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Message : Re: Fontes : la valeur ajoutée des documents ?

(Thierry Bouche) - Jeudi 24 Juin 1999
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Subject:    Re: Fontes : la valeur ajoutée des documents ?
Date:    Thu, 24 Jun 1999 11:04:34 +0200 (MET DST)
From:    Thierry Bouche <Thierry.Bouche@xxxxxxxxxxxxxxx>

» D'un autre côté, il me semble logique (dans le cas d'un travail numérique
» tel qu'une mise en ligne ou un CD) que le lecteur puisse être à même de
» lire et d'imprimer les oeuvres qu'il consulte ou achète sans avoir à
» acheter *aussi* la fonte en question. 

Ben oui, c'est le B.A.BA de l'édition électronique. Soit on diffuse
les fontes avec les documents, et tout le monde bénéficie de la
diversité et de la qualité, soit c'est tout Times/Helvetica ou
caractères dégradés (des polices converties en contour ou en bitmaps
dans un PDF en corps inférieur à 144, c'est du mépris pour le
lecteur). Là encore il n'y a pas de vue globale mais des conflits
d'intrêt : j'ai même entendu dire qu'adobe-vendeur de logiciels et
promoteur de formats électroniques se bat contre adobe-typothèque. Par
exemple les PDF mis en ligne par adobe pour vanter tels produits, qui
sont donc nécessairement attrayants et bien sur tout support, sont
tout aussi nécessairement bourrés de polices. Adobe « pirate » Adobe,
aux yeux de Porchez.  J'ai aussi lu les commentaires d'un typo selon
qui, aux débuts de Postscript, tout était fait pour qu'on se constitue
facilement une typothèque à peu de frais, de façon à pouvoir migrer
très vite, faire des essais, etc. Les vendeurs de matériels (qui sont
donc aujourd'hui surtout des formats) ont toujours considéré les
polices comme une valeur ajoutée minime mais nécessaire pour attirer
le chaland. Du coup, des tas de « licences » implicites et pas claires
circulent, qui ajoutent en confusion : est-ce parce que tout le monde
possède d'une façon ou d'une autre un Times, qu'on ne devrait pas
payer pour cette police quand elle est vraiment utilisée ? Le Times
qu'on a trouvé sur le CD de word permet-il de générer des PDF et les
vendre ? 

» L'idéal serait que les fondeurs créent à la fois une police, dont la
» licence serait concédée selon des critères restrictifs, et une espèce de «
» clone » de cette police : un alias, en quelque sorte, qui serait «
» read-only ». Reste à savoir si c'est techniquement faisable.

C'est techniquement faisable sur mac. Pour les autres systèmes, c'est
moins clair. Les Mac ont une notion de polices bitmaps écran qui
permet d'afficher quelque chose sans posséder la police
vectorielle. Je suppose qu'on peut aussi imprimer, mais des bitmaps à
72 dpi, c'est pas la joie... Windows aussi sait utiliser les bitmaps,
évidemment, mais il n'y a pas cette histoire de fourchettes dans les
valises qui permet de relier aussi simplement un nom de police à une
ou plusieurs version en fonction du monde d'utilisation. Par exemple,
quand on a Type on Call, on devrait pouvoir réaliser une maquette
entièrement avec les bitmaps qui sont dessus, et n'acheter que la
police qui colle. Sur PC, on a des mini-fontes avec 8 caractères pour
tout os à ronger...

L'autre route -- qui a aussi été évoquée sur fcp --, c'est d'avoir des
polices « basses déf » libres, et de faire payer les « hautes déf ».
Berthold a fait ça à une époque (les basses déf étaient en fait une
approximation en type 1 du contour des hautes déf par des segments de
droites : ça s'imprimait pas plus mal sur une jet d'encre, mais
c'était terrible au flashage). Le problème, c'est que ça coûte plus
cher en développement, que des esprits pervers peuvent préférer la
version trashy.

Dans les deux cas, on aura de toute façon du mal à convaincre un
graphiste ou un typo de se crever les yeux sur des maquettes moches et
bancales alors que la vraie chose est à portée de la main.

Thierry Bouche, Grenoble.