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Message : RE: Les baudets ave' l'accent (Fut: Perles de la mise en page)

(Alain LaBonté ) - Mercredi 27 Mai 1998
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Subject:    RE: Les baudets ave' l'accent (Fut: Perles de la mise en page)
Date:    Tue, 26 May 1998 18:05:27 -0400
From:    Alain LaBonté  <alb@xxxxxxxxxxxxxx>

A 13:28 98-05-26 -0400, Patrick Andries a écrit :
> > Patrick Andries écrit:
> > > Comment expliquer alors qu'en français arguë doive  se prononcer
argu-heu
> > > et
> > > non comme vous semblez le suggérer argu-hé (canoë) ?
> > ----
> > Je ne l'exlique pas... car « arguë »... ça n'existe pas... :-)
> > C'est soit « argue » (pour à peu près tout le monde, y compris les
> > dictionnaires récents...), soit « argüe » (pour les conseilleurs
> > supérieurs de la langue française)...
> 
> Dire que cette forme n'existe pas est aller un peu loin, en voici quelques 
> preuves.
> 
> On lit dans le Dictionnaire Bordas "Pièges et difficultés de la langue 
> française", 1988, p. 63 :
> 
> «
> arguer Conjugaison et constructions.
>  I. Conjugaison.
> 	1. Prononciation de gu. Ne se prononce jamais [g]. Se prononce [gy]
devant e 
> muet ou un i : j'arguë, nous arguïons. Se prononce [gu(semi-voyelle)]
devant 
> une autre voyelle.
> 
> 	2. Place du tréma. Jamais sur le u. Il se met sur e muet ou  sur i :
j'arguë, 
> tu arguës. il arguë. ils arguënt mais nous arguons, vous arguez sans tréma; 
> j'arguërai, tu arguëras[...]
> »
> 
> Le Larousse, dictionnaire encyclopédique, vol I, 1994, à la page 9,
modèle de 
> conjugaison [8], conjugue arguer de la façon suivante:
> «
> 	J'argue, arguë
> 	tu argue, arguës
> 	...
> »
> 
> Remarquons également que le Dictionnaire des rimes orales et écrites de 
> Larousse, 1994, p. 411, a bien une forme "arguë" en compagnie de besaiguë, 
> bisaiguë, et ciguë.
> 
> Il est donc faux de dire que la forme "arguë" n'est pas attestée ou même 
> recommandée (voir Bordas). Si je la mentionnais c'est qu'elle illustrait - 
> comme la forme aiguë - le fait qu'on trouve en français des "e tréma" de
toutes 
> les valeurs possibles (e muet, e accent grave, e accent aigu).
> 
> Ce point de détail étant éclairci, je tiens à rappeler que je préconiserais 
> plutôt argüe car justement comment déterminer la valeur de ce "e" (muet,
aigu, 
> grave) ?
> 
> À ce problème de prononciation du "e tréma" (Noël = Noèl, canoë = canoé,
arguë 
> (aiguë si vous vous voulez)  = aigüe) s'en ajoute un deuxième : faut-il
ou non 
> prononcer le u  dans "gu". Pour "arguer"  comme je le signale dans un autre 
> message les deux formes de prononciations en fait existent avec des sens 
> différents. Mettre le tréma sur la deuxième voyelle («la règle») dans le
cas de 
> "j'argue"  ne résout pas tout, on revient aux trois valeurs du "e tréma ( 
> "j'arguë", s'agit-il de arg-é, arg-ê, arg-e ?). On peut évidemment argüer
qu'il 
> suffit de comprendre le texte pour bien le prononcer (1e pers. sing. ind. 
> présent). C'est je pense un mauvais principe dont les conséquences sont
bien 
> pires que le déplacement (ou l'ajout) d'un tréma.
> 
> Que proposent les tenants de la vieille orthographe (arguer) pour
simplifier 
> les choses et mieux faire correspondre l'orthographe et la prononciation ?


   [Alain] :
   Je ne me considère pas comme un tenant de la vieille orthographe. Je
suis en faveur de certaines rectifications, mais pas de celle-ci. L'usage
et la définition du tréma ont toujours été clairs en français avant que
l'on vienne les compliquer avec cette réformette qui complique les choses
(qui ne les simplifie que pour ceux qui ne se posent pas de questions et
qui aprennent par c?ur l'orthographe des mots sans chercher les règles
sous-jacentes [ce qui n'est bien sûr pas le cas de Patrick, que je
considère comme l'un des dix érudits dont je conserve le nom dans la liste
écrite à l'encre psychique sur mes dix doigts, tout comme JPL et Jacques
Melot, qui contribuent aussi à TYPO (; -- il n'y a pas encore de liste
attribuée à mes orteils !])

   Cela dit, j'ai déjà proposé ma simplification dans ce cas troublant (car
c'en est un et je suis d'accord avec Patrick que le français, au contraire
de l'anglais, n'aime pas laisser la prononciation aux vents changeants du
contexte cognitif) : « arguher »...

   Question fondamentale : le Grand Conseil (ou l'Académie) ont-ils changé
la définition du tréma ?

Alain LaBonté
Québec

Hachette en ligne :
________________________________________________________________________
tréma n. m. 

Signe graphique (¨) que l'on met sur les voyelles e, i, u pour indiquer 
que, dans la prononciation, il faut les détacher de la voyelle qui les 
précède et qui doit être prononcée (ex.: ciguë, naïf, Saül).tréma n. m. 
-- Dans certains noms propres, le tréma sur l' e indique que celui-ci ne
se prononce pas (Saint-Saëns, Mme de Staël). 
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Note personnelle : dans « aiguë », « arguë », « ciguë », le « e » ne se
prononce pas non plus ; l'exemple que donne Hachette, tout en restant vrai,
induit en erreur.