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Message : Re: e-mail (Jean Fontaine) - Mercredi 21 Février 2001 |
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Subject: | Re: e-mail |
Date: | Tue, 20 Feb 2001 21:01:55 -0500 |
From: | Jean Fontaine <jfontaine@xxxxxxxxxx> |
Le marronnier du (e-)mail/Mél./courriel a refleuri récemment sur TLSFRM (liste sur la terminologie) quand, Jacques (e-)Melot s'en souviendra, quelqu'un a proposé de lancer une croisade médiatique en faveur du nom francisé « mél » [sic] pour contrer, pendant qu'il en est peut-être encore temps, l'omniprésence de « e-mail » en France. (Au Québec, « courriel » semble bien enraciné.) Les opinions sur la question étaient partagées. Voici trois contributions que j'y courriellai. Ça ne touche que partiellement la typo, mais comme le débat semble relancé ici aussi... Jean Fontaine ---------- De : "Jean Fontaine" <jfontain@xxxxxxxxxxx> Date : Sat, 10 Feb 2001 21:16:41 -0500 À : "tlsfrm" <tlsfrm@xxxxxx> Objet : Re: [TLSFRM] Re: mel/courriel Je suis aussi d'accord qu'en contexte, les mots « courrier », « message » et « adresse », au besoin précisés par l'adjectif « électronique », font très souvent l'affaire. Quant à « courriel » et « mél » (ou ses variantes : mail, e-mail, etc.), peu importe les préférences personnelles, j'aimerais savoir s'ils sont parfois utilisés (peu importe le pays) dans les exemples ci-dessous qui sont précédés d'un point d'interrogation. On peut distinguer au moins quatre sens : 1. courrier électronique (messagerie, moyen de transmission) Je vais t'envoyer le document par courriel. ?Je vais t'envoyer le document par mél. 2. message électronique (« courrier électronique » se dit aussi dans ce sens) J'ai reçu quinze courriels ce matin. J'ai reçu quinze méls ce matin. 3. courrier électronique (ensemble de messages électroniques) Je lis mon courriel tous les matins. ?Je lis mon mél tous les matins. 4. adresse électronique (un peu ambigu : une adresse URL est aussi électronique) C'est quoi ton adresse de courriel? ?C'est quoi ton adresse de mél? C'est quoi ton adrel? C'est quoi ton adèle? ?C'est quoi ton courriel? ?C'est quoi ton mél? Bien sûr, à propos de ce sens 4, on voit souvent par écrit des trucs comme : Téléphone : 123-4567 Courriel : machin@xxxxxxxxxxxx Mais, à ma connaissance, l'expression machin@xxxxxxxxxxxx n'est pas plus un courriel (ou un mél) que l'expression 123-4567 n'est un téléphone. Téléphone » me semble ici une ellipse (plutôt qu'un synonyme) de « numéro de téléphone » et « courriel » une ellipse (plutôt qu'un synonyme) '« adresse de courriel ». À plus forte raison pour les abréviations purement graphiques comme « Mél.», « C.É. » et consorts. Toujours pour ce sens 4, plutôt que de recourir à l'ellipse, certains recourent au mot-valise, avec « adrel » ou « adèle », cousine de l'espagnol « emilio »... Quant à un verbe, le français offre déjà un bon choix : envoyer, transmettre, expédier, câbler, etc. Si l'on craint une ambiguïté sur le mode de transmission, on peut vouloir recourir à un néologisme : 5. envoyer par courrier électronique Je vais te courrieller le document. ?Je vais te méler le document. On trouve de de plus en plus « courrieller » au Québec, même si je ne suis pas sûr de trouver le mot joli... Mon point d'interrogation sur « méler » porte plus sur la graphie que sur l'existence de verbe, courant à l'oral. Jean Fontaine ---------- De : "Jean Fontaine" <jfontain@xxxxxxxxxxx> Date : Sun, 11 Feb 2001 10:22:05 -0500 À : "tlsfrm" <tlsfrm@xxxxxx> Objet : Re: [TLSFRM] mel/courriel >> [Lionel] >> Pour en revenir à "mél" et à la technique, je souscris tout à fait à >> l'analyse pertinente de Jacques sur le gros problème posé par cet >> accent aigu qui va naturellement tendre vers le grave. > > ***La distinction é/è n'est