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Message : Re: SMF Baskerville : une approche critique

(Olivier RANDIER) - Samedi 28 Août 1999
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Subject:    Re: SMF Baskerville : une approche critique
Date:    Sat, 28 Aug 1999 19:58:59 +0200
From:    Olivier RANDIER <orandier@xxxxxxxxxxx>

>At 22:42 + 0200 27/08/99, Olivier RANDIER wrote :
>>C'est même pire que ça : une fonte mathématique, ce devrait être un
>>ensemble conçu d'un seul tenant, pas un assemblage disparate de choses
>>sensées fonctionner à peu près ensemble.
>>
>C'est ce que YH a voulu faire, semble-t-il, mais pas réussi, simplement
>parce qu'il n'a pas suffisamment (ou pas du tout ;-)) tenu compte de ça :
>« Il faut dessiner chaque caractère pour qu'il vive avec les autres. »
>
>>Ca implique de mener une réflexion sur une police comportant plusieurs
>>milliers de signes,
>>
>Quelques milliers ? Tu charries un peu, non ?

Math Pi compte aux alentours de 1500 signes, non ? Si tu ajoute les polices
de textes dans leurs différentes graisses et casses (y compris exposants et
indices), les signes grandissables qui impliquent plusieurs dessins, je ne
dois pas être loin du compte, il me semble.

>>La chasse des chiffres conditionne la position de
>>l'axe mathématique, pour que le plus reste carré.
>>
>??? Je ne comprends rien à ce que tu racontes ! En quoi l'axe vertical
>est-il conditionné par la chasse, puisque c'est au logiciel de le gérer ?
>Et comment la chasse des chiffres pourrait-elle conditionner la hauteur
>d'oeil des bas de casse (« laquelle conditionne les chiffres petites caps,
>qui devraient être identiques aux chiffres exposants et indices ») ?
>
>Bref, comme tu dis, tu devrais expliquer ça un peu mieux.

Là, c'est moi qui ne comprend pas. De quel axe vertical parle-tu ? Si j'ai
bien compris Yannis, l'axe mathématique, c'est la position du trait de
fraction, non ? Bon, alors j'ai appris à l'école que cet axe doit être
centré par rapport à un certain nombre de signes, notamment le égal et
surtout le plus et le moins. D'autre part, le plus doit tenir dans la
chasse d'un chiffre (pour l'alignement dans les tableaux) et être aussi
haut que large. Donc la chasse des chiffres conditionne la position de
l'axe mathématique. C.Q.F.D.
Or, si l'on veut que le texte vive bien avec les maths, à mon sens, il faut
que la position de cet axe soit compatible avec la hauteur d'oeil des bas
de casse. J'hésite entre un centrage sur le deux-points (: = - alignés)
très satisfaisant sur un plan logique (choix de SMF Baskerville) et sur
l'axe optique des bas de casse, sans doute plus esthétique, mais risqué
(choix de Computer Modern). En tout cas, on peut difficilement imaginer que
le moins se retrouve flotter à la hauteur du point supérieur du
deux-points, non ?
Je ne sais pas si je suis très clair, je crois que je vais faire un dessin
et le mettre en ligne.
Attention, ces relations sont réflexives (hi, hi !). Quand je disais que la
chasse des chiffres conditionne la hauteur d'oeil des bas de casse, il
fallait lire (« et Ð lycée de Versailles »). Du point de vue du typographe,
c'est sans doute le contraire. En tout cas, au temps pour les chiffres
obligatoirement de la largeur d'un demi-cadratin (ce qui ne correspond
d'ailleurs pas à la tradition anglo-saxonne, ni à la majorité des polices
numérisées).

>>P.-S. : j'aurais bientôt fini le bouquin d'optique sur lequel je travaille.
>>Je pense que je me garderais quelques PDF pour vous montrer et que vous me
>>disiez ce que vous en pensez.
>>
>Envoie, envoie !
>
>Mais on peut laisser tomber cette hypothèse : MM est tellement difficile à
>gérer avec les logiciels actuels que personne ne s'en sert (et personne
>n'en dessine non plus !)

