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Message : Re: [typo] Abréviation mn ou min ?

(Jacques Melot) - Dimanche 12 Janvier 2003
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Subject:    Re: [typo] Abréviation mn ou min ?
Date:    Sun, 12 Jan 2003 13:02:01 +0000
From:    Jacques Melot <jacques.melot@xxxxxxxxx>

Title: Re: [typo] Abréviation mn ou min ?
 Le 12/01/03, à 9:50 +0100, nous recevions de Mariano de Bolòs Arnau :

Bonjour tout le monde et bonne année,
 
Je m'appelle Brigitte et je travaille à Barcelone comme traductrice. Je me permets d'utiliser l'adresse de mon collaborateur pour vous soumettre un doute concernant l'abréviation de « minute ».

 
Je constate que depuis quelques temps la tendance est à remplacer l'abréviation « mn » par « min », avec ou sans point, ce qui serait une exception à la règle. À quoi ce changement est-il dû ?
 
J'ai consulté plusieurs dicos de langue : Le Robert donne « min ou mn », Le Petit Larousse « min », Le Trésor de la Langue française « mn, m et min. », etc. Sur le site Le Linguophile « min » est recommandée ; je ne comprends pas pourquoi, d'autant que « min. » existe déjà comme abréviation de minimum. Quant aux dicos de typographie, ils donnent tantôt « mn », tantôt « min ».
 
Merci de m'éclairer.
 
Cordialement,
Brigitte


   Il ne faut pas confondre les écrits qui ne font que lister les usages dominants (parmi lesquels « mn ») et ceux qui fournissent des normes. Que « mn », supposé correct (voir plus bas), ait tendance à être remplacé par « min » peut être un simple signe de dégénérescence ou d'absence de professionnalisme (ponts coupés avec le passé et ignorance des règles), le soucis d'éliminer de tels artefacts allant, hélas, diminuant.

   Mais il y a autre chose dont il est plus facile de juger, car objectif. Nous sommes en présence, là, d'une part d'une abréviation, « mn », qui a l'usage pour elle, un usage large et persistant, et d'autre part de « min », qui n'est pas une abréviation, mais un symbole, celui adopté dans le S.I. (Système international d'unités ; Ramat, p. 59, Lexique de l'I.N., p. 176). Une troisième entité est l'abréviation authentique « min. ». L'abréviation « mn » a cela de particulier qu'elle fut pendant très longtemps utilisée comme symbole.

   Dans un texte général soigné, et là où les abréviations sont admissibles (cas moins nombreux qu'on ne le pense en général), « min. » s'impose à l'exclusion de « min ». Que l'abréviation soit aussi utilisée pour d'autres termes (vous citez « minimum »), n'est pas un cas isolé et n'a rien de rédhibitoire, pas plus que ne le sont les homonymes. Si une ambiguïté se présente, il suffit de rédiger à nouveau le texte, jusqu'à ce qu'elle disparaisse : c'est ce que l'on fait, par exemple en français, dans le cas du pronom possessif à la troisième personne du singulier (« son chapeau », le sien ou celui d'un autre ?). Cela s'appelle tout simplement rédiger correctement.

   Dans les cas où l'abréviation est justifiée (dans les tableaux, par exemple) et possible, il faut s'en tenir aux abréviations en usage, lorsqu'elles existent, et former des abréviations suivant les règles générales, sinon. Ceci pour un texte général (sauf cas d'espèce, où l'usage du symbole « min » peut logiquement s'imposer !). Dans le cas d'un texte technique ou autrement didactique, le symbole normalisé « min » (S. I.) s'impose partout où le contexte reste technique et où le temps considéré l'est d'un point de vue technique.

  Le fin mot de l'histoire est de savoir décider ce qui, dans chaque cas, s'impose. Selon le contexte, ce peut être le mot au long, une abréviation (qui ne peut être que « min. ») ou le symbole normalisé (« min »). Cela ne me semble pas présenter de difficulté. Quant à « mn » qui est, sauf erreur, une ancienne abréviation utilisée aussi comme symbole, mais désormais officiellement abandonnée en tant que tel au profit unique de « min », il est préférable de s'abstenir strictement de l'employer (à moins que quelque chose ne m'échappe).

   Jacques Melot