Re: [typo] Tirets dans un texte

[Jacques Melot <jacques.melot@xxxxxxxxx>]

 Le 8/04/03, à 22:48 +0100, nous recevions de Jean-Philippe Gérard :

> Bonjour,
>
> Lorsqu'on utilise des tirets dans un texte, encadrant plusieurs à la
> manière de parenthèses,
>
> 1) quel genre de tirets doit-on utiliser (tiret simple, demi-cadratin,
> double cadratin) ?



   Double cadratin ? (je suppose que dans votre pensée il s'agissait 
de « double demi-cadratin », soit cadratin). Donc tirets cadratins en 
typo française, oui.

   Dans l'état de dérèglement actuel (pour ne pas parler de 
dégénérescence), on trouve de plus en plus le demi-cadratin employé à 
la place du tiret cadratin. À mon avis, il s'agit là d'un phénomène 
de « timidité typographique », analogue à celui qui fait écrire tous 
les mots d'un titre avec une majuscule plutôt que d'employer des 
grandes capitales pour l'ensemble. Un peu comme dans Astérix, celui 
qui cogne à la porte de manière franche et décidée et celui qui le 
retient en disant « Pas si fort on pourrait entendre ! », ou encore 
cet exemple donné par Freud d'une femme embrassée par un homme, le 
tirant d'un bras le repoussant de l'autre. L'ambivalence, c'est 
terrible. Quoi qu'il en soit, dans l'ensemble, interrogées, des 
personnes qui procèdent à cet échange ont confirmé plus ou moins 
directement cet hypothèse (« ça se voit de trop », etc.).



> 2) doit-on placer une espace insécable après le premier tiret et avant
> le dernier, ou une espace simple ?



   C'est ce que je fais, mais il faut reconnaître que le tiret 
cadratin prend de la place, se voit et donc qu'il est souvent à 
l'origine de difficultés dans la mise en pages. Mais qui veut peut, 
ou, version luthérienne, qui doit peut, et l'on s'en sort.

   Quant au tiret demi-cadratin, il n'a aucun usage traditionnel en 
typographie française : cela n'empêche pas de l'utiliser, mais pas en 
lieu et place du tiret cadratin ! On l'utilise dans la publication 
scientifique et technique où il peut servir conventionnellement à 
séparer des nombres pour indiquer un intervalle. En botanique, par 
exemple, on écrira « spores mesurant 12 ­ 14,5 x 5,5 ­ 6,5 µm », pour 
signifier que les spores mesurent 12 à 14 µm de longueur sur 5,5 à 
6,5 µm de largeur. Même là, on ne peut parler d'usage traditionnel 
(ni même dominant !), rencontrant un peu de tout. L'essentiel, nous 
sommes bien tous d'accord là-dessus, étant d'adopter un signe qui n'a 
pas de fonction bien fixée traditionnellement avec esprit de suite 
dans un même article, une même revue, un même livre ou une même 
série, suivant les cas.

   Jacques Melot



> Merci par avance de vos suggestions, n'ayant rien trouvé chez
> l'Imprimerie nationale ni dans Perrousseaux.
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>
> --
> Jean-Philippe Gérard