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Message : Re: Nom d'accents

(Jacques Melot) - Mercredi 04 Juin 1997
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Subject:    Re: Nom d'accents
Date:    Wed, 4 Jun 1997 14:23:16 +0000
From:    Jacques Melot <melot@xxxxxx>

Le 4/06/97, à 12:52 +0000, vous écriviez :

>Jacques Melot wrote:
>
>>    D'ailleurs, notamment en suédois et en islandais, le ö (capit. Ö) a
>> d'abord été noté o avec un petit e dessus (cf. König, Koenig, en allemand
>> et en danois) lequel a aussi donné le ø (capit. Ø) danois, norvégien et
>> féroïen, qui n'était, à l'origine, qu'une variante du ö (en passant, en
>> cursive, par une espèce de o avec macron, le macron étant peu à peu tombé
>> en biais dans le o).
>>    De même, le æ (capit. Æ) danois (aussi employé en norvégien et en
>> islandais) était écrit jadis a avec un petit e dessus. Cette graphie était
>> commune au danois et au suédois ; en suédois elle est devenue ä (capit. Ä).
>>    Que je sache rien de tout cela n'a reçu de nom spécial. En allemand,
>> dans de vieux écrits, on rencontre des u avec un petit e au dessus pour ce
>> qui deviendra ü.
>[...]
>
>effectivement. En allemand les ä, ü, ö (l'accent s'appelle umlaut) ont
>pour origine ces mêmes lettres avec un petit e dessus, ligatures
>utilisées en manuscrit pour les groupes ae, oe, ue. Comme en écriture
>gothique, un petit e ressemble beaucoup à 2 bâtons verticaux côte à
>côte, c'est rapidement devenu deux petits bâtons verticaux. Ces petits
>bâtons sont ensuite devenus deux petits points en typographie.
>D'ailleurs les germanophones lorsqu'ils sont privés de leurs accents
>(mail, news...) réutilisent souvent les notations ae oe, ue...
>
>
>Cécile
>
>--
>Cécile Souche         *  ECP LMSS-Mat        * 92295 CHÂTENAY MALABRY
>souche@xxxxxxxxxxxxx  *  Gde Voie des Vignes *    tel 01 41 13 11 85
>http://cybele.mssmat.ecp.fr/whoswho/perso/CSouche/CSouche.html
>~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
>L'intimité parfois, naît d'un rien, d'une distraction, d'une erreur
>partagée... Et parfois ce rien se résout en rien ; parfois, il
>entraine le tout.                      Paul Valéry, MON FAUST


   Il faut, en effet, noter que les deux points germaniques qui marquent
l'umlaut en allemand ne sont graphiquement identiques au tréma que par le
fait du hasard. Alors que dans les langues germaniques c'est effectivement
le e « suscrit » qui a évolué en ¨, notre tréma est d'origine grecque et a
une fonction totalement différente : dans une succession de voyelles il
indique que celle pourvue du tréma se prononce séparément (diérèse), alors
que le ¨ germanique modifie la prononciation de la voyelle sur laquelle il
se trouve (en allemand u se prononce ou et ü se prononce comme notre u ; en
suédois ä se prononce è alors que le a correspond à notre a, mais en plus
profond ; en islandais et en suédois ö se prononce eu, etc.).

   À ce propos, on se rappellera que la place du tréma a changé vers la fin
du XVIII-e siècle en France. À cette époque succéda à Magnol, à
l'Université de Montpellier, Antoine Goüan. En fait, ce « Goüan » n'est pas
une curiosité à prononcer « go-uan », mais bien « gou-an ». Ceci disparut
au début du XIX-e siècle. Je soupçonne que cette bizarrerie se produisit
sous l'influence d'un certain trouble général (c'était l'époque de la
révolution) et il s'en est suivi un certain flou, un peu comme maintenant
on note un flottement dans l'usage général en ce qui concerne l'abréviation
de « Monsieur » (« M. », « Mr. », « M » ou « Mr ») et bien d'autres choses
d'ailleurs.

   Salutations amicales,

Jacques Melot, Reykjavík
melot@xxxxxx