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Message : Re: retour du refoule

(Thierry Bouche) - Lundi 03 Août 1998
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Subject:    Re: retour du refoule
Date:    Mon, 3 Aug 1998 19:30:55 +0200 (MET DST)
From:    Thierry Bouche <Thierry.Bouche@xxxxxxxxxxxxxxx>

» (L'exemple choisi par Thierry Bouche me semble assez mauvais, s'il
» s'agissait de nous montrer un paradoxe

pas du tout, c'est comme pour artaud et poliphilus (une édition
originale de Gertrude Stein a aussi été composée en Poliphilus, ce qui
_précisément_ me laisse perplexe ;-), ou le fameux anakrousis du
disque « musique de la grèce antique » de Panagua produit par un
synthétiseur : les voies de l'adéquation sont parfois impénétrables et
renversantes. Pas de paradoxe là-dedans.

» la poésie est -depuis toujours- soumise à un traitement formaliste par ses
» impératifs structurels/rythmiques,

soit.

» elle est une véritable invitation à
» l'habillage typographique le plus "visible", à l'invention débridée (ce qui
» vaut à mon sens autant pour une ballade de Villon que pour les poésies Zaoum
» de Khlebnikov); 

bof.

» ses enjeux -le fond de sa pratique- ont en effets bien moins
» changé que ses formes, et il s'agit toujours, plus ou moins, de ce qu'on
» pourrait définir comme une directe émanation de l'âme

vous devriez reprendre contact avec bobillot ;-)

»  Peut-on, si on dirige
» une collection philosophique par exemple, mettre indifféremment en forme de
» la même manière Nietsche et Wittgenstein? Je ne crois pas.

Vous vous ralliez ainsi à la cause hurtiguienne. Je pense au contraire
que si. La singularité de chaque pensée ressortira d'autant plus que
la typo ne parasitera pas en surcodant (de façon nécessairemnt
réductrice) tel aspect de la pensée. C'est précisément la distinction
qu'il y a entre collection, revue, série, et ouvrage en soi. On peut
très bien couler la plupart des textes philosophiques étudiés à un
niveau donné dans une même collection. Il serait intolérable de
changer de typo à chaque article d'une revue. Ce qui n'interdit pas
mais encourage le hors-norme, hors-collection, ou le texte précisément
souligné par une typo spécifique. 

» je crois que si Roche s'était adjoint
» les services d'un typographe, le résultat n'en aurait été que meilleur, et
» probablement moins naïf.

du miel pour les oneilles de la liste ? 
Je pense que la meilleure image de cette situation a été donnée ici
par Jean-Denis Rondinet il y a déjà pas mal de temps : quand un
correcteur tombe sur un auteur qui a ses idées, impose, pinaille ; au
lieu de collaborer, sa réaction est de composer « chou pour chou » ;
entendez : de reproduire littéralement le manuscrit sans même corriger
les erreurs évidentes. _Il a ainsi ce que mérite sa suffisance_, pense
le prote. Il est vrai que dans l'état actuel, le nécessaire
aller-retour entre l'auteur et le typo semble assez difficile si ce
dialogue a pour seule place les marges de épreuves.

Thierry Bouche, Grenoble.