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Message : Re: [typo] contribution et codage (Jean-François Roberts) - Lundi 17 Mai 2004 |
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Subject: | Re: [typo] contribution et codage |
Date: | Mon, 17 May 2004 03:24:31 +0200 |
From: | Jean-François Roberts <jean-francois.roberts@xxxxxxxxxx> |
De : "Pierre Schweitzer" <pierre.schweitzer@xxxxxxxxxxx>
Répondre à : typographie@xxxxxxxxxxxxxxx
Date : Mon, 17 May 2004 01:23:18 +0200
À : <typographie@xxxxxxxxxxxxxxx>
Objet : Re: [typo] contribution et codage
Eh, doucement ! Je n'ai jamais douté que les Chinois aient imprimés des livres à l'aide de caractères mobiles à cette époque ! Là, vous êtes un peu gonflé de laisser entendre que j'aurais écrit une chose pareille... Où avez-vous lu ça ?
Je soulignais simplement ce qui semble être une évidence pour tout le monde et que vous avez pourtant contesté au début : le fait que le nombre astronomique d'idéogrammes d'une casse chinoise était un défit supplémentaire posé au développement de l'imprimerie à caractères mobiles.
Au point que la xylographie traditionnelle a perduré en Chine, et massivement, jusqu'à une époque relativement avancée où le système de Gutenberg s'était déjà très largement imposé pour ce qui concerne les systèmes d'écriture alphabétique.
Il est entendu que des sytèmes de classement des idéogrammes existaient. Mais plus que le sytème théorique de classement des idéogrammes, c'est l'organisation matérielle du rangement des types et de leur accessibilité qui est en cause. Et elle concernait à mon avis, trois aspects au moins :
(suite de la pataphysique ;-)
1 - la confection de la police : préparer un assortiment de 30.000 caractères différents était une gageure incomparable par rapport à une police alphabétique. On peut se demander s'il ne fallait pas être un fin lettré pour concevoir une telle police ou bien peut-être fallait-il s'aider de dictionnaires pour en organiser la production alors que pour une police alphabétique... sans faire injure à personne ni sous-estimer quoi que ce soit, la simple connaissance de l'alphabet devait permettre de produire un ensemble complet et opérationnel (là, je vais me faire incendier ;-) Assez curieusement, on voit assez bien ici en quoi le découpage de bois gravés pouvait être une solution efficace pour préparer un assortiment d'idéogrammes : statistiquement, les répétitions sont beaucoup moins nombreuses qu'en sytème alphabétique, et les caractères beaucoup plus variés ; la gravure manuelle reste donc principalement un travail de dessin alors qu'avec l'alphabet, elle aurait consisté pour l'essentiel à reproduire mécaniquement un très grand nombre de caractères identiques... (là j'interprète un peu, encore ;-) Et plus tard pour le métal, c'est assez vertigineux : s'il s'agissait de tailler autant de poinçons en acier, on n'ose même pas imaginer le temps qu'il aurait fallu consacrer à en produire 30.000 ! (mais peut-etre ne procédait-on pas de la sorte pour ce type d'écriture tellement celà semble incroyable ?-) En tout cas, on imagine assez bien que l'investissement de départ en moyens humains, en temps, et même en capital pouvait être très sensiblement différent de celui nécessaire à préparer un outillage alphabétique...
2 - la casse elle-même, je n'y reviens pas. Convertir le classement de 30.000 symboles, qu'il soit phonétique ou par ordonnancement des clés, en une topographie accessible à deux dimensions, et mémorisable dans ses grandes lignes au moins... Contrairement au système alphabétique, il ne peut s'agir d'une simple suite conventionnelle préétablie. C'est nécessairement un sytème à ramifications complexes mais là, je sèche... et je regrette de ne rien connaître au Chinois pour continuer ma pataphysique ;-(
3 - l'accessibilité ergonomique et mnémotechnique... retrouver un parmi 30.000. Supposons que le niveau d'éducation de l'ouvrier compositeur soit à la hauteur de la tâche. Ce qui est déjà peut-être une particularité remarquable du sytème. Qu'en est-il de la rapidité de discernement pour les symboles les moins courants ? Faut-il les "lire" ou simplement les voir pour les distinguer ? Si les caractères apparentés sont regroupés, n'y a-t-il pas plus de risques d'erreurs ? Mais encore... la lecture à l'envers d'un ensemble comportant un si grand nombre de symboles... Peut-être un peu moins évident qu'avec quelques dizaines de lettres alphabétiques, non ? Etc.
Bref, tous ces défis ne sont pas étrangers à mon avis, à la relative lenteur du déploiement de la typographie en Chine. Le miracle à mes yeux c'est qu'au bout du compte, même avec quelques siècles de retard sur l'Occident, ce système industriel ait quand-même fini par s'y imposer...
Et la stabilisation des caractères que vous invoquez pour expliquer le succès de Gutenberg sur ses prédécesseurs chinois me laisse un peu perplexe. Si celà avait été le point bloquant de l'imprimerie à caractères mobiles en Chine, comment expliquer alors que la xylographie ait continué à y être pratiquée à grande échelle, bien après que l'invention de Gutenberg ne se soit déployée en Occident ?
Bien cordialement,
Pierre Schweitzer
- Re: [typo] contribution et codage, (continued)
- Re: [typo] contribution et codage, Jean-François Roberts (16/05/2004)
- Re: [typo] contribution et codage, Christian Laucou-Soulignac (17/05/2004)
- Re: [typo] contribution et codage, Pierre Schweitzer (17/05/2004)
- Re: [typo] contribution et codage, Jean-François Roberts <=
- Re: [typo] contribution et codage, mea info (17/05/2004)
- Re: [typo] contribution et codage, Jacques André (17/05/2004)
- Re: [typo] contribution et codage, mea info (17/05/2004)
- Re: [typo] contribution et codage, Pierre Schweitzer (17/05/2004)
- Re: [typo] contribution et codage, Jean-François Roberts (17/05/2004)
- Re: [typo] contribution et codage, Pierre Schweitzer (17/05/2004)
- Re: [typo] contribution et codage, Jean-François Roberts (18/05/2004)