Archive Liste Typographie
Message : Re: [typo] cochin et clarendon

(Olivier Randier) - Mardi 29 Juin 2004
Navigation par date [ Précédent    Index    Suivant ]
Navigation par sujet [ Précédent    Index    Suivant ]

Subject:    Re: [typo] cochin et clarendon
Date:    Tue, 29 Jun 2004 23:58:35 +0200
From:    Olivier Randier <olivier.randier@xxxxxxx>

 >Cet usage d'une scripte comme italique m'a d'ailleurs inspiré l'idée,
pour mon Moretus, d'une scripte accordée au romain et à l'italique,

Toi qui sait tout, d'où vient, et surtout quand est venue, cette idée de
dessiner des Italiques adaptées aux romains - et des gras, puis des
gras-italiques ? En tout cas, ça n'a pas toujours existé.

Selon Mandel, Garamond (ou peut-être Augereau) semble être le premier à avoir gravé romain et italique dans une conception globale. Estienne, Simon de Colines et Garamond les ont utilisés conjointement à partir de 1528. Mais en 1592, encore, on trouve un catalogue où le romain de Garamond était présenté avec l'italique poétique de Granjon (postérieure), plus ornée... Comme quoi ce qui nous semble évident (la conception globale du romain et de l'italique) ne l'était pas autant dans les premiers temps. Et Granjon tentera aussi, sans succès, d'opposer aux italiques des « lettres françoises de main », la Civilité (ce qui rejoint la tentative de bâtarde française du Cochin).

Si c'est bien Garamond, en tout cas, cette intuition est sans doute plus décisif pour le dispositif typographique que la qualité de ses gravures.

Question annexe : il est d'usage de mettre certains mots en italique dans
un texte en romain (mots d'origine étrangère, titres d'ouvrage, etc.) On
faisait comment, quand il n'existait pas d'italiques adaptées au romain du
texte courant ?

Je crois ici que l'organe a créé la fonction, et non l'inverse. C'est parce qu'il existait deux "styles" différents (mais cohérents) qu'on a pu s'en servir pour des distinctions typographiques précises. L'italique a d'abord été utilisée pour composer des textes entiers, ou des parties qu'on souhaitait distinguer (chapô, par exemple). Ce n'est qu'ensuite qu'on a eu l'idée de s'en servir pour marquer une distanciation à l'égard de certains mots. Tschichold rappelle qu'à l'époque baroque les Allemands utilisaient le romain en contraste avec la gothique fraktur dans cet usage (et la gothique schwabacher comme demi-gras), puis la fraktur interlettrée, enfin -- à tort selon lui --, le romain interlettré).
--
Olivier Randier