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Message : Re: [typo] appel de notes en français, norme et liberté

(Thierry Bouche) - Jeudi 05 Avril 2007
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Subject:    Re: [typo] appel de notes en français, norme et liberté
Date:    Thu, 5 Apr 2007 13:22:12 +0200
From:    Thierry Bouche <thierry.bouche@xxxxxxxxxxxxxxx>

Bonjour,

Le mardi 3 avril 2007, vers 17:28:06, Jean-Christophe Michel écrivit :

JC> Merci de votre réponse franche. Je sais donc que j'ai touché à un
JC> point sensible, grave même puisqu'il ne supporte pas la
JC> plaisanterie.

non, ma réponse porte uniquement sur les techniques rhétoriques
employées.

JC> Je sais donc à quoi m'en tenir, la Régle est sacrée et point n'y faut
JC> toucher.

et hop, l'inévitable couche suivante...

JC> Cependant je n'ai pas tout compris à cette règle, alors si vous vouliez 
JC> bien m'éclairer...

pas possible, je ne suis en rien une Autorité de la Règle Traditionnelle
de l'Appel de Note Français. Je pensais que des professionnels vous
donneraient leurs trucs pour contourner les impératifs de la Tradition
face à l'Impéritie des Auteurs et leurs frazes bancales, mais il
semblerait qu'ils soient en vacances, ou qu'il n'y ait plus sur cette
liste que des rigolos pas très marrants depuis assez longtemps !

Cela dit, je pense que le placement judicieux de l'appel de note est un
travail en soi, comme la préparation raisonnée d'un index ; que c'est
beaucoup trop délicat pour être laissé entre les mains des seuls
auteurs, mais je ne connais pas de manuel écrit sur le sujet.

Je constate avec tristesse que c'est un domaine dans lequel tout le
monde n'en fait qu'à sa tête, où l'on innove à chaque phrase pour
surmonter un problème qui n'est souvent qu'un artefact de l'innovation
précédente.

Par exemple, il semble impossible de contraindre un auteur à placer
l'appel de note à un endroit logique et systématique sur l'entièreté
d'un ouvrage. À mon avis, le principe de base est de ne pas chercher
l'hyper-précision dans la frappe, mais plutôt de placer l'appel à
l'endroit où il dérange le moins donc, comme vous le disiez, plutôt à la
fin du groupe sémantique sur lequel porte la note -- cette fin étant
déterminé par des considération grammaticales, elle est indépendante de
la ponctuation, mais peut en effet souvent se trouver en conflit avec de
la ponctuation, qui du coup a du mal à trouver une place élégante après
l'appel. Mais ceci n'est que mon avis et je ne connais pas de point de
vue éclairé ou éclairant sur le sujet. Quand ça n'est pas l'auteur du
texte qui est l'auteur des notes, on observe une très grande diversité
dans la pratique, on s'aperçoit que le système le plus efficace est bien
souvent d'avoir les notes rejetées en fin d'ouvrage et classées par
pages, ce qui fait qu'à la limite l'appel de note peut disparaître.
Quand l'auteur lui-même larde son propre texte de notes, on est en droit
de se demander s'il souhaite être lu (ou seulement impressionner par les
atours de l'Édition Scientifique) ou, du moins, lisible.

Dans mon domaine, je vois assez souvent le *conseil* de changer la forme
de l'appel de notes dans une formule de maths (p. ex. de le mettre entre
parenthèses ou crochets), ce qui est doublement vénéneux :
  a) ça conforte les auteurs dans l'idée qu'il est concevable de mettre un
appel de note dans une formule ;
  b) ça ouvre une boîte de Pandore puisque, dans les textes qui n'ont
pas une certaine notation, on pourra s'en servir pour noter les appels
de note, mais dans d'autres, il faudra un nouvel expédient, et cela sans
fin puisque, par nature, la notation scientifique fait feu de tous bois.

Je suis en train de lire un livre qui comporte tout de même des choses
comme « on peut mesurer cette longueur en m ou km² ».

Quand aux notes pour les citations, j'aurais un peu la même vision que
pour les formules : une citation ne débarque pas toute seule dans un
texte, elle doit y être introduite, et c'est ce fragment introductif qui
est le lieu naturel de l'appel de la note qui donnera la référence
biblio, les commentaires, l'éventuel mention de qui qui souligne, etc.

Si le texte qui éclaire non seulement l'origine de la citation, mais
aussi la raison de sa présence à cet endroit, son éventuel
sens, est entièrement en note, ce qui implique de placer l'appel de
cette note à la fin de ladite citation (qui pourrait finir par  « etc. »,
ce qui est le seul cas que je parviens à imaginer dans lequel on
voudrait placer un appel de note là), il y a à mon avis un problème de
fond à traiter qui est autrement plus urgent que de savoir si la
défusion du point abréviatif causé par l'appel de note est élégante ou
non.

Veuillez agréer, etc.¹


 Thierry


 ¹ C'est moi qui élide.