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Message : Re: Plat de cerises (on se calme !)

(Philippe JALLON) - Mercredi 11 Novembre 1998
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Subject:    Re: Plat de cerises (on se calme !)
Date:    Wed, 11 Nov 1998 20:19:41 +0100
From:    Philippe JALLON <panafmed@xxxxxxxxxxx>

Michel Bujardet écrivit :

>Incidemment, la loi française fait obligation sous peine d'amendes,
>d'utiliser une terminologie précise aux publicitaires et journalistes, dont
>j'ai tiré "sonal", et interdiction de se servir des mots franglais
>désormais tabous.

Faux, faux et archifaux ! Jamais une quelconque loi française ne leur a «
fait obligation [...] d'utiliser une terminologie précise ». Comme quoi on
n'est pas encore dans un État totalitaire, n'en déplaise au Front national
-- cela dit, les Américains, jamais en retard d'un « culture », avaient
déjà leur Ku Klux Klan.

Bref, ton argument ne tient pas la route. En cas de contestation, tu
voudras bien me fournir -- citation précise à l'appui -- le texte de loi
auquel tu te réfères : inutile de chercher, il n'existe pas.

Quant à « sonal », il n'a jamais figuré dans aucun texte de loi. En
revanche, l'utilisation de ce mot (que presque personne n'utilise, on est
d'accord là-dessus) en lieu et place de « jungle » a été rendue
obligatoire, POUR CERTAINS SCRIPTEURS OU LOCUTEURS SEULEMENT (en gros, les
fonctionnaires et les services de l'État), par l'arrêté ministériel du 24
janvier 1983 « relatif à l'enrichissement de l'audiovisuel et de la
publicité ».

Autrement dit, les publicitaires et les journalistes se le mettent où je
pense. Mais les journalistes des « médias gouvernementaux » ? En principe,
on ne peut pas être à la fois journaliste et fonctionnaire ; la loi et la
déontologie l'interdisent. Dans les faits, tout journaliste -- digne de ce
nom -- des « médias gouvernementaux » [l'expression est d'Olivier Randier]
se fait un devoir de ne pas prendre en compte de telles injonctions,
fussent-elles ministérielles : simple question de déontologie. Le reste ne
regarde que sa conscience et sa perception du métier : certains
journalistes des « médias gouvernementaux » ont un réel sens du service
public et un réel souci de ne pas massacrer leur langue...

>Je n'ai fait qu'exprimer mon sentiment sur une méchante querelle et des
>procès d'intention qui me semblent particulièrement bas. Je ne demande rien
>de plus que croire à la bonne volonté de chacun dans cette affaire. A titre
>individuel, il m'est parfaitement permis d'être particulièrement offensé
>par l'incessante campagne anti-américaine qui semble réjouir certains. La
>comparaison avec l'antisémitisme d'avant guerre me semble de plus en plus
>valide.

Mélanger effrontément les torchons et les serviettes engendre toujours une
casuistique de bas étage.

Tu l'auras sans doute (?) remarqué, la liste Typo est peuplée de gens dont
le voeu le plus cher est de pouvoir s'exprimer dans leur propre langue --
quelle qu'elle soit -- sans que des tiers leur imposent une émasculation
préalable de cette langue, sous prétexte de mondialisation, de rentabilité
et de chasse aux idiosyncrasies qualifiées de « minoritaires ».

Mondialisation : c'est _toujours_ le plus fort qui en profite. Toujours _au
détriment_ des plus faibles.

Rentabilité : valeur « culturelle », je suppose...

Idiosyncrasies « minoritaires » : les Français ne sont pas les seuls à
s'insurger contre certaines pratiques hégémoniques et culturicides. Sauf
erreur de ma part (Jacques Melot, bien plus compétent que moi en cette
matière, me contredira peut-être), il existe seulement DEUX langues romanes
qui ne possèdent aucun signe diacritique : l'anglais et le néerlandais. Au
nom de quoi les Américains s'efforcent-ils de castrer le reste du monde en
imposant des systèmes de communication où les signes diacritiques n'ont pas
droit de cité ? Qui est « minoritaire » ?...

>Que je sache, je n'ai pas ici éructé de mots franglais, ou tenté de
>convertir qui que ce soit au mode de vie anglo-saxon. Qu'on le veuille ou
>non, la planète porte des tas de gens, qui ne sont pas toujours à notre
>goût, et ne parlent pas forcément comme on le voudrait. Et dans l'espace
>électronique, la première des courtoisies (sans parler de nétiquette)
>appelle le respect des cultures.

Ce fameux « respect des cultures » consisterait d'abord à ne pas traiter le
tout-venant de nazi...


Philippe JALLON	panafmed@xxxxxxxxxxx
Directeur de la publication / Chief Editor    Médias interAfrique
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