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Message : Re: Ligature(s)

(Jacques Melot) - Mercredi 04 Février 1998
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Subject:    Re: Ligature(s)
Date:    Wed, 4 Feb 1998 11:21:26 +0000
From:    Jacques Melot <melot@xxxxxx>

 Le 2/02/98, à 7:44 +0000, nous recevions de Jean Fontaine :

>>... il existe un mot français qui comporte ces deux ligatures:
>>le premier qui le trouve recevra un collier!
>>EA
>
>   Il y a bien groenendael, mais seul le oe est ligaturé, pas le ae. Est-ce
>que je gagne un demi-collier?
>
>Jean Fontaine
>jfontain@xxxxxxxxxxx

   La ligature « æ » n'est qu'à peine française. Elle n'apparaît que dans
des mots étrangers, par exemple latins (ex æquo) ou en voie de
francisation, ou encore dans des mots savants désignant des êtres vivants
dont le nom est peu utilisé (althæa, æschne) ou des termes médicaux
(cæcum).
   Si vous examinez, par exemple dans le Petit Robert électronique, tous
les mots contenant « æ », vous verrez que la plupart d'entre-eux admettent
deux variantes orthographiques :  une forme savante en « æ » et une
variante plus conforme au français courant, mieux francisée, où cette
ligature est remplacée par « é » (par exemple, æpyornis ou épyornis,
ægagropile ou égagropile).

   En conclusion, bien que la ligature « æ » soit utilisée pour des mots
figurant dans les dictionnaires de la langue française, elle ne fait,  à
strictement parler, pas partie de l'alphabet français, pas plus que ß, þ,
ð, å...

   Salutations amicales,

Jacques Melot, Reykjavík
melot@xxxxxx

P. S.   Le fait, pour un mot, de figurer dans un des dictionnaires de la
langue française, ne signifie pas que ce mot est français, mais qu'il est
en usage dans notre langue ou qu'il l'a été de manière telle que le
lexicographe estime qu'il sera recherché avec une fréquence suffisante pour
le faire figurer dans le dictionnaire. À noter que certains mots français
disparaissent parfois pour être remplacés par un mot étranger ;  par
exemple « cari » (d'origine tamoule) a maintenant complètement cédé la
place à l'anglais « curry », de même « survêtement » est, semble-t-il, en
train de disparaître devant « jogging », etc. (Je me souviens avoir acheté
un survêtement pour ma fille, il y a quelques années, à Paris :  la
- jeune -  vendeuse, n'a pas compris le mot « survêtement », il a fallu que
je lui désigne l'objet, qu'elle qualifia de « jogging ».) C'est alors le
mot étranger qui figure dans le dictionnaire, le mot français disparaissant
(ou ne figurant que sous forme de renvoi). Telles sont les joies de la
colonisation, ou, plus exactement de l'autocolonisation.