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Message : Re: TeX et les jargonautes

(Thierry Bouche) - Vendredi 21 Novembre 1997
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Subject:    Re: TeX et les jargonautes
Date:    Fri, 21 Nov 1997 18:51:42 +0100 (MET)
From:    Thierry Bouche <Thierry.Bouche@xxxxxxxxxxxxxxx>

Concernant « Re: TeX et les jargonautes ( =?ISO-8859-1?Q?=E9tait?= : un format de   
« Qu'est-ce au juste que TeX ?

répondre à ça n'est pas très simple, d'autant plus qu'il y a beaucoup
de confusion qui circulent à ce sujet, alors rester SIMPLE... 

On a pris l'habitude de distinguer deux choses : le « moteur » TeX,
qui est un logiciel de mise en page et de composition non WYSIWYG. On
a un fichier source, qui contient du texte et des commandes de
formatage (un peu comme du HTML) on lance (mode `batch') TeX dessus et
il sort un fichier DVI qui est essentiellement une description
_bitmap_ des pages à très haute définition. Un pilote quelconque
permet alors de convertir ce fichier vers un format plus courant pour
afficher ou imprimer. TeX -- en tant que moteur de composition -- est
devenu le standard dans l'édition de recherche scientifique car c'est
à ce jour le programme le plus sophistiqué pour imprimer des
formules. Mais réduire tex à cela serait une erreur : il y a beaucoup
d'autres applications qui reposent soit sur son côté `batch' et
langage de programmation : il y a des bases de données qui sont
imprimées en tex, comme un horaire de chemins de fers en allemagne ou
la liste de mes minicassettes, ou encore un guide de las vegas et un
autre des gorges du verdon ; mais aussi tex est l'un des meilleurs
programmes de composition en ce qui concerne la microtypographie et
son automatisation intelligente (de façon similaire à HZ dont on a
parlé récemment, avec des fonctions comme : ligatures contextuelles
automatiques, fontes virtuelles qui autorisent de nombreuses fonctions
du format GX depuis plus de 6 ans...). Du strict point de vue typo,
tex donne la satisfaction d'un contrôle poussé et d'une automatisation
importante qui permet d'obtenir des résultats corrects à partir de
sources mal faites : l'inverse des programmes WYSIWYG, cela évidemment
au prix de l'intuitivité de l'interface et de la lourdeur de la mise
en oeuvre (une session tex revient à ouvrir un éditeur ascii pour le
fichier source (qui contrôle), une fenêtre de prévisualisation, et
d'envoyer des comandes de compilation en arrière plan).

« sur quel système d'exploitation (DOS,
« Windows, Mac, Unix, Linux) peut-on l'utiliser ?

tous. c'et un des points forts. tex a dès le départ été écrit avec
l'idée d'être aussi portable que possible.


« existe-t-il des 
« passerelles » avec des logiciels complémentaires (de type Photoshop,
« Illustrator, etc.) 

non et ça n'aurait pas de sens. tex ne s'intéresse qu'au texte,
aucune fonction graphique : le montage peut être paramétré depuis le
source tex, mais tex lui-même ne gère que des dimensions : celles des
caractères pour calculer la compo, celles de « boites » laissées
blanches et dans lesquelles les pilotes pourront si ça leur chante
inclure des graphiques d'origine externe. Dans la pratique : un
graphique est exporté en EPS, et inclus pour impression depuis une
interface spécifique dans tex.

il y a des passerelles avec word, et je crois qu'il existe un plug-in
tex pour Xpress (qui permettrait donc d'avoir la qualité de tex pour
les formules mathématiques à l'intérieur de Xpress) uniquement sur
mac. 

« et peut-on y adjoindre des modules externes (« plug-ins

oui, dans le sens où tex est auto-extensible : il définit un langage
de programmation suffisamment complexe pour n'être compris de personne
(les « gourous tex ») qui permet de construire des couches logicielles
répondant plus spécifiquement à des besoins particuliers. C'est ainsi
que nous arrivons à la deuxième partie de mon exposé : TeX en tant que
moyen de coder des documents (leur structure logique en particulier),
donc LaTeX qui est un format de structuration standard qui peut
partiellement être vu indépendamment de tex et converti en SGML ou
HTML, et qui est une implémentation partielle de l'idée mise en avant
par Paul Terray : les décisions effectives sur l'aspect imprimé du
document sont prises ailleurs que dans le document lui-même.

La graphie (La)TeX qui est un peu à l'origine de cette confusion (moteur
vs. format) fait en fait référence à deux « formats » le premier
historiquement (« plain TeX ») très nu et n'apportant pas du tout la
surcouche « document structuré » et, donc, LaTeX qui a été je crois
assez bien décrit dans le courrier de PT.

Désolé d'avoir été si long.
   Thierry Bouche.       -----       thierry.bouche@xxxxxxxxxxxxxxx
          http://www-fourier.ujf-grenoble.fr/~bouche/