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Message : Re: [typo] Typographie anglaise (suite)

(Jef Tombeur) - Jeudi 28 Novembre 2002
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Subject:    Re: [typo] Typographie anglaise (suite)
Date:    Thu, 28 Nov 2002 13:41:37 +0100
From:    "Jef Tombeur" <jtombeur@xxxxxxx>

From: "d. collins" <dcollins@xxxxxxx>

>Je suis traducteur (...) les différences sont minimes et n'ont pas
besoin d'être soulignées.

Idem. Mais ce n'est quand même pas aussi simple...
1) selon les textes, le résultat sera sensiblement différent.
Sans même s'en rendre compte, on ne traduira pas tout à fait de la
même manière le texte d'un britannique et d'un américain. De plus,
l'éditeur peut avoir sa vision du texte et orienter de fait la
traduction (pour résumer, l'éditeur peut vouloir un texte qui
"fasse" plus traduit de l'am. J'ai eu le cas pour un auteur, féru de
langue anglaise du XIXe (et PhD ayant traité de la lit. pop. de la
période), mais dont le sujet, la culture de la marijuana en limite
S.-Cal./N.-Cal. par une bande de joyeux hurluberlus, était am. de
chez am. Essai payé mais retoqué car le rythme n'était pas comme
ceci, la couleur n'était pas comme cela. J'ai vu le résultat : le
traducteur n'avait respecté ni le rythme, ni la couleur, ni
justement la distance entre la langue employée et le sujet traité
(qui, à mon sens, renforçait dans l'original la saveur
d'autodérision qui caractérise les écrits de l'auteur), mais c'était
bien am. de chez am., cadencé pop-rock, etc. Soit pile le
positionnement mercatique du bouquin (même auteur, texte différent,
mais chez un autre éditeur : on visait ultérieurement le marché des
ouvrages requis pour le CAPES et l'agreg, et une trad. légèrement
plus littérale était souhaitée).
2) selon les textes, les auteurs, les différences sont quand même
assez marquées.
Et j'ajouterai, les époques. Je veux bien que l'analyse
orthographique et syntaxique des textes de J. Kerouac et ceux de G.
Greene (voire orthotypographique pour la ponctuation) ne révèlent
que des différences somme toute minimes (qui le seront d'autant plus
que le crible employé relèvera d'une école de linguistes ou d'une
autre), mais ce n'est pas quand même un rapport d'identité d'emploi
de la langue. J'imagine que nous en sommes d'accord.
3) la mercatique impose justement ce soulignement.
On n'a pas tout à fait la même distribution d'acheteurs potentiels
selon qu'il soit indiqué l'un ou l'autre.
Certes, ce n'est pas le problème du traducteur. Certes, c'est aussi
subjectif (il faut bien que les gens chargés de vendre des livres
justifient leur emploi, et avancent des arguments tordus pour faire
semblant d'apporter quelque chose de plus).

Revenons à la typo...
Actuellement, les mêmes groupes sont souvent propriétaires de
diverses maisons d'édition de part et d'autre de l'Atlantique. Les
éditions _hard_ et _soft_ (_back_, pas _ware_) sont traitées à la
même moulinette de _soft(ware)_, que ce soit pour les éditions am.
ou brit. En général, seul l'_art_ (traitement de la couv. avec
illustration différente, des deux, trois, quatre de couv.) différe.
Mais on peut toujours étudier les éditions et rééditions de part et
d'autre pour les périodes antérieures.
De nombreux auteurs can. et des É.-U. se faisaient éditer à Londres,
Bath, Oxford, et rééditer aux É.-U.
Vice-versa d'ailleurs (pb. de droits : ceux d'un auteur ang.
pouvaient avoir été cédés à une maison d'édition am. pour une
réédition, un second éd. brit. rachetait et sortait une troisième
éd.).
Les différences sont peut-être minimes, mais je ne sais où placer la
toise.
Effectivement, elles ne nécessitent absolument pas d'être
soulignées.
D'autant qu'une mauvaise édition brit. peut avoir été sensiblement
améliorée par l'éd. am.
Ceux qui ont du temps à perdre peuvent se livrer à une étude
approndie, pour mon compte j'examine distraitement le phénomène à
l'occasion.
Et j'imagine que la distribution des différences révélerait que les
distinctions ne sont guère pertinentes.
Pour une raison que j'imagine être la suivante :
Tout comme les rédacteurs de code se pompent tous de ce côté de la
Manche, les rédacteurs de manuels et de marches se sont tous pompés
de part et d'autre de l'Atlantique.
Notez que j'imagine et n'affirme rien. Ce que je ferai
ultérieurement ou jamais mais je commence à en avoir un peu déjà les
moyens.
En tout cas, pour ce qui est d'un lointain passé, je signale que la
virgule était précédée d'une espace pleine tant dans des textes
imprimés en Angleterre qu'en France (mais pas dans tous, bien sûr,
de joyeuses improvisations et variations, à l'intérieur d'un même
ouvrage parfois, sont constatées).
En fait, c'était plus compliqué, puisque pour la composition
justifiée on pouvait avoir :
pas d'espace,
espace,espace
pas d'espace,pas d'espace
Maintenant, un truc dont je suis totalement sûr :
En anglais, les dates sont toujours suivies immédiatement d'un point
Ex. 1533.
Il en est de même des mentions des années.
Dans ce cas, il n'est pas suivi d'une capitale (sauf capitale de
majesté, par ex. pour Qveene, King, Kingdome, Crowne, Royall, toute
référence à la royauté à tout âge, né ou à naître, ex. Infant,
Sonne, et tout degré de parenté, ex. Vnckle, et qualités ou
attributs des mêmes, de même que leurs faits et gestes, états
d'humeurs et affections s'y rapportant, tout objet les touchant et
concernant, ainsi que les noms de pays, par ex. Spaine).
On écrira ainsi :
In _Nouember_, _Anno._ 1538. His Royall Vnckle, since the Conquest
of Spaine...
In 1530. Shee was with Child, but the Abortive mifcaried...

Les usages ultérieurs américains ont quelque peu différé quand
même...
Ex. the bloody king of england...
Une autre chose dont je suis pratiquement sûr.
En américain moderne, on se dispensera totalement de capitaliser,
même après le point s'il vous a échappé d'en poser un.

Bon, tout ça pour dire qu'on gagnera à se préserver d'affirmer trop
vite et trop impérativement (sauf pour rigoler et quand on est
pressé ; bien évidemment, cette règle ne s'applique pas pour la
rédaction du code 'patatypo).