l'esthétique les choses sont subjectives (et quelqu'un peut me dire que
le Code typographique est une pure merveille), pour la lisibilité il faut
chercher au maximum des données objectives. Ainsi des tests montrent qu'un
interlettrage serré ne ralentit pas la lecture par rapport à un espacement
normal ou large. Il me semble donc que le choix de l'interlettrage doit se
faire sur des critères esthétiques en corrélation avec les contraintes
éditoriales. Il est souvent trop facile d'invoquer la lisibilité là où il
n'est question que d'esthétique, de traditions et de règles.

Si l'on reprend la comparaison avec l'architecture, doit-on affirmer qu'il
ne doit exister qu'une seule règle en matière de finitions pour les
batiments ? Des styles, des pratiques différentes ne peuvent-ils pas
coexister ?

A garder le nez sur les finitions on peut arriver à ne plus rien voir (et
même certains détails).
Ainsi dans l'exemple Hermès dévoilé on trouve :

société ; étant
semblables ? Non,
répondais-je ; ce
croyant ; ne
Hélas ! j¹étais
confiance ; tout
projets : je
s¹éclipsait ; je
malheur ; mes
publique ; on

etc.

A chaque fois l'espace avant la ponctuation semble plus important que
l'espace après, à cause du dessin des lettres.
Ainsi, serait-il délirant de mettre une fine avant le point virgule pour
remédier à ce problème ?
Ou alors il faut rectifier pour chaque signe de ponctuation, selon le dessin
des lettres qui précèdent et suivent.
Et encore : où est l'espace entre Ô et PERTE ?

Mais finalement, cet exemple de composition pour Hermès dévoilé, si on le
transpose en architecture qu'est-ce-que cela donne ?
Le Petit Triannon reconstitué avec des matériaux contemporains ?

Jérôme Oudin