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Message : RE: [typo] Rencontre du 4e type (Eric Angelini) - Mercredi 21 Décembre 2016 |
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Subject: | RE: [typo] Rencontre du 4e type |
Date: | Wed, 21 Dec 2016 12:57:46 +0100 |
From: | Eric Angelini <Eric.Angelini@xxxxxxx> |
Mon grain de sel polémique, un poil HS, pardon : > une langue qui ne change plus est une langue morte ... cliché. Les odes au changement commencent à me courir -- et la mort a d'innombrables vertus (j'emploie du bois mort pour faire du feu) > le terme « politiquement correct » a clairement été > introduit par la droite américaine ... non, par la gauche américaine (et c'était bien vu) : https://en.wikipedia.org/wiki/Political_correctness > il est normal que la langue évolue ... cliché. J'attends depuis lurette une définition du mot "normalité". ... mais pour aller dans le sens du message ci-dessous, oui, la société des humains change (tout le temps et presque par définition "biosociale") : ça mérite en effet qu'on s'y intéresse (si on veut) -- notamment du point de vue de sa langue. (Ceci dit, ceux qui dépriment sous la grisaille iront hurler de rire aux prétentions "linguistiques" en apesanteur du dernier film de Denis Villeneuve, "Arrival". Nous recommandons la confection du premier dictionnaire anglais/heptapode, si, si). à+ É. -----Message d'origine----- De : typographie-request@xxxxxxxxxxxxxxx [mailto:typographie-request@xxxxxxxxxxxxxxx] De la part de Yoann LE BARS Envoyé : mercredi 21 décembre 2016 11:54 À : typographie@xxxxxxxxxxxxxxx Objet : Re: [typo] Rencontre du 4e type Bonjour. Le 21/12/2016 à 06:19, Thomas Savary a écrit : > Si pour ma part je ne trouve pas le texte en question très fin, il > traite tout de même d’un sujet intéressant: la volonté de groupes > minoritaires de modifier la langue commune. C’est-à-dire que ce n’est pas un mécanisme nouveau : les langues évoluent en permanence sous l’action de leurs locuteurs. Autrement dit, une langue qui ne change plus est une langue morte. Ces évolutions passent par l’adoption massive d’usages. En d’autres termes, si le groupe est si minoritaire, il ne modifiera pas la langue. À l’inverse, s’il y a adoption massive d’un usage, c’est qu’il révèle quelque chose de la sociologie des locuteurs de la langue. Par exemple, même si on peut en trouver des origines chez les marxistes français, le terme « politiquement correct » a clairement été introduit par la droite américaine pour disqualifier la gauche, justement sur des sujets tels que celui abordé dans le texte dont il est question dans ce fil de discussion. Si le terme est désormais courant, c’est bien parce qu’une majorité de locuteurs, pas seulement aux États-Unis, a trouvé un intérêt à user de cette expression. L’anglais ne disposant pas d’organisme normalisateur, il a tendance à évoluer plus vite que le français. En France, l’idée d’évolution d’une langue est le sujet de réactions très passionnelles : c’est bien simple, lorsque l’on parle d’évolution de la langue, on en revient systématiquement à l’idée de bêtise, d’ignorance et de manipulation. Ce qui est intéressant, c’est que personne ne parle le français standard, pas même les académiciens – si, en faisant attention, on s’en rend compte. Pas même à l’écrit. Bien entendu, il n’est pas pertinent d’adopter une nouveauté au seul motif qu’il s’agit d’une nouveauté. Le roman 1984 a fait écho de l’inquiétude quant à la manipulation de la langue. Cependant, ce n’est pas si évident de manipuler une langue. On en a un bel exemple avec le grec moderne. La langue utilisée par la population grecque était (est toujours d’ailleurs) le démotique. Cependant, avec l’indépendance de la Grèce, il a été décidé de prendre comme langue officielle la katharévousa, une langue construite au XVIIIe siècle avec l’objectif de débarrasser le grec des emprunts à des langues étrangères, principalement le turc et l’italien – au demeurant, de tels emprunts forment un mécanisme présent dans toutes les langues vivantes. Il y avait alors un vrai décalage entre la langue officielle, utilisée dans l’administration et la langue parlée par les Grecs, à tel point qu’il fallait faire usage de traducteurs et qu’on a vu l’apparition d’une langue mixte, un mélange de démotique et de katharévousa. Cette situation a perduré jusqu’en 1976, avec l’abandon de la katharévousa au profit du démotique comme langue officielle. On a donc l’exemple d’une tentative, qui aura duré plus d’un siècle et demi, d’imposer une langue au détriment de l’usage et qui a clairement été un échec. Qu’on le veuille ou non, l’idée d’introduire un pronom sans genre relève d’un fait de société : la question du genre. Du fait de l’évolution de la société sur ces questions, il est normal que la langue évolue également. À bientôt. -- Yoann LE BARS http://le-bars.net/yoann/ Diaspora* : ylebars@xxxxxxxxxxxxxxx
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