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Message : Re: Interrogamation [fut : Re: Traité du mycographe pervers...]

(Thierry Bouche) - Mardi 27 Novembre 2001
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Subject:    Re: Interrogamation [fut : Re: Traité du mycographe pervers...]
Date:    Tue, 27 Nov 2001 20:32:25 +0100
From:    Thierry Bouche <thierry.bouche@xxxxxxxxxxxxxxx>

Jacques Melot a écrit :

> >L'espagnol est très différent, il me semble que la référence est
> >toujours la langue parlée, l'écriture est purement phonétique, et les
> >signes de ponctuation relèvent plus de la notation musicale. C'est
> >comme si l'écrit était une partition que le lecteur joue dans sa tête,
> 
>     Non, mais vous l'entendez ! Et mon oeil, c'est du jacques-à-l'eau ?!

C'est un bon sujet de méditation pour les hispanofrancophones, en tout
cas. J'ai écrit ça en pensant aux pages de Drillon qui montre combien la
ponctuation est « musicale », presque une didascalie, chez certains
auteurs (dont Molière, si je bien me souviens ?). Il y a de nombreuses
tournures qui prennent en espagnol une virgule là où il nous en faudrait
deux (ils ne mettent que l'ouvrante qui marque la pause, et point la
fermante que notre cartésianisme impose). Mais tout ce que je dis là
n'est que conjecture (à quoi tu ne sembles pas avoir d'autre chose à
opposer que des conjectures négatives ou des pétitions de principe, ce
qui ne nous avance guère...).


> >la _compréhension_ se faisant une fois le texte commué en sons.  Un ¿
> >signifie : ici le ton commence à monter.
> 
>     C'est une interprétation, et je ne pense pas qu'elle soit bonne.

j'ai lu ça en toute lettre dans une grammaire : où mettre le ¿ ? là où
le ton monte.


>     À mon avis, tu fais fausse route. En espagnol, à l'écrit, ce qui
> tient lieu de point d'interrogation est constitué de deux éléments
> inséparables  (¿ ... ?) comme l'est la négation ordinaire en français
> (ne ... pas) ou l'alternative sous la forme « soit ... soit ». La
> même remarque vaut, mutatis mutandis, pour l'exclamation (¡ ... !).
> L'explication de ce double marquage est syntaxique : il permet de
> savoir sur quelle portion du discours porte l'interrogation ou
> l'exclamation dans l'écrit, mais comme il s'agit nécessairement d'une
> phrase (ou ce qui en reste après ellipse), ce balisage n'a finalement
> pas grande utilité et se réduit à une convention.

je suis d'accord, sauf que l'ellipse peut aller très loin.

Dans un truc comme :

Attention à mon pied, hé !

on peut modifier pas mal la perception selon que l'on case le ¡ au début
ou à la virgule. 

Il y a aussi des nuances qui me laissent perplexe : on peut laisser la
ponctuation de la phrase (du genre : pie, ¡eh!) ou la supprimer (¡eh!
¡oh!).

>     Des constructions de la forme ¿ ... ! sont des curiosités qui ne
> sont en fait que de simples artefacts typographiques suggérés par la
> forme même que prennent par écrit l'interrogation et l'exclamation
> par écrit. C'est un peu comme si, en français, nous remplacions une
> parenthèse fermante qui suit nécessairement une parenthèse ouverte
> par un guillemet fermant ou plutôt par un tiret cadratin (il y a une
> gradation dans l'isolement produit par l'encadrement par deux
> virgules, par deux tirets cadratins et par des parenthèses). J'en
> conclus donc, du moins jusqu'à ce qu'on m'apporte un démonstration
> convaincante du contraire, que, comme je l'écrivais plus haut,
> l'« interrogamation » (comme l'« exclarogation ») sont des curiosités
> uniquement issues d'un jeu logique auquel se prête bien la syntaxe
> particulière des signes composés utilisés pour l'interrogation et
> l'exclamation en espagnol.

Je suis aussi assez d'accord. Je ne sais toujours pas comment on écrit
en français la dernière scène du Dr Folamour...

Th.