Re: Re : Re : Re : [typo] Benoît Mandelbrot et la typo

[Jacques André <jacques.andre35@xxxxxxxxx>]

Le 1 juin 2007, à 07:18, Alain Hurtig a écrit :

> Plus sérieusement : hormis les boulots très spécialisés genre travaux 
> de
> ville, bimbeloterie, éventuellement affiche et encore, etc., on a 
> besoin
> d'une dizaine de polices bien choisies, et guère plus.

Il n'y a pas que le labeur dans la vie d'un typo. C'est au moins un 
apport du dernier tiers du XXe siècle, et plus particulièrement de la 
BD et du graphisme, que d'avoir montré qu'il pouvait aussi y avoir 
communication écrite avec des choses moins formelles, moins 
contraignantes que les fontes typo. Je suis loin d'aimer tout, ne 
prêche pas la généralisation, mais je trouve que certaines fontes 
« spécialisées » comme tu dis, sont néanmoins d'une grande créativité 
et d'une utilité non moins évidente dans un contexte beaucoup large que 
tu ne le crois apparemment. Je pense en particulier, quitte à être 
limitatif, à beaucoup des créations d'Olivier Nineuil.

> C'est que je pensais, nous ne parlons pas de la même chose. Ça n'a
> d'ailleurs pas tellement d'importance, mais je pensais à la 
> typographie et
> vous à des déformations d'éléments typographiques dans le cadre de 
> travaux
> purement graphiques.
Ben non justement, je pense que ces documents ne se veulent pas 
purement graphiques...
>

> À noter que Jacques André, dans ses essais et ses recherches, ne 
> prétend
> pas faire oeuvre de typographe : il se « contente » (je mets le mot 
> entre
> guillemets parce que je me doute qu'il s'agit d'un lourd travail)
> d'explorer les possibles et d'en reculer les limites.

De fait... D'une part c'est en tant qu'informaticien que j'ai trouvé 
qu'un mécanisme caché de  PostScript  permettait de faire des fontes 
que j'ai appelées dynamiques, dont j'ai essayé de voir diverses 
possibilités (pas uniquement basées sur le aléatoire d'ailleurs, je 
pense que le contexte a beaucoup plus été utilisé) mais effectivement 
je ne me suis jamais pris pour un dessinateur de fonte. La seule 
expérience qui ait été faîte en collaboration avec un graphiste (qui 
était d'ailleurs plus dessinateur de logos que de typo) aura été le 
Delorme. Qui n'a pas non plus été présentée comme une fonte de labeur. 
Mais en fait elle n'a jamais pu être utilisée avec les traitements de 
textes courants (disons aujourd'hui InDesign) car ils ne permettaient 
pas de dialoguer avec la fonte (il fallait envoyer des paramètres à 
PostScript et... en attendre la réponse avant de composer 
définitivement)... En tout cas j'ai pris mon pied en voyant tout ce 
qu'on pouvait faire faire automatiquement (rotation contextuelle des o 
par exemple) et Delorme en a bavé car il n'arrivait pas à gérer les 
approches autrement qu'à l'œil ce qui était évidemment 
contradictoire... Le Delorme était basé sur des segments de droite 
épais, ce qui facilitait mes manips car il n'y avait pas une seule 
Bézier, donc moins de points à manipuler.
>
Je ne suis pas certain que ça ne serve à rien ce genre de recherches... 
je pense que les calculs d'approches entre lettres relèvent encore de 
ça et qu'un algorithme (pas encore au point puisqu'on ne connaît pas 
encore assez bien les phénomènes de vision, même si on voit sans arrêt 
des études très affirmatives sur ce sujet !) peut mieux travailler 
qu'un œil, du moins globalement pour tout un texte : là je ne parle pas 
d'un titre par exemple, mais de tout un paragraphe. Au fond c'est ce 
que faisait Gutenberg : couper les types, voire refaire de nouveaux 
poinçons « à la demande ».



Le 31 mai 2007, à 21:36, Thierry Bouche a écrit :

> La question que je trouvais beaucoup plus intéressante, c'est vraiment
> celle des fractales : serait-il possible d'avoir une notion de police
> dont le dessin soit constitué d'un nuage de points avec beaucoup de
> lacunes (mais aussi de gros pâtés) ? Il est évident qu'il faudrait
> renoncer à la fois au mode « contour » et au mode « trait » qui sont
> les deux seuls en usage aujourd'hui.

Je ne comprend pas comment si situent tes nuages par rapport aux traits 
et aux contours (je préfère en fait le mot « surface » qui est  ce que 
l'on manipule aujourd'hui grâce à leurs contours mais pas toujours 
quand celui-ci est flou). C'est pourtant un peu ce que font les niveaux 
de gris (avec des nuages "carrés"), voire les écrans à plasma ou LCD  
(à propos je signale une bonne introduction : 
http://www.spectrum.ieee.org/print/5049, même si un peu trop orientée 
Microsoft - en complément à ce que je disais il y a qq heures, la 
recherche ne se fait pas que chez microsoft; mais en milieu 
unviersitaire, à Reading par exemple... ;-). Mais bien sûr pur le 
moment seul le « rendu » est concerné. Je pense que les Active-fontes 
de Thierry Gouttenègre (OK, c'est du Photoshop je crois...) relèvent un 
peu de ce que tu veux, non ? http://www.gouttenegre.com/




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Jacques ANDRÉ