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Message : Re: [typo] Rotativement perplexe

(Jacques Melot) - Samedi 14 Mars 2015
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Subject:    Re: [typo] Rotativement perplexe
Date:    Sat, 14 Mar 2015 16:58:42 +0000
From:    Jacques Melot <jacques.melot@xxxxxxxxx>

Title: Re: [typo] Rotativement perplexe
 Le 14/03/15, à 16:51 +0100, nous recevions de LISTES-PERSO(gmail) :

Le 14/03/2015 15:54, Jacques Melot a écrit :
  Vous et moi avons des positions opposées en ce qui concerne la féminisation de la langue. Mais, en ce qui concerne l'anglomanie et l'« anglolagnie », nos opinions se rejoignent, me semble-t-il du moins. En ce qui concerne le regard porté sur l'anglais, on peut dire formuler la même critique : pour une partie des plus jeunes génération il est évident et normal que l'anglais est la langue universelle, que l'introduction massive et continue de mots anglais en français, sans même se soucier de savoir s'il existe un terme français correspondant, est une chose non seulement naturelle, mais souhaitable, que l'anglais est la langue de la modernité et qu'il est, là encore, normal qu'on enseigne en anglais dans les universités françaises, qu'on parle anglais entre Français dans les entreprises françaises, etc.

J'ai néanmoins été surpris de l'effet « manie anglophile » au début du XXe siècle en lisant les ?uvres anthumes d'Alphonse Allais.


[J. M.]   Des époques à manies anglophiles, il y en a eu beaucoup et aucune d'elles n'a vraiment tarie avant l'apparition de la suivante, semble-t-il. A l'époque de l'affaire du docteur Petiot, ne parlait-on pas déjà des « Floriot-boys » pour les collaborateurs de Me Floriot, le défenseur de Petiot, lequel, avait inventé pour sa défense l'appartenance à un groupe (qui s'est avéré fictif) de résistant nommé Flytox... Cela se passait au milieu du siècle dernier. Quantité de mots anglais ont été empruntés à toutes les époques, beaucoup de manière relativement éphémère, il faut le dire. L'inverse est vrai aussi : on connaît des périodes d'engouement pour le français de l'autre côté de la Manche, au moins dans certains milieux. Il est bien connu que les Anglais boivent du cognac pendant que les Français boivent du whisky, a tel point qu'il devient difficile de trouver du cognac dans beaucoup d'hypermarchés en France. L'offre se réduit souvent à deux ou trois marques, alors que le whisky y est présent par dizaines et dizaines.


Quant à la manie d'user de l'anglais par calque, je la constate ailleurs que dans la jeune génération, y compris dans une population (très) cultivée contre les abus de laquelle je m'époumonne lorsque j'entends parler de slides là où vues (diapositive correspondant à un état ancien des techniques de présentation) siérait davantage.


[J. M.]   Du point de vue qui nous intéresse, la différence entre la jeune génération et les générations plus anciennes réside dans ce que ces dernière ont, elles, le souvenir d'un avant auquel on peut faire efficacement allusion dans une discussion. Ailleurs que dans la jeune génération, cette manie est plus coupable, dans la mesure où ceux qui s'y adonnent ou s'y laissent aller sans résistance le font sciemment (journalistes, etc.). Les plus jeunes ont cette excuse qu'il ne connaissent concrètement rien d'autre, de sorte que lorsqu'on arrive à avoir avec eux une discussion digne de ce nom, ils tombent souvent des nues lorsqu'on leur rapporte certains faits, observations ou informations, preuves à l'appui.

   La manie actuelle de l'anglais n'est donc pas nouvelle, mais je la trouve plus destructrice et donc plus inquiétante, en ce sens qu'à l'heure actuelle on n'hésite pas remplacer par des mots anglais des mots du français courant, compris de tous et qui remplissent parfaitement leur rôle. De plus, et je trouve cela particulièrement grave, cette anglomanie envahit même l'administration au plus haut niveau, comme on a, par exemple, pu le constater dans une émission de France 2 où l'on a montré une salle du ministère des Affaires étrangère consacrée à l'affaire syrienne, la porte de laquelle portait l'inscription imprimée en grand caractères : « Task force Syrie ». J'en suis resté interdit. Un tel manque de sérieux au plus haut niveau de l'État est véritablement alarmant.

   J. M.


Amicalement à toutes et à tous !

#Il est important de laisser retomber la pression, sauf dans les bons bars à bière, cela va de soi.
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Luc BENTZ
http://about.me/lucbentz