Est-ce vraiment si difficile que ça ? J'en doute quand on voit que quelque
chose d'aussi léger qu'ATM Light est capable de générer des instances.
C'est surtout au niveau du système qu'il y a un problème, avec les fontes
qui doivent être installées avant de s'en servir. Ce qu'il faudrait, c'est
pouvoir générer l'instance d'un signe à la volée, et, à mon sens, c'est au
rasteriseur de gérer ça (si Eric Muller est parmi nous, c'est pour lui...).
On crée notre accolade à la taille voulue, le rasteriseur génère l'instance
pour l'affichage et l'envoie à l'imprimante.
>
>Soyons sérieux : on a besoin tout au plus de quatre paires d'accolades (et
>de parenthèses et de crochets). Une de la force de corps, une pour les
>formules sur deux lignes (plus la barre de fraction), une pour les formules
>sur trois ou quatre lignes, l'autre pour les formules sur quatre à cinq
>lignes (la hauteur de ces deux types de formules pouvant être conditionnée
>par la présence ou l'absence d'indices/exposants : si il y en a à tous les
>étages, ça peut faire drôlement varier le corps de nos accolades !), une
>dernière pour... tout ce qui est plus grand.

Personnellement, si j'avais à faire ça sans pouvoir m'appuyer sur Multiple
Masters, je crois que j'opterais pour une fonte avec des déclinaisons selon
les corps. Simple et efficace, sauf pour le problème de codage, mais on
n'en est pas encore là. Ce qui serait cool, ce serait de pouvoir générer
des instances entre les différents caractères d'une même police et non
entre les mêmes caractères de différentes instances d'une même police.

>La dernière verra certainement son dessin un peu déformé dans les très
>grands corps, si on l'étroitise pour rattraper la graisse en trop. Mais
>bon, le cas est suffisamment rare pour qu'on décide de négliger le
>problème. Il n'y a d'ailleurs guère qu'avec les accolades que ça saute aux
>yeux. Au temps du plomb, il y avait des casses d'accolades et autres
>éléments graphiques (des filets un peu compliqués, « esthétiques »). On
>peut envisager ça _aussi_, si on a le temps de les dessiner.
>
>>Il y a une tradition, de la compo des maths « à la française ».
>>Baskerville en fait partie. _Tout_ ce qu'à sorti Hermann dans les
>>années 50-60 est en Baskerville (avec ou sans les elmzeviriens).

C'est qui, Hermann ?

>Oui, bon... Les traditions se changent et se bousculent. Je trouve aussi
>que Baskerville est _actuellement_ peu adapté aux maths, alors que Didot le
>reste magnifiquement. Curieusement, les garaldes, lorsqu'elles sont un peu
>passe-partout et mièvres (genre Sabon. Pas taper ! Non, pas taper, j'ai
>dit !), s'adaptent aussi très bien - sans doute parce qu'on a l'habitude de
>les voir.
>
>Contrairement à Olivier, l'emploi des linéales ne me plaît pas : elles
>renvoient trop au « technique », au « froid », à la « notice ». Tandis
>qu'une police à empattement connote (ou dénote ? ou dénoyaute ?) le « vrai
>texte », ce qui se donne à lire.

Hé là ! J'ai pas dit ça ! J'ai simplement dit que je m'attendais plus à ça
de la part des matheux. Loin de moi l'idée de vouloir faire les maths en
Helvetica (hélas, il y en a un peu dans le bouquin que je fais, mais ce
n'est pas ma faute).

>Mais le pire reste ce machin utilisé en standard par TeX, la police
>OrdinateurDernierCri dessinée par le maître de la secte (voir le PDF mis en
>ligne par Michel Bovani) ;-)
>(Aïe ! vous me faites mal ! Pas la tête ! Non, pas taper si fort ! Un petit
>peu, d'accord, mais pas si fort !)

En fait, Concrete + Euler correspondent assez à ce que je m'attendais à
trouver, en pire (aïe !)...

>Au fait, personne ne dit rien du grec, qui m'a mis hors de moi...

Je peux pas écrire là-dessus, ça fait trop mal, en effet.

Olivier RANDIER -- Experluette		mailto:orandier@xxxxxxxxxxx
	http://technopole.le-village.com/Experluette/index.html
Experluette : typographie et technologie de composition. L'Hypercasse
(projet de base de données typographique), l'Outil (ouvroir de typographie
illustrative).