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Message : RE: Les baudets ave' l'accent (Fut: Perles de la mise en page)

(Patrick Andries) - Mardi 26 Mai 1998
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Subject:    RE: Les baudets ave' l'accent (Fut: Perles de la mise en page)
Date:    Tue, 26 May 1998 13:28:04 -0400
From:    Patrick Andries <pandries@xxxxxxxxx>

> Patrick Andries écrit:
> > Comment expliquer alors qu'en français arguë doive  se prononcer argu-heu
> > et
> > non comme vous semblez le suggérer argu-hé (canoë) ?
> ----
> Je ne l'exlique pas... car « arguë »... ça n'existe pas... :-)
> C'est soit « argue » (pour à peu près tout le monde, y compris les
> dictionnaires récents...), soit « argüe » (pour les conseilleurs
> supérieurs de la langue française)...

Dire que cette forme n'existe pas est aller un peu loin, en voici quelques 
preuves.

On lit dans le Dictionnaire Bordas "Pièges et difficultés de la langue 
française", 1988, p. 63 :

«
arguer Conjugaison et constructions.
 I. Conjugaison.
	1. Prononciation de gu. Ne se prononce jamais [g]. Se prononce [gy] devant e 
muet ou un i : j'arguë, nous arguïons. Se prononce [gu(semi-voyelle)] devant 
une autre voyelle.

	2. Place du tréma. Jamais sur le u. Il se met sur e muet ou  sur i : j'arguë, 
tu arguës. il arguë. ils arguënt mais nous arguons, vous arguez sans tréma; 
j'arguërai, tu arguëras[...]
»

Le Larousse, dictionnaire encyclopédique, vol I, 1994, à la page 9, modèle de 
conjugaison [8], conjugue arguer de la façon suivante:
«
	J'argue, arguë
	tu argue, arguës
	...
»

Remarquons également que le Dictionnaire des rimes orales et écrites de 
Larousse, 1994, p. 411, a bien une forme "arguë" en compagnie de besaiguë, 
bisaiguë, et ciguë.

Il est donc faux de dire que la forme "arguë" n'est pas attestée ou même 
recommandée (voir Bordas). Si je la mentionnais c'est qu'elle illustrait - 
comme la forme aiguë - le fait qu'on trouve en français des "e tréma" de toutes 
les valeurs possibles (e muet, e accent grave, e accent aigu).

Ce point de détail étant éclairci, je tiens à rappeler que je préconiserais 
plutôt argüe car justement comment déterminer la valeur de ce "e" (muet, aigu, 
grave) ?

À ce problème de prononciation du "e tréma" (Noël = Noèl, canoë = canoé, arguë 
(aiguë si vous vous voulez)  = aigüe) s'en ajoute un deuxième : faut-il ou non 
prononcer le u  dans "gu". Pour "arguer"  comme je le signale dans un autre 
message les deux formes de prononciations en fait existent avec des sens 
différents. Mettre le tréma sur la deuxième voyelle («la règle») dans le cas de 
"j'argue"  ne résout pas tout, on revient aux trois valeurs du "e tréma ( 
"j'arguë", s'agit-il de arg-é, arg-ê, arg-e ?). On peut évidemment argüer qu'il 
suffit de comprendre le texte pour bien le prononcer (1e pers. sing. ind. 
présent). C'est je pense un mauvais principe dont les conséquences sont bien 
pires que le déplacement (ou l'ajout) d'un tréma.

Que proposent les tenants de la vieille orthographe (arguer) pour simplifier 
les choses et mieux faire correspondre l'orthographe et la prononciation ?

Patrick Andries