Re: TeX et les jargonautes

[Frederic Goudal <goudal@xxxxxxxxxxxxxxxxxxxx>]

> From: Alain Hurtig <alain.hurtig@xxxxxx>
> Date: Sat, 22 Nov 1997 07:57:56 +0100
> Subject: Re: TeX et les jargonautes

>>
>C'est un aspect de TeX qui m'intrigue profondément. Je ne comprends pas ce
>qui empêche de rajouter une surcouche graphique au logiciel qui permette d
e
>l'utiliser en mode Wisiwig, avec la souris, et tout ça (trivialement : pour
>déplacer un bloc image de 2 mm à droite, puis de le redéplacer de 4 mm à
>gauche, le tout en deux mouvement de souris, juste pour voir le rendu à
>l'écran, ou encore diminuer la force de corps d'un titre, ou réduire
>l'interlettrage d'un paragraphe, et voir tout de suite si « ça rentre »
>dans la colonne).
>
>Il existe sur Mac une implémentation de LaTeX qui affiche une fenêtre de
>rendu (en temps réel, si ma mémoire est bonne), mais qui n'offre pas la
>possibilité d'intervenir sur le document directement. Il me semble certain
>que si cette sur-couche existait, et si une interface efficace était écrite
>vers les fonctions graphiques (on a besoin de tiff, d'eps, etc. tous les
>jours dans nos métiers, de mettre des filets ou des flèches, et des cadres
>autour des blocs, et des fonds tramés, et...), un tel logiciel aurait de
>très grandes chances de s'implanter solidement sur le marché.
>
>Peut-être faut-il y voir un aspect « sociologique » de TeX, de son origine,
>de ses utilisateurs (essentiellement universitaires, et scientifiques -
>tendance « sciences dures », pas « sciences humaines » ! - mais ne me
>faites pas dire que TeX est inhumain ;-)). Cette impression est confirmée


La raison est simplement informatique : il n'existe pas d'outil
wysiwyg TeX pour la même raison qu'il n'existe pas d'outil wysiwyg
pour Postscript : dans les deux cas on a à faire à des langages
"vrais" et ce genre de manip est théoriquement impossible. Disons que
si on prend un programme quelconque qui produit un "dessin" on ne sait
pas en général reconstruire un programme à partir d'un dessin. Dans le
cas d'Illustrator qui sait relire ses fichiers postscript, c'est
simplement qu'il existe un sous-ensemble de postscript reconnu par
Illustrator.

L'aspect sociologique est présent car personne n'a semble-t-il osé
proposer le sacrilège d'utiliser un sous-ensemble de TeX/LaTeX.

En fait la wysiwygation (arghhh) de TeX semble en cours depuis très
longtemps mais personne n'a (semble-t-il) vu de réalisation convaincante.

>
>Pour poursuivre sur TeX d'une façon qui nous soit utile à tous, je serais
>intéressé par savoir comment il gère la césure et la justification, et
>comment on peut les paramétrer (chacun sait que c'est un des points les
>plus faibles de XPress [pour rester poli avec Quark, parce que mon
>sentiment est plus négatif que ça !], et de PageMaker aussi, je crois).
>
>PS : Histoire de faire bondir les TeXistes de la liste, et de leur gâcher
>le week-end (et de transgresser à mon tour la Charte, y'a pas de raison que
>ce soit toujours les mêmes ;-)), je précise que je trouve que les formules
>mathématiques que TeX génère sont très souvent hideuses (et ceci en dépit
>des exemples que Thierry, en bon prosélyte, m'a aimablement fournis - mais
>Thierry est un magicien et un grand typographe : il fait ce qu'il veut de
>TeX et le plie à ses moindres désirs ;-)).
>Les notes de bas de page aussi sont hideuses, d'ailleurs (trop près de la
>colonne de texte, le numéro de la note en exposant et pas suivi par un
>point, et je déteste les filets séparateurs), mais ce sont là sans doute
>des paramètres faciles à régler.

Exactement, tout ça on peut le refaire, voire le régler (dans les
styles standards, beaucoup de mesures et distances sont paramétrables,
ajouter un point, enlever un exposant c'est faisable). C'est là la
grande force de TeX. Sa grande faiblesse est qu'il m'a fallut des
années avant d'arriver à écrire 2 lignes de programmation correcte en
TeX alors que mon boulot c'est l'informatique, alors un typographe...
Sacré Knuth.

f.g.

--
Look at the things around you, the immediate world around you. If you are
alive, it will mean something to you, and if you care enough about
photography, and if you know how to use it, you will want to photograph that
meaningness. If you let other people's vision get between the world and your
own, you will achieve that extremely common and worthless thing, a pictorial
photograph. 

Paul Strand "The Art Motive in Photography" the British Journal of Photography
1923, p 613
Frederic Goudal - goudal@xxxxxxxxxxxxxxxxxxxx - http://www.insat.com/~filh -