plus ce qu'elle était. Ces deux voyelles tendent > à ne correspondre qu'à une seule, les deux variantes étant en distribution > complémentaire à l'oral (é en syllabe ouverte : déjeuner ; è en syllabe > fermée : petit dèj') D'où : méler / mèl... > > Yvanne Là-dessus, encore quelques réflexions pêle-mél... Si l'on me demandait comment franciser graphiquement le mot « (e-)mail », j'aurais bien du mal à répondre. Premièrement, je n'aime ni « mél », ni « mèl » ni « mêl ». Ces formes laissent une impression de bizarrerie car, sauf erreur, il n'existe pas de mot français se terminant par -él -èl ou -êl. Et il faudrait d'abord savoir quelle prononciation l'on cherche à représenter. Il n'y a pas d'équivalent français exact pour la diphtongue anglaise dans « mail ». En français on prononce soit un e ouvert (è), soit un e fermé (é), plus ou moins longs, deux phonèmes dont la prononciation est instable et dont la distinction est plus ou moins bien maintenue selon la région de la francophonie. Quelle graphie adopter? On pourrait conserver la graphie « (e)mail », mais certains risquent alors de faire rimer avec « maille »... Par ailleurs, les mots « mail » et émail » existent déjà en français, bien qu'ils aient des sens bien éloignés de la télématique. Si l'on veut aussi transcrire la première voyelle d'« e-mail », on pourrait créer quelque chose comme « hymel ». Mais les connotations d'hymen et d'hydromel ne seraient probablement pas suffisantes à susciter l'adhésion des masses... Resterait « un mel », qui rimerait avec « sel ». On aurait probablement le verbe dérivé « méler », homonyme gênant de « mêler » et appartenant à cette catégorie de verbes en -é*er (comme « céder ») dont le public ne sait plus trop s'il prennent l'accent aigu ou l'accent grave au futur et au conditionnel (une des cibles des rectifications orthographiques de 1990, rectifications dont le public ne sait plus trop si elles sont obligatoires, facultatives ou interdites). À propos, en québécois familier, on emploie depuis longtemps le nom « malle » et le verbe « maller » dans le contexte de la poste traditionnelle : malle = poste (envoyer qqch. par la malle), courrier (la malle est arrivée) boîte à malle = boîte aux lettres maller une lettre = poster une lettre Mais ces emplois sont considérés comme relevant d'un niveau relâché. Ils sont souvent qualifiés d'anglicismes (influence indiscutable de l'anglais mail » et « to mail »), mais c'est peut-être aussi en partie une survivance d'emplois archaïques du mot français « malle ». Quoi qu'il en soit, les puristes québécois ont critiqué ces formes et seraient bien les derniers à les étendre au contexte électronique. Bref, ce petit mot « mail », si simple et si polyvalent en anglais, est un vrai cauchemar à assimiler dans le système graphique du français. Décidément, j'aime de plus en plus « courriel »... Jean Fontaine ---------- De : "Jean Fontaine" <jfontain@xxxxxxxxxxx> Date : Sat, 10 Feb 2001 01:02:57 -0500 À : <tlsfrm@xxxxxx> Objet : Re: [TLSFRM] Vous avez un courriel Un avantage de « courriel » est sa productivité lexicale : pourriel : spam plourriel : spam abondant polluriel : spam envahissant bourriel : spam congestionnant pot-pourriel : kyrielle sérielle de pourriels gouriel : courriel envoyé par erreur au(x) mauvais destinataire(s) amphigouriel : courriel confus, peu intelligible discourriel : courriel-fleuve contre-courriel : réplique à un courriel furiel : courriel furieux, fielleux feuriel : courriel provocateur, brûlot basse-courriel : courriel de cancans et autres caquetages secourriel : courriel répondant à une demande d'aide cooliel : courriel vachement sympa coeurriel : courriel du coeur curriel : courriel du ... souriel : courriel peu sérieux Jean Fontaine
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