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Message : Re: Fontes : la valeur ajoutée des documents ?

(Philippe Jallon) - Mardi 22 Juin 1999
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Subject:    Re: Fontes : la valeur ajoutée des documents ?
Date:    Tue, 22 Jun 1999 16:12:05 +0200
From:    Philippe Jallon <panafmed@xxxxxxxxxxx>

Le 22/06/99, Thierry Bouche écrivit :

>j'ai réfléchi à une proposition pour la facturation des fontes, suite
>à une discussion sur fcp dans laquelle Porchez s'est encore illustrée
>par son avidité au gain et son  agressivité.

Euh, sans vouloir lui faire du tort... je te donne mille fois raison. Q'un
fondeur soit méfiant, il y de quoi, c'est bien normal. Mais qu'il traite
certaines de ses connaissances -- vu sa paranoïa, je doute qu'il ait de
véritables amis -- comme de potentiels margoulins, cela me choque. Et ce
qui me choque encore plus, c'est qu'ensuite il aille pleurnicher (sur fcp
ou ailleurs) en affirmant que les gens sont des salauds parce qu'ils
répugnent à acheter les fontes des petits indépendants comme lui. Moi, je
lui ai acheté une fonte (en l'occurrence, l'Angie Sans*, en plusieurs
graisses, dont une à la demande) ; vu son absence _totale_ de sens
commercial et la réponse cinglante qu'il a faite à une remarque --
peut-être naïve -- que j'ai eu l'outrecuidance de lui adresser au sujet de
sa fonte... c'est une expérience que je ne suis pas près de renouveler avec
lui.

Mais je crois qu'il ne faut pas généraliser le cas de Porchez. Sur ce même
newsgroup (fcp), l'attitude d'Éric de Berranger prouve que les fondeurs
sont plus des êtres humains que des tiroirs-caisses... ;-)

* J'ai maquetté un bouquin avec cette police (achetée à mes frais et non
remboursable). Hormis les erreurs de maquette, il me semble que cette
police est particulièrement classieuse et donne un résultat fort agréable.
Olivier Randier -- qui possède un exemplaire du bouquin -- me corrigera si
je me trompe... et s'il a le temps ! ;-))

>Je trouve parfaitement absurde la tendance actuelle qui tend à faire
>payer tout le monde le même prix -- en se basant sur des critères
>profondément illogiques et irrationnels, comme une licence par cpu, ou
>par rip, ou par imprimante, ou ... -- sachant que la plupart des
>intervenants ne payent pas, et que ceux qui sont obligés de payer ont
>des licences spécifiques de site ou de grosses quantités.

Le principe que tu dénonces est d'autant plus illogique que ce n'est
certainement pas la cpu, le rip ou l'imprimante... qui achète et paye la
licence ! :-D

Le principe 1 licence --> 1 personne serait déjà beaucoup plus logique.
[Par personne, j'entends personne physique et non pas personne morale ;
sinon, bonjour les abus.]

On pourrait affiner ce principe en 1 licence --> 1 personne/machine. La
licence serait alors valable à la fois pour une machine (quel que soit
celui qui l'utilise) et pour une personne (pour qui la licence est
souscrite) tout au cours de son processus de fabrication (donc même si elle
est amenée à utiliser plusieurs machines pour son travail).

On pourrait aller encore plus loin avec pour principe 1 licence --> 1
personne/machine/travail. En plus de ce qui précède, la licence jouerait
pour tout le travail produit par la personne en question, y compris en aval
de sa production. Je reconnais que Porchez a eu l'intelligence de concéder
qu'un flasheur ne va pas s'amuser à acheter toutes les fontes de tous les
Porchez de tous les pays de toute la planète ; son contrat de licence
autorise donc l'utilisation de la fonte chez le flasheur.

>Donc principe clair et simple :  s'assurer qu'une fonte n'est jamais
>payée  plus d'une fois tout au long d'une chaîne graphique donnée,
>mais pas moins non plus.

Nous arrivons à la même conclusion... sauf que mon cheminement est un peu
plus tortueux. :-)

>Exemples de chaîne graphique :
>éditeur -> typo -> flasheur (offset)
>service de comm interne -> secrétariat sous word -> imprimante laser
>(photocop)
>éditeur -> typo -> PDF (mise en ligne)

C'est là que le bât blesse. S'il faut prévoir tous les cas de figure, les
contrats de licence vont devenir obèses.

D'un autre côté, il me semble logique (dans le cas d'un travail numérique
tel qu'une mise en ligne ou un CD) que le lecteur puisse être à même de
lire et d'imprimer les oeuvres qu'il consulte ou achète sans avoir à
acheter *aussi* la fonte en question. Exemple : l'édition originale du
bouquin que j'ai adapté-maquetté était composée sur XPress et utilisait des
polices dont je n'ai jamais trouvé trace ailleurs ; bref, il était
impossible ne serait-ce que de *visualiser* correctement la maquette
originale.

L'idéal serait que les fondeurs créent à la fois une police, dont la
licence serait concédée selon des critères restrictifs, et une espèce de «
clone » de cette police : un alias, en quelque sorte, qui serait «
read-only ». Reste à savoir si c'est techniquement faisable.

>Il existe en france un modèle qui fonctionne de façon efficace sur le
>même principe (ne payer au final la taxe qu'une seule fois) : la TVA.

C'est vrai en ce qui concerne la taxe, mais c'est faut pour le produit
lui-même. Et ce principe que tu évoques existe déjà dans le domaine des
fontes, elles-mêmes soumises à la TVA. Mais si la TVA, in fine, n'est payée
qu'une seule fois, le produit, lui, est payé plein pot (même si c'est hors
taxe) par tous ceux qui l'achètent.

>Est-ce transposable ?

Non.

Philippe Jallon, Cachan ;-)