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Message : Re: appel de note

(Alain Hurtig) - Vendredi 09 Janvier 1998
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Subject:    Re: appel de note
Date:    Fri, 9 Jan 1998 15:23:47 +0100
From:    Alain Hurtig <alain.hurtig@xxxxxx>

At 10:33 +0100 9/01/98, Emmanuel Curis wrote:
>	Dans  la version 98 de Calamus SL  (à sortir en février), chaque style
>peut définir le décalage et la taille des  indices/exposants (de façon absolue
>ou relative). Comme on peut créer autant de styles que l'on veut, ça résoud le
>problème (en partie...) : on  peut même pousser le  vice  jusqu'à se créer  un
>style « Times 12   exposant, décalage 50%, taille  75% »  pour les  lettres en
>exposant
>
Ah ah ! Me voilà face à un délicat problème : comment parler de nos
logiciels respectifs sans transgresser notre belle charte que nous aimons
tous tant ?
  D'une part, le débat me semble intéressant, puisqu'il porte sur nos
outils respectifs, nos pratiques (après tout, au temps du plomb, la qualité
des alliages était, de la même façon, un problème du fondeur tout aussi
important que la question des jambages, pour faire une comparaison).
  D'un autre côté, au moindre dérapage, l'animateur va me tomber sur le
dos, et écrire une de ces engueulades dont il a le secret (note pour les
éventuels nouveaux : l'animateur, c'est moi ;-)).

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XPress 4  (la version
toute-neuve-que-personne-n'a-acheté-parce-qu'elle-est-trop-chère) prévoit
un système similaire (que certains plugs-ins permettent déjà depuis
longtemps) : on peut appliquer une feuille de style à l'intérieur d'un
paragraphe, lui-même muni d'une autre feuille de style. Exemple : tous les
paragraphes de texte courant sont définis en Times romain corps 10. je peux
sélectionner une partie du texte et appliquer sur cette partie seulement la
feuille de style Petites capitales.

Ceux qui ont inventé ce système ne connaissent, à mon humble avis, ni la
typographie, ni les conditions réelles de travail quand on fait du livre,
de la presse, bref du labeur (pris au sens large, ami Rondinet : on se
calme :-)). Parce que ça ne résout rien du tout, ce genre de système. C'est
un cautère sur une jambe de bois, la preuve que les éditeurs se
contrefichent de la typographie, et qu'ils s'adressent prioritairement aux
graphistes et aux publicitaires.

a) Ça m'oblige à faire des calculs qui, franchement, me prennent la tête.
Je peux chercher un facteur de réduction en pourcentage pour les petites
caps et les exposants (plus une élévation au dessus de la ligne de base, un
parangonage, disons, pour ces derniers). Je n'ai aucune envie de sortir ma
calculette pour chercher à quel corps ça va correspondre, et en plus faire
une règle de trois pour découvrir quel est le facteur d'élargissement des
lettres. En fait, je parie que, pressé par le temps, je ne ferai jamais ce
genre de calcul, qu'il va falloir recommencer document par document. Et
puis, les ordinateurs sont là pour effectuer les calculs répétitifs et
idiots, c'est même pour cela que je les utilise...

b) Ce système a ceci d'assez aberrant (j'allais écrire « crétin ») qu'il
faut recommencer les calculs non seulement police par police (ce qui est
logique), mais aussi attribut par attribut (graisse par graisse, ital par
ital), et évidemment corps par corps. En supposant qu'on utilise 4 corps
différents dans un livre (titre, sous-titres, texte et notes), il va donc
falloir que je me fabrique 4 feuilles de « sous-style », multiplié par le
nombre d'attributs (disons au minimum 4 : romain, ital, gras et gras-ital -
ce qui suppose que je n'utilise jamais de demi-gras), soit 16 feuilles à
dupliquer et à réappliquer.

c) Parce que le plus grave est là : je reçois un texte sous Word déjà
formaté, je le corrige, je me livre aux différentes bidouilles pour que les
feuilles de styles de Word correspondent à celle de XPress (inutile
d'entrer dans le détail, sinon gare à l'animateur !), et roulez valise !
Mon texte est importé sans perdre aucun attribut. Avec ce système de
sous-styles, il va falloir que je m'amuse à aller récupérer toutes les
petites caps' en romain, leur donner leur feuille de style, puis toutes les
petites caps en italiques, etc. C'est clair, je n'ai pas le temps, donc je
ne le ferai pas.

d) Conclusion : on est loin du système que je voudrais voir arriver, qui
affecterait dynamiquement, et quel que soit le corps, des facteurs de
réduction différents selon les polices (nb : les fondeurs pourraient alors
fixer eux-mêmes ces facteurs, afin qu'on ne se trompe pas et que le boulot
ne soit à faire qu'une fois). Système qui ressemblerait assez au système
dynamique et transparent (mais encore inexistant) qu'Olivier Randier
évoquait ce matin pour les polices MM.
  On est loin aussi d'un système de substitution automatique des petites
capitales, des exposants et indices (et des ligatures) en police Expert et
autres, quand elles existent (il paraît, cela dit, qu'Illustrator 7 sait
faire ça : Illustrator m'étonnera toujours ; ses fonctions typos sont
bourrées d'inventivités, et à côté il n'est pas fichu de justifier
correctement une colonne de texte, et il crée un gris typo épouvantable). -
Ce sur quoi, les TeXistes vont nous rendre jaloux en nous expliquant que
c'est exactement cela que servent les meta-fontes de TeX (et ils auront
raison), et Olivier va nous rendre nostalgique avec l'aventure avortée de
GX (et il aura raison aussi).

NB : Je viens de vérifier : PageMaker, dans sa version 5 (dès 1993),
permettait un réglage du facteur de réduction en pourcentage - un seul
paramètre pour X et Y) des petites capitales et des indices/exposants,
feuille de style par feuille de style. Aldus avait donc fait un bout du
chemin...

Alain Hurtig                                         mailto:alain.hurtig@xxxxxx